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DOSSIER : Plongée dans l’Amérique sous Trump

Une politique ultra-réactionnaire

Mis en ligne le 15 juin 2019 Convergences Monde

Un discours violemment anti-migrants

Le racisme décomplexé de Trump a encouragé l’extrême droite, les groupes comme les individus. Ses appels incessants pour construire un mur à la frontière avec le Mexique, ses insultes à l’encontre des migrants qui tentent de venir aux États-Unis ont alimenté un sentiment profondément nationaliste parmi ceux qui le soutiennent. Jusqu’ici, ses nombreuses tentatives ont été rejetées par les tribunaux. Ses attaques contre les immigrants sont largement relayées, de même que certaines opérations militaires – par exemple le fait de séparer les enfants de leurs parents ou, plus récemment, l’envoi de soldats à la frontière. Il affirme protéger les États-Unis d’une invasion de criminels, de membres de gangs, y compris de terroristes venus du Moyen-Orient qui se glisseraient dans les rangs de ceux qui fuient la pauvreté et la violence en Amérique centrale. Les raids par les patrouilles de contrôle de l’immigration bénéficient d’une large publicité et sont menés par les équipes du service spécialisé des SWAT – l’équivalent du RAID français.

Au-delà du discours sexiste, s’en prendre au droit à l’avortement

Trump ne cesse de tenir des propos sexistes sur les femmes. Pour couronner le tout, il a défendu un retour à l’interdiction des avortements. À la Cour suprême, il a désigné deux juges qui vont très certainement annuler la décision ayant rendu légal l’avortement, l’arrêt Roe contre Wade. Il a rejoint les attaques contre Planned Parenhood, l’équivalent du Planning familial, une organisation destinée à conseiller les femmes en matière de santé, à leur assurer un suivi médical, y compris en matière d’avortement. De nombreuses cliniques ont dû fermer, empêchant dans les faits des millions de femmes non seulement d’avorter légalement et en toute sécurité, mais aussi de pouvoir bénéficier d’une aide prénatale ou de suivi pour elles et leurs enfants. Cela s’ajoute à d’importantes attaques réduisant les budgets au niveau des États, et limitant ainsi l’accès à l’avortement de façon drastique.

Accès aux soins médicaux

Trump a relayé et amplifié l’exigence des Républicains d’en finir avec l’Affordable Care Act, l’« Obamacare », le programme national de santé proposant diverses assurances santé, quand bien même elles restent peu accessibles à beaucoup. Ce programme permet l’accès à une assurance-maladie pour ceux qui n’en avaient pas ou se la voyaient refuser. Certains États utilisent ces fonds en complément des programmes de santé pour les personnes à faible revenu. En finir avec l’Obamacare écarterait des millions de gens des programmes de santé. Pour l’instant, il ne s’est agi que de pure propagande, car la possibilité de perdre l’accès à ces programmes ne séduit pas vraiment parmi ceux à qui s’adresse Trump.

Augmentation des crimes haineux

La hausse des chiffres de crimes haineux (Hate Crime) est significative. Il s’agit d’attaques sur des personnes du fait de leur « race », ethnicité, religion, genre ou orientation sexuelle. La plupart de ces attaques ne sont pas recensées pour tout un ensemble de raisons, notamment l’attitude de la police. De plus, la plupart des États n’ont pas de lois spécifiques sur les violences liées à l’orientation sexuelle ou l’identité de genre. Pour autant, les statistiques du FBI font ressortir en 2017 une hausse de 17 %, pour la troisième année consécutive – 7 175 crimes haineux en 2017, contre 6 121 l’année précédente.

Hormis le développement de violences et d’attaques racistes envers les mosquées et les synagogues, il y a aussi une hausse des attaques et des meurtres de personnes transgenres. Plus de 50 décrets anti-LGBTQ ont été inclus dans l’arsenal législatif de 19 États en 2017. Les positions de Trump contre la présence de personnes transgenres dans l’armée envoient un message fort à l’adresse de tous les bigots et, en sens inverse, aux victimes de plus en plus nombreuses du climat réactionnaire qu’il encourage.

Nier le réchauffement climatique : une aubaine pour certaines entreprises

Le désintérêt manifesté par Trump pour le changement climatique dû à l’activité humaine – et même son rejet des preuves scientifiques qui l’attestent – servent de guide à la politique du gouvernement. Le gouvernement américain ne prend même plus part aux discussions internationales à ce sujet. Plus récemment, Trump a même affirmé qu’il n’ajoutait aucune foi aux rapports les plus récents sur le climat pourtant écrits par sa propre administration.

Parmi ses premières actions en tant que président figurait le démantèlement des diverses agences consacrées à la protection, à la recherche et au développement de politiques environnementales, ou la réduction drastique de leur financement. De vastes données furent enlevées des ordinateurs ou rendues inaccessibles (mais pas avant qu’elles soient téléchargées grâce aux efforts gigantesques de groupes scientifiques dans tout le pays). Des projets de recherche furent abandonnés et des centaines d’employés d’agences gouvernementales viennent au travail sans rien avoir à faire. Des coordinateurs de projet et des responsables de programmes ont été mis en congé et interdits de communiquer avec les membres de leur ancienne équipe. Les commentaires de Trump sur le changement climatique sont absurdes mais font mouche dans une partie de la population. Suite aux tout récents feux sauvages en Californie, Trump a accusé le gouvernement local de « gaspiller de l’eau » en laissant les rivières se déverser dans l’océan. Il leur a aussi reproché de ne pas prendre soin des forêts, dont 60 % sont sous le contrôle du gouvernement fédéral. Il est même allé jusqu’à inventer une histoire à dormir debout, selon laquelle le ratissage des forêts en Finlande serait une prévention efficace contre les feux de forêt. Tout comme ses autres inepties, cela ne semble pas avoir un quelconque effet sur ses partisans.

Le déni du changement climatique a été bien utile aux entreprises. En Californie, ses commentaires ont servi à dédouaner de sa responsabilité PG&E, l’entreprise d’électricité privée dont la détérioration des installations s’est avérée responsable d’énormes incendies en Californie ces deux dernières années, tuant près de 100 personnes. À l’échelle nationale, les règlementations sur l’exploitation minière, l’extraction de combustible fossile, le pâturage et autres formes d’exploitation des territoires fédéraux ont été supprimées ou restreintes. D’autres règlementations sur la fabrication de produits chimiques, ainsi que sur les conséquences de leur utilisation sur les lieux de travail, ont aussi été modifiées.

Un but assumé : enrichir les riches

Les modifications de l’imposition des revenus introduites par le gouvernement se ramènent à une large distribution en faveur des Américains les plus riches et des entreprises : 1 500 milliards par an.

L’administration de Trump a tenté d’imposer des coupes budgétaires dans les programmes d’assistance aux pauvres : accès aux soins, à l’aide alimentaire, à l’aide aux dépenses pour le logement et le chauffage ; allocations handicapé ; aide pour les prêts étudiants, etc. Pour compenser les allègements d’impôts pour les plus riches et leur distribuer malgré tout des richesses, la dépense totale n’a pas baissé et la dette nationale s’est accrue de quelque 1 233 milliards de dollars.

Le budget 2019 s’attelle à poursuivre ce transfert des richesses publiques aux entreprises en coupant les subventions aux familles pauvres et aux personnes handicapées, et en accroissant la dette d’un montant du même ordre. La majorité démocrate à la Chambre des représentants risque de bloquer certaines des coupes les plus drastiques.

De plus, la privatisation de certains services publics comme l’éducation continue. La secrétaire à l’Éducation, Betsy DeVos, a été choisie pour son dévouement indéfectible à la transformation d’écoles publiques en établissements privés.

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Numéro 127, juin-juillet-août 2019

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