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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 147, septembre 2022 > Ukraine

Troupes russes, hors d’Ukraine !

20 septembre 2022 Convergences Monde

Les médias dominants ont largement applaudi la victoire de l’offensive militaire ukrainienne qui a repris 6 000 km2 du territoire ukrainien à l’armée russe (sur quelque 90 000 km2 occupés), dans les régions de Kharkiv et Kherson. Le tournant serait historique et conforterait Zelensky et ses généraux dans leur but affiché de se réapproprier toute l’Ukraine dans ses frontières de 1991, Crimée comprise. Ce que la population d’Ukraine souhaite probablement aussi, dans son écrasante majorité. Rappelons que depuis le 24 février dernier nous dénonçons l’agression militaire russe de l’Ukraine : « Hors d’Ukraine l’armée de Poutine », « Droit du peuple ukrainien à disposer de lui-même ».

Il faut pourtant tempérer les cris de victoire. Au septième mois d’une guerre ravageuse en vies humaines, civiles et militaires, et en destructions de toutes sortes, aucune issue n’est en vue. Poutine a certes échoué, si tel était son but initial, à chasser Zelensky du pouvoir et à le remplacer par une échine souple aux desiderata économiques et politiques russes. Son armée continue pourtant à occuper quelque 20 % du territoire ukrainien, dont une extension de son accès à la mer Noire, via l’appendice de la mer d’Azov. Une terrible guerre continue dont on ne voit pas le bout.

Côté États-Unis, présence militaire accrue dans le monde

Par ailleurs, ceux qui crient victoire saluent d’abord le « décisif soutien américain » : la liste est effectivement longue des joujoux fournis par Biden à Zelensky : systèmes sophistiqués de renseignement, formations de soldats, etc. [1] Biden se félicitait au mois d’août de fournir trois milliards de dollars supplémentaires à l’Ukraine, ce qui faisait alors grimper la facture à treize milliards sous son administration [2]. Rappelons que selon le Sipri (Stockholm International Peace Research Institute ou Institut international de recherche sur la paix de Stockholm), le total des dépenses militaires des États-Unis pour l’année 2021 s’élève à 801 milliards de dollars [3].

L’agression guerrière russe en Ukraine ne met pas les USA sur la paille et leur fournit au contraire l’aubaine d’étendre leurs ventes d’armes (car rien n’est cadeau !) et la pieuvre de leurs bases militaires dans le monde : de l’ordre de 750, dans plus de 80 pays qui couvrent la planète. La guerre en Ukraine leur permet de renforcer leur présence en Europe, en Pologne et en Roumanie tout particulièrement, de montrer ainsi que l’hégémonie militaire (et donc économique) américaine demeure. N’en déplaise à la Chine et d’autres. N’en déplaise aux plus grandes puissances de l’Union européenne (car les rivalités ne sont pas qu’avec la Russie) ! Resterait à prouver que la résistance du peuple ukrainien à l’invasion russe ne tiendrait qu’à l’aide militaire américaine. Cette dernière est en fait mesurée (pas d’avions de combat ni de chars lourds, au grand dam de Zelensky), pour ne pas déraper dans une guerre directe contre la Russie. Bref, calculée selon les seuls intérêts de la domination US.

La France de Macron tente de militariser la jeunesse

La France de Macron et ses marchands de canons profitent également à leur échelle de la guerre en Ukraine (confortant leur troisième position d’exportateur d’armements dans le monde, 8,2 % du marché mondial). Macron « intensifie l’effort » en allongeant trois milliards d’euros supplémentaires pour les armées, et tente de « militariser » la jeunesse par son SNU, une nouvelle forme de service militaire dit « service national universel ».

Du côté de la Russie, jusqu’où la fronde ?

Du côté de la Russie, les récents succès de l’offensive ukrainienne se sont accompagnés de craquements dans les sphères du pouvoir – dont les médias se sont fait l’écho [4]. Des députés de Saint-Pétersbourg et Moscou ont demandé la destitution de Poutine, pour « haute trahison ». Un ancien député de l’opposition, Boris Nadejdine, a déclaré dans un débat-télé qu’il était « absolument impossible de vaincre l’Ukraine ». Jusqu’où cette fronde ? Pourrait-elle être encouragée par un pouvoir en difficulté qui lâcherait un peu de lest ? C’est pourtant une répression sévère qui continue à s’abattre sur ceux qui s’opposent à la guerre contre l’Ukraine, qui ont manifesté massivement dans la rue dès le 24 février dernier et continuent, pour quelques-uns des milieux journalistiques, universitaires ou d’opposants politiques, à prendre position : gardes à vue, fortes amendes mais aussi procès et lourdes peines de prison. Les médias relèvent aussi des morts suspectes d’oligarques… Tandis que des jusqu’au-boutistes de l’entourage de Poutine, de leur côté, élèvent la voix en faveur d’une mobilisation générale.

Cette guerre en Ukraine pourrait sonner le glas du règne de Poutine. Les désordres économiques accrus, liés aux dépenses de guerre et aux sanctions, retombent d’abord sur un bon tiers de la population qui vit déjà sous le seuil de pauvreté.

L’expression de voix dissidentes est peut-être encouragée par une inquiétude anti-guerre, annonciatrice de mobilisations ? Mais ce n’est qu’une hypothèse.

On peut en tout cas comprendre que la population d’Ukraine n’ait pas envie de se retrouver sous la botte de Poutine.

16 septembre 2022, Michelle Verdier


[1Le Monde du jeudi 15 septembre, « Derrière les succès militaires de Kiev, le décisif soutien américain », de Cédric Pietralunga.

[2À lire sur le site de camarades révolutionnaires américains, le 9 septembre 2022, Military Contractors Profit Off the War in Ukraine at Our Expense 

[3Pays aux plus fortes dépenses militaires en 2021, selon le Sipri : USA (801 milliards), Chine (293), Inde (76,6), Royaume-Uni (68,4), Russie (65,9), France (56,6), Allemagne (56), Arabie saoudite (55,6).

[4Dont une vidéo du Monde du 13 septembre, https://www.lemonde.fr/internationa...

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