Aller au contenu de la page

Attention : Votre navigateur web est trop ancien pour afficher correctement ce site internet.

Nous vous recommandons une mise à niveau ou d'utiliser un autre navigateur.

Accueil > Éditos de bulletins > 2019 > mars > 12

Algérie : face à la révolte sociale, le vrai-faux recul du clan Bouteflika

Bouteflika, le Président algérien, a annoncé qu’il renonçait à se représenter pour un 5e mandat... C’est évidemment un signe de panique face à l’immense mouvement populaire qui a déferlé dans les rues des villes algériennes depuis trois semaines. Mais ceux qui dirigent dans l’ombre de Bouteflika ont repoussé les élections présidentielles à l’issue d’une conférence nationale qui déboucherait sur une nouvelle constitution et de nouvelles élections... Le tout conduit par l’ex-ministre de l’Intérieur Noureddine Bedoui devenu Premier ministre, en remplacement d’Ahmed Ouyahia, l’un des hommes politiques les plus haïs de l’ère Bouteflika. Autrement dit, on garde les mêmes !

Après les premières réactions de joie – « On a gagné ! On a fait tomber pacifiquement la marionnette » –, la population ne s’y est pas trompée : « On veut qu’il parte maintenant ». Et les étudiants ont maintenu la manifestation prévue la veille, avant le vrai-faux recul du clan Bouteflika.

Accueilli par la grève

Bouteflika était rentré dimanche dans un pays en ébullition. À Alger, Constantine, Annaba ou Bejaia, une grève, appelée sur les réseaux sociaux, a paralysé de nombreux secteurs – transports, administrations, commerces, établissements scolaires. De grandes entreprises – comme celle de l’agro-alimentaire Cevital et le géant des hydrocarbures Sonatrach – étaient touchées par la grève.

Les rats quittent le navire...

L’importance croissante de la mobilisation a fissuré le clan présidentiel. Plusieurs responsables du Forum des chefs d’entreprise ont fait défection. D’anciens barbouzes dirigés par un ex-ministre de l’Intérieur de Bouteflika aussi. De même qu’une partie de la direction de l’UGTA, le syndicat inféodé au régime. La contestation a même gagné le FLN, au pouvoir depuis l’indépendance en 1962, dont sept députés ont quitté le parti et rejoint la contestation.

Tous ceux-là ont pris leurs distances tant qu’il était encore temps... pour préserver la domination d’une bourgeoisie affairiste et d’un appareil d’État corrompu resté lié à l’impérialisme, en particulier français. Aux yeux d’une partie des couches dirigeantes, il fallait donc lâcher Bouteflika.

L’apparence d’un recul ne fera pas taire la contestation

Ce n’est pas exactement ce qu’ont choisi ceux qui gouvernent dans l’ombre de celui-ci. L’annonce faite lundi soir ne suffira pas à faire taire la contestation. Car les manifestants ne se contentaient pas de refuser le 5e mandat, ils voulaient la fin du « système ». « Ce camembert Président pue moins que votre système » pouvait-on lire sur la pancarte d’un manifestant... « Mettez le FLN au musée », a-t-on entendu dans le rassemblement qui s’est tenu à Paris.

L’armée a, pour l’instant, préféré éviter la répression. L’ampleur de la mobilisation n’a fait que suspendre le risque de répression.

Monopolisant le pouvoir depuis plusieurs décennies, le clan Bouteflika veut gagner du temps pour trouver des moyens de maintenir la population loin de la scène politique. Ils aimeraient avant tout vider les rues de la contestation. Mais leur tour de passe-passe a d’ores et déjà échoué puisque les jeunes sont à nouveau dans la rue.

Les manifestants, en particulier la jeunesse, ne sont pas dupes

Avec l’armée en embuscade, des politiciens déjà sur les starting-blocks pour dévier la contestation sociale sur un terrain institutionnel, les écueils ne manquent donc pas sur le chemin de la révolte populaire. Le simple recours à la grève générale avait provoqué la colère des associations de commerçants ou petits patrons qui craignent que tout cela aille plus loin, bien trop loin pour eux !

Mais la jeunesse algérienne n’est pas forcément dupe de la situation actuelle : contre Bouteflika, « tout le monde était beau, tout le monde était gentil »... Désormais, les différences vont apparaître bien plus clairement. Et rien ne dit que les jeunes, et, avec eux, les couches populaires, se laisseront endormir

En cherchant leur voie pour se débarrasser du « système », la jeunesse algérienne pourrait bien entraîner la classe ouvrière et briser définitivement le « système », c’est-à-dire le système capitaliste !

Mots-clés :

Imprimer Imprimer cet article

Mots-clés