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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 52, juillet-août 2007 > Sarkozy pour cinq ans ? Des fausses résistances… à la vraie riposte

Sarkozy pour cinq ans ? Des fausses résistances… à la vraie riposte

Sale temps pour les révolutionnaires ?

Mis en ligne le 29 juin 2007 Convergences Politique

Les plus faibles scores que Lutte ouvrière ait jamais réalisés depuis plus de 30 ans d’interventions électorales, ont marqué ces présidentielles et législatives 2007 (487 857 électeurs soit 1,33% pour Arlette Laguiller aux présidentielles ; 218 264 électeurs soit 0,86 % pour les 563 candidates et candidats de LO aux législatives).

Si l’on en croit la revue politique mensuelle de notre organisation, Lutte de Classe, le « vote utile » pour Ségolène Royal aurait happé non seulement les voix des alliés traditionnels du Parti socialiste (dont le Parti communiste ramené à un score de 1,93 %, les Verts à 1,57 %), mais celles de l’extrême gauche. Pour preuve, le score d’Arlette. Phénomène auquel LO s’attendait, ayant même fait l’hypothèse longtemps à l’avance que l’appel à voter pour le candidat socialiste, pour la première fois depuis plus de 25 ans, pourrait être légitime au soir du premier tour – par solidarité avec les travailleurs anti-Sarkozy.

Pourtant, Ségolène Royal – au profil de « Marie-Chantal » – n’a pas emporté l’adhésion des travailleurs. Le vote pour elle n’a pas été un raz-de-marée. Il ne s’est pas avéré « utile » puisque la gauche a perdu, de beaucoup. Et si certains ont effectivement été laminés, à gauche ou à l’extrême gauche, Olivier Besancenot a maintenu un score de 4,08 % (1 498 581 électeurs), similaire à son score de 2002. Différence entre Arlette et Olivier qui appelle réflexion.

« Il faut évidemment se demander pourquoi Besancenot a résisté, dans les chiffres mieux que les autres et, en particulier, bien mieux qu’Arlette Laguiller », écrit la Lutte de Classe, laquelle sans analyse des votes, invoque une différence sociale et politique des électorats qui relève de l’intime (et fielleuse) conviction. « La fraction de l’opinion à laquelle la LCR s’est adressée était certainement beaucoup plus hostile au Parti socialiste. Peut-être, dira-t-on, beaucoup plus consciente mais, peut-être aussi, beaucoup moins solidaire des sentiments des classes sociales les plus exploitées qui sont les plus victimes du maintien d’un gouvernement de droite et les plus enclins à avoir des illusions sur les partis bourgeois de gauche », peut-on lire..

Arlette est du côté des plus exploités, d’accord. Mais Olivier Besancenot ? N’aurait-il les faveurs que de petits bourgeois anti-socialistes qui ne sont pas solidaires des plus exploités ? Vraiment ?

Scores, lieux et milieux

La présidentielle de 1995 a été la première élection où les scores de l’extrême gauche ont marqué l’opinion, sautant brusquement d’un classique 2 % à 5,3 % (pour notre camarade Arlette Laguiller qui était seule candidate d’extrême gauche, la LCR absente ayant appelé à voter indifféremment pour Arlette Laguiller, Robert Hue du PC, ou Dominique Voynet des Verts). Les meilleurs scores d’Arlette le furent dans des villes ou quartiers ouvriers : 8,5 % à Dunkerque-Est, 7,8 % à Clermont-Ferrand ou à Cherbourg, 7,7 % à Caen-Est, 7,6 % à Elbeuf, 7 % à 7,3 % à Liévin, Calais, Saint-Omer, Sotteville-lès-Rouen, Saint-Nazaire. Avec des pointes dans les quartiers les plus ouvriers. Les grandes villes de banlieue parisienne, jadis fiefs du PC, donnaient des résultats moindres, mais souvent plus élevés que la moyenne, dont les meilleurs : 6,9 % à Montreuil, 6,6 % à Saint-Ouen, 6,5 % à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) ou 7,74 % aux Ulis dans l’Essonne.

Nous en étions, à juste titre, plutôt fiers : « Ceux qui ont fait le geste de voter pour Arlette Laguiller ont certes d’abord exprimé leur mécontentement. Mais pas de façon neutre. Ce mécontentement s’est exprimé à l’extrême gauche. Arlette Laguiller a fait les meilleurs scores, jusqu’à 10 % parfois, dans les banlieues ou quartiers ouvriers des grandes villes », écrivait la Lutte de Classe de l’été 1995. Cela valait pour appréciation sociale.

La présidentielle de 2002 a doublé pratiquement le score de l’extrême gauche, avec cette fois deux candidats, Arlette Laguiller 5,72 % et Oliver Besancenot 4,25 % (0,47 % pour Daniel Gluckstein, du Parti des Travailleurs). La raison en était particulière : l’écoeurement suscité par la politique du gouvernement Jospin, particulièrement dans les milieux ouvriers. Nombre d’électeurs habituels du Parti communiste ou du Parti socialiste l’ont sanctionnée en votant pour l’extrême gauche.

Au-delà des différences politiques entre les deux organisations, c’était sur des programmes semblables que les deux candidats s’étaient présentés aux électeurs, Olivier Besancenot ayant repris à son compte l’essentiel des mesures d’urgence mises en avant par Arlette Laguiller. Il est frappant de voir que les meilleurs scores de LO et de la LCR le furent en grande partie dans les mêmes départements, mêmes circonscriptions, où déjà en 1995 Arlette avait « percé ». Dans l’Aisne, le Nord, le Pas-de-Calais, ou les anciennes régions minières ou sidérurgiques de l’Est notamment. Dans une cinquantaine de circonscriptions, l’extrême gauche (LO + LCR) y cumulait entre 13 % et 15,94 % : parmi elles encore Sotteville-lès-Rouen (15,94 %), Elbeuf (15,37 %), Saint-Nazaire (14,91 %), Cherbourg (14,85 %), Liévin (14,71 %), etc.

En 2007, après 5 ans de gouvernement de droite, et une campagne prônant le « vote utile » pour le PS dès le premier tour, le score global de l’extrême gauche, 5,41 % au total pour LO et la LCR, retrouve grosso modo son niveau de 1995, et la moitié de celui de 2002, mais avec une répartition inversée entre les deux organisations. Là encore, ce sont notamment dans les circonscriptions où l’extrême gauche avait fait ses meilleurs résultats en 1995 et 2002, que ceux de Besancenot (et a fortiori ceux cumulés des deux candidats trotskystes) sont les plus élevés : 7,75 % à Liévin, 7,33 % à Dunkerque-Est, 7,33 % à Sotteville-lès-Rouen, près de 7 % à Moyeuvre, Pont-à-Mousson ou Longwy, 6,66 % à Lens. Les deux candidats de l’extrême gauche (nous n’avons pas tenu compte des scores de Gérard Schivardi qui ne s’en revendiquait pas), quand ils se sont présentés séparément, se sont évidemment trouvés, par définition, des électorats distincts, mais dont les contours ne sont pas si tranchés que la Lutte de classe veut bien le dire.

Les sondages publiés par les divers organismes (de portée certes limitée vu la taille des échantillons) vont dans ce sens. Ipsos analysant les glissements de l’électorat entre 1995 et 2002, estimait que 35 % d’électeurs d’Arlette Laguiller de 1995 avaient voté à nouveau pour elle en 2002 et 18 % pour Besancenot, l’électorat d’Arlette ayant gagné en échange ses nouveaux électeurs essentiellement parmi ceux du PC et du PS. Le candidat de la LCR avait donc récupéré une partie des électeurs d’Arlette de 1995 et nombre d’anciens électeurs du PC, du PS mais aussi des Verts.

Olivier Besancenot, une « campagne violemment anti-PS » ?

Bon nombre des électeurs de gauche qui ont exprimé leur colère contre Jospin en 2002 en votant pour l’extrême gauche, et l’ont ensuite regretté quand au lendemain du premier tour ils ont marché dans la campagne socialiste du « battre Le Pen », sont probablement revenus à leur vote classique cette année. Mais pourquoi les électeurs d’Arlette Laguiller, eux particulièrement, auraient-ils été plus sensibles que ceux d’Olivier Besancenot à l’appel du « vote utile » ? Et qui plus est, pour des raisons sociales et politiques ?

C’est pourtant ce qu’affirme la Lutte de Classe (passage déjà cité plus haut).

Les électeurs d’Olivier Besancenot de 2002, moins sensibles cette année à l’influence de la gauche réformiste que ceux d’Arlette ? C’est presque un « scoop » ! La Ligue communiste souffrait jusque-là, aux yeux de notre organisation, du défaut d’être un tantinet conciliante, si ce n’est opportuniste, à l’égard des milieux de la gauche classique. Voilà LO qui lui décerne un certificat « d’anti-PS »… mais pour l’en incriminer ! Dur de s’y retrouver.

Le zeste de vérité est que précisément dans cette campagne 2007, le candidat de la LCR a eu souvent la dent plus dure à l’endroit de Ségolène Royal qu’Arlette Laguiller. Mais n’exagérons rien. Rappelons juste que s’il y a eu dans le passé une différence perceptible entre LO et la LCR, c’est dans des attitudes différentes vis-à-vis de la gauche… en sens inverse ! Une différence qui avait marqué l’entre deux tours de l’élection de 2002. Nous avions alors reproché à la LCR, à juste titre, d’avoir appelé à voter Chirac au second tour par opportunisme, « pour ne pas se couper des milieux influencés par le Parti socialiste, de s’aligner sur le choix de celui-ci » (extrait du texte de la majorité de LO au congrès de décembre 2002).

En cinq ans de gouvernement de droite, ceux qui étaient les plus influencés par le Parti socialiste s’en seraient le plus éloignés ? Assez peu crédible. L’article sur « L’évolution de l’électorat en chiffres » dans le numéro de Lutte ouvrière du 27 avril 2007 écrit d’ailleurs au contraire : « Plus exactement, à en juger par le sondage sortie des urnes effectué pour le compte de L’Humanité, Olivier Besancenot a été touché à peu près autant que les autres par les effets du vote dit utile, mais ceux de ses électeurs de 2002 qui se sont portés directement sur Ségolène Royal ont été remplacés par des abstentionnistes de 2002, de nouveaux électeurs mais aussi, dans une certaine mesure, par des votants venus de l’électorat de Marie-George Buffet ou d’Arlette Laguiller ». Avec ce complément, dans les résultats du sondage, que sur les 40 % d’électeurs de 2002 de Besancenot comme de Laguiller qui auraient voté pour la gauche classique en 2007, tous seraient presque allés vers Ségolène Royal pour ceux du premier, se seraient partagés 30 % pour Royal, 10 % pour Buffet pour ceux de la seconde. Une estimation qui semble en tout cas plus conforme à ce que le public peut percevoir des différences politiques entre nos deux organisations.

Soustraire au lieu de multiplier ? Diviser au lieu d’additionner ?

À une question posée le 9 mars dernier à Arlette Laguiller par une journaliste de l’Indépendant.com, pour comprendre la différence avec Olivier Besancenot, puisque tous deux s’étaient trouvés au coude à coude à l’usine Peugeot d’Aulnay pour soutenir les 300 euros par mois et le Smic à 1 500 euros, « propositions dans vos deux programmes », Arlette Laguiller répondait à juste titre : « Nous exprimons bien souvent des revendications semblables, c’est d’ailleurs pourquoi nous avons pu nous rendre ensemble sur le site de Peugeot pour soutenir les travailleurs en grève. Ce qui nous sépare en ce moment, c’est le fait que, bien qu’en 2004 nous nous sommes présentés ensemble aux Européennes et aux Régionales, la LCR a choisi une autre voie à partir de 2005 et a recherché des alliances avec Marie-George Buffet, José Bové, Jean-Luc Mélenchon et d’autres. Alliance qui n’a d’ailleurs absolument pas réussi, qui a éclaté. Du coup, la LCR s’est résignée à présenter son propre candidat. Dans cette élection, nous serons candidats tous les deux, du moins je l’espère. Et j’espère aussi que comme d’habitude, les commentateurs additionneront les voix de l’extrême gauche au soir du premier tour de cette élection. » Dommage que les commentateurs de la Lutte de Classe n’aient pas additionné. Et surtout, creusent artificiellement un fossé.

Car les différences politiques entre LO et la LCR, évoquées ci-dessus par Arlette, existaient. Les choix politiques de la LCR depuis l’été 2004, de suivre la « gauche du Non » (et au passage, les préjugés chauvins qu’elle encourageait) et de passer alliance pour ce référendum avec d’ex-formations ou ministres de la gauche gouvernementale (jusqu’à l’inévitable rupture que tous préparaient pour l’échéance des présidentielle et législatives), n’encourageaient pas une candidature commune LO-LCR – et il n’y en a pas eu.

Deux évidences, pourtant.

D’abord, il n’est pas fondé d’affirmer, comme le fait la Lutte de Classe, qu’Olivier Besancenot aurait dû son bon score au fait d’avoir été « le » candidat commun de l’ensemble des altermondialistes, écologistes, antilibéraux. Qu’il ait cherché et réussi, par sa politique passée et certains thèmes de campagne à en capter une partie, c’est certain. Mais n’oublions pas la concurrence de Marie-George Buffet qui, pour mieux rassembler « une gauche populaire et antilibérale », a laissé tomber toute référence au communisme et même au PC. N’oublions pas surtout celle de José Bové, altermondialiste s’il en est, qui plus est quant à lui « sans parti ». Cela dit, les résultats ont montré qu’il n’y avait précisément pas un électorat pour l’« altermondialisme ». Juste un milieu, une petite planète, qui a pu assurer tout (pour José Bové) ou partie (pour Olivier Besancenot) du succès de meetings d’un ou deux milliers de personnes, mais rien qui dépasse une mouvance militante. À noter en revanche que le succès des meetings d’Olivier Besancenot a drainé des jeunes et moins jeunes dépassant nettement la mouvance militante habituelle, comme cela avait été le cas pour les meetings d’Arlette Laguiller en 1995.

C’est donc en revanche à l’échelle de l’électorat ouvrier et populaire, dont sa jeunesse, où nous savons bien que la perception dépasse de loin les phrases et virgules des professions de foi, qu’on peut raisonnablement affirmer, au vu des zones de bons scores, du style et des thèmes de campagne dominants (grosso modo les grandes lignes du programme d’urgence défendu par Arlette en 1995), ainsi que des réactions aux campagnes menées sur le terrain, dans les entreprises et les quartiers, que les images d’Olivier Besancenot et d’Arlette Laguiller se sont pour l’essentiel fondues. Le gros de l’électorat populaire porté vers l’extrême gauche n’a pas saisi la différence entre Besancenot et Laguiller, la raison de leur présentation concurrente, et a souvent opté pour celui qui était plus jeune et paraissait plus incisif dans le ton (en particulier en direction du Parti socialiste qui le méritait bien, vu sa campagne particulièrement anti-ouvrière et réactionnaire). L’image d’Olivier Besancenot ? Un copain et successeur d’Arlette ! Pour l’essentiel, tous deux sont apparus présents aux côtés de travailleurs en lutte, porte-parole de revendications essentielles de salaire et d’emploi de leur classe, défenseurs du droit de regard des travailleurs dans les affaires d’un patronat richissime et arrogant… Et tous deux féministes, écolos et internationalistes !

Ce fut indéniable dans cette campagne. On est en droit d’additionner, socialement et politiquement, les scores de l’extrême gauche. Et de constater qu’elle a résisté et gardé quelque 5 %, non négligeables. Non seulement la totalisation est légitime, mais c’est le pari à faire pour les militants révolutionnaires, qui doivent face au gouvernement Sarkozy-Fillon, d’une droite plus maligne si ce n’est plus dure, que de chercher les forces à conjuguer, pour la meilleure défense des exploités. Il va falloir faire front, résister et surtout contre-attaquer… Et quels autres peuvent sincèrement collaborer pour la défense pied à pied des travailleurs, si ce n’est LO et la LCR ? Même en adhérant à la vision caricaturale et tendancieuse de la Lutte de Classe, qui voudrait que LO représente le camp des travailleurs et la LCR celui d’une jeunesse enflammée mais légère, ne serait-ce pas un sacré enjeu que de préparer la réaction conjointe des travailleurs les plus durement exploités et d’une jeunesse révoltée par les tares de son époque ?

Au moins se poser le problème de « frapper ensemble » !

Sans vouloir gommer toutes les différences politiques, qui demeurent importantes, il faut savoir ce qu’on pourrait et voudrait mettre en commun. Ce qui semble n’être une préoccupation ni d’un côté ni de l’autre.

Pourrait mieux faire, l’extrême gauche !

Maintenant que la parenthèse électorale est fermée et que le gouvernement va passer à l’application des mesures anti-ouvrières qui ont marqué sa campagne, avec une certaine circonspection néanmoins car le spectre de la grève ouvrière semble hanter quelque peu Fillon et Sarkozy, il serait bon que les deux organisations d’extrême gauche qui existent dans ce pays, confrontent leurs appréciations de la situation, fassent l’inventaire de leurs forces et de leurs moyens, et voient ensemble comment aider les travailleurs à réagir au plus vite et au plus fort – vers une riposte générale sur un programme défendu séparément, sur le terrain électoral.

20 juin 2007

Michèle VERDIER

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Réactions à cet article

  • Tout à fait d’accord avec cet article qui met bien en lumière une certaine mauvaise foi et l’incohérence de la politique électorale de la direction de la majorité de LO. Toutefois, au delà de ces divergences « tactiques », il me semble qu’il faudrait s’interroger sur l’importance de l’investissement électoral depuis déjà très longtemps. Aujourd’hui, LO balaie ses résultats électoraux de quelques lignes dédaigneuses, comme s’ils n’avaient pas le moindre intérêt, alors qu’elle comptait soigneusement ses voix dans les bureaux de votes ouvriers et que les camarades de LO applaudissaient avec enthousiasme dans les meetings en 2002, quand les orateurs évoquaient les sondages donnant 10 % à Arlette...

    Alors cette politique accordant une très grande importance aux élections et leur consacrant des efforts militants considérables pour un très petit parti n’a-t-elle pas des conséquences ? Ne s’agirait-il que d’une péripétie vite oubliée comme pourraient le laisser penser les derniers articles de LO et de la LDC ?

    A mon avis, LO a versé dans un certain électoralisme. Non pas bien sûr en croyant qu’on allait changer la société par les élections, mais en mettant tout de même beaucoup d’eau dans son vin pour tenter de ratisser large. LO, au cours de ses interventions médiatiques, a été fortement sensible aux préjugés d’une partie de la population, par exemple sur les questions sécuritaires. Ce choix - ou cette évolution non maitrisée, conséquence de la pression médiatique et électoraliste - a abouti à l’appel immédiat au vote Royal dès le soir du premier tour de la présidentielle...

    Cette tactique, s’il s’agit d’une tactique, a montré ses limites, puisque l’électorat « radical », électorat ouvrier compris - ou du moins une partie de cet électorat - a préféré Olivier à Arlette, comme le constate Michelle Verdier. (Meme si, sur le fond, la politique de la LCR n’est évidemment pas plus radicale que celle de LO...)

    Alors, LO tirera-t-elle la leçon de son investissement électoral, de ces glissements, de ses contradictions et de cet échec ? La question est posée. Gérard

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    • Gérard, saches que j’étais de ceux qui « applaudissaient avec enthousiasme dans les meetings en 2002, quand les orateurs évoquaient les sondages donnant 10 % à Arlette... ». Bien sûr, il y avait de quoi s’enthousiasmer !

      Quand tu demande à LO de « tirer les leçons de son investissement électoral », on se demande ce que tu veux dire : fallait-il moins faire campagne ? Ou faire une campagne « moins électorale » ?? Le mot « électoralisme » utilisé comme une critique à l’encontre de la majorité de LO pose des difficultés.

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      • J’entend par « électoralisme », le fait que LO a privilégié dans une certaine mesure l’objectif d’obtenir des voix par rapport à celui de faire passer des idées. Par exemple, au risque de me répéter, sur le problème de la sécurité et de la déliquance (mais ce n’est pas le seul). Au lieu de dire franchement qu’il n’existe pas de solution à la délinquance dans une société en décomposition, que seule la lutte collective peut faire reculer l’individualisme et la délinquance (qui en est une des conséquences , LO s’est efforcée d’apporter des solutions « réalistes » : police de proximité, flics mieux formés, voire mieux équipés. Car LO craignait visiblement que la vérité rebute une partie des électeurs qui attendent des solutions immédiates ou très rapides de l’Etat à ces problèmes réels, mais amplifiés par la propagande sécuritaire. La brochure de polèmique avec Ségolène Royal est notamment un exemple caricatural des glissements de LO. En ce qui concerne, le temps et l’énergie consacrés aux campagnes électorales, ils sont évidemment relatifs aux moyens de LO. Je ne dis pas qu’il fallait nécessairement faire « moins » campagne, mais faire campagne autrement, par exemple sur des objectifs d’action, et faire aussi campagne en dehors des périodes électorales sur ces memes objectifs, en essayant d’agir en commun avec d’autres forces, en premier lieu la LCR. Certes LO ne peut pas participer à toutes les luttes (sans papiers, logements etc), mais que penser du fait que la campagne, pourtant médiatisés de RESF sur les sans papiers n’a meme pas été citée au cours de la dernière campagne électorale de LO ?

        Il me semble donc que LO a fait des choix électoralistes - mauvais d’ailleurs puisqu’ils n’ont pas payé aux dernières élections.

        Le système électoral et médiatique est sans doute incontournable à mon avis, dans la période actuelle, pour s’adresser au plus grand nombre de travailleurs (et aussi d’autres catégories), mais il n’est pas facile à utiliser pour les révolutionnaires. Et, encore une fois, il me semble que ce système a exercé une influence non négligeable, non seulement sur le discours de LO, mais au fil du temps sur l’organisation elle-même. Car ce qui était conçu comme des compromis pour être compris au départ devient peu à peu le crédo d’une partie au moins des militants. On s’en rend compte par exemple à propos encore une fois des questions sécuritaires et des émeutes des jeunes de banlieue.

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        • Gérard, si c’est toi l’auteur du message du 20/07 (ce serait bien de signer), tu écris qu’LO n’aurait « pas necessairement » dû « faire »moins« campagne ».

          Quand ils se présentent aux élections, les communistes révolutionnaires s’investissent SANS RESERVE dans la campagne. Ensuite, on peut critiquer la qualité de la campagne d’LO. Mais tu sembles douter de la nécessité même de participer à la bataille électorale : de là vient mon malaise.

          Le même malaise que je ressent quand tu utilises le mot « électoralisme » à l’encontre de LO.

          Par ailleurs, tu écris que les « choix électoralistes » d’LO étaient mauvais « puisqu’ils n’ont pas payé aux dernières élections ». Mais il est tout simplement impossible de prouver qu’une meilleure campagne de LO aurait rapporté plus de voix.

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          • Oui, je suis bien l’auteur du message cité (Gérard). Désolé d’avoir oublié de signer...

            Je ne dis évidemment pas que c’est parce LO a perdu une bonne partie de ses voix que sa campagne était mauvaise. Je constate seulement que la LCR, avec une campagne plus combative, a obtenu davantage de voix. Donc, dans sa propre logique, LO s’est plantée.

            Mais je souligne surtout que cette logique n’est pas la bonne car une campagne électorale, pour des révolutionnaires, doit avoir pour objectif essentiel de faire passer des idées et des objectifs de lutte. Quant à l’importance de l’investissement dans les élections, comme dans la plupart des autres activités, c’est un choix tactique toujours discutable... Mais on peut constater aussi que, au fil des ans, les élections sont devenues de plus en plus importantes pour LO, de meme que son « capital de voix ». Et cela a, à mon avis, influé sur sa politique. Gérard

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            • Il me semble aussi que les élections prennent une part excessive de l’investissement politique de Lo mais aussi de la LCR par ailleuurs. Cela ne veut pas dire ne pas participer aux élections, même si j’ai connu une époque à Lo où la direction nous disait qu’il fallait se poser la question à chaque fois... ce qui ne me semble plus être le cas maintenant ! L’essentiel évidemment est ce qu’on dit dans les élections, entre autre sur l’importance des élections elles-même ! Une des difficultés de l’ensemble de l’extrême-gauche me semble être d’exister politiquement en-dehors des élections, de ne pas paraître disparaître entre chaque élections. Et ce n’est pas le problème de ne plus passer dans les médias, c’est un problème d’initiatives politiques à la hauteur de la situation. C’est notamment d’essayer d’aparaitre comme porteur d’une alternative au capitalisme, au niveau idéologique...

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              • a chaque fois que lo s’engage a travers des élections paf y a des laconiques qui resortent le meme topo que c’est trop électoraliste et pas assez ceci.BON petit rappel ya des militants dans cette organisation eta l’extérieur qui eux font du boulot militant tous les jours dans les boites et ailleurs et eux ils ont compris que c’est le discours meme décalé qui compte pour rameuter la masse des travailleurs vers laquelle on s’adresse et qui décidera ou non d’un autre discours le moment venu tu vois genre parti des travailleurs avec une volonté de classe bien affichée et ca c’est pas le fait de participer a des élections qui l’empechera car c’est une volonté politique qui pourrait meme se passer de notre organisation le moment venu.

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  • Après la publication du concentré de mauvaise foi, de sectarisme et d’animosité anti-LCR que constitue l’interprétation « officielle » des résultats électoraux par la direction de LO, c’est rassurant de trouver une analyse objective de la situation de la part de militants LO. Mais vu la lourde influence (ou la force de conviction, au choix...) exercée par la direction centrale sur les direction locales et les militants, reste à gagner ceux-ci à un peu plus d’objectivité pour que LO ne s’enfonce pas dans l’isolement, et les révolutionnaires dans la division... Et là c’est pas gagné... Bon courage, mais sachez qu’il y a à la ligue des militants qui n’attendent et n’espèrent que d’avancer avec vous.

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