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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 31, janvier-février 2004

Réformes et restrictions dans les universités européennes : En Allemagne la grogne des étudiants

Mis en ligne le 12 janvier 2004 Convergences Société

Face à la multiplication des mesures d’austérité qui se succèdent en Allemagne sans discontinuer, ce sont pour le moment les étudiants berlinois qui affirment leur opposition avec le plus de fermeté. En effet, depuis le début du mois de novembre, une partie des étudiants des trois universités de Berlin, la FU (Freie Universität) la TU (Technische Universität) et la HU (Humboldt Universität), est en grève et se mobilise contre les attaques qui touchent l’enseignement supérieur.

Un budget peau de chagrin

Le maire de Berlin, Wowereit, ainsi que le sénat berlinois (que les victimes des attaques nomment ironiquement le sénat de coalition rouge-rouge puisqu’il est pour l’essentiel constitué de membres du SPD, les sociaux-démocrates et du PDS, les ex-communistes) ont en effet décidé, pour augmenter les recettes du budget 2004/2005 d’introduire un système de redevance étudiante pour tous. On parle pour le moment d’une contribution de 500 euros par semestre et par étudiant que chacun devra bien évidemment tirer de sa propre poche.

D’autre part, le sénateur Flierl, chargé des sciences et les présidents des trois universités de Berlin se sont réunis cet été et se sont mis d’accord sur deux points concernant le budget attribué aux universités, jusqu’ici fixé à 870 millions d’euros. D’abord une mesure immédiate, réduisant d’ici à 2005 le budget global de 50 millions d’euros, soit 8 millions d’économies par an sur le dos de chacune des universités. Mais c’est sur la période allant de 2006 à 2009 que les restrictions budgétaires donneront le coup de massue : il est en effet prévu que le budget soit restreint de 75 millions d’euros par an. Cela se traduirait, pour la TU par la suppression de 80 postes d’enseignants parmi les 335 existants, pour la FU de 82 sur 364, et pour la HU de 90 sur 383.

De tels types de mesures avaient déjà été prises en 1997/98. L’Etat attribue aujourd’hui aux universités une somme qui correspond aux financement de 85 000 places d’étudiants alors que Berlin en accueille en réalité 135 000. Les étudiants ont donc déjà une idée des répercussions catastrophiques de telles coupes budgétaires.

Grève et manifestations

Ainsi, la TU est en grève depuis la première semaine de novembre et a été rejointe par la HU puis la FU, les 17 et 20 novembre. Au cours des assemblées générales se réunissant pour chacune des trois universités une fois par semaine, ont été décidées, entre autres, l’occupation de bâtiments universitaires, celles du siège du PDS, du bureau de Flierl, de celui de Sarrazin le sénateur chargé des finances, ou encore celle de l’hôtel de ville.

Pour leur part, les professeurs n’ayant pas la possibilité de se mettre en grève, ont organisé, en soutien aux étudiants, des cours marathon à la Potsdamer Platz, d’une durée de 72 heures en physique par exemple, ou encore 120 heures en géologie. Régulièrement, au moins chaque samedi depuis plus d’un mois, sont organisées des manifestations auxquelles ont participé jusqu’à 20 000 étudiants. Bref un mouvement estudiantin visible, qui a sa place dans les média, voire même un certain écho dans les entreprises.

Car les étudiants ne sont pas les seuls concernés par les mesures d’austérité. Le projet de loi du chancelier Schröder, l’Agenda 2010, dont une partie a déjà été entérinée, vise également les chômeurs, les retraités et toutes les classes pauvres. Si bien que face à ce contexte d’attaques généralisées, certains étudiants se sont posés le problème d’organiser des actions devant les entreprises ainsi que devant les bourses du travail, pour appeler les travailleurs à se rendre à la manifestation du 13 décembre qui était une manifestation plus large ouverte à tous ceux qui s’opposent à cette casse sociale. Plus de 40 000 manifestants s’y sont rendus, c’est à dire deux fois plus que la semaine précédente (nettement moins pourtant que lors de la manifestation du premier novembre qui avait réunis 100 000 manifestants). A la suite de quoi les assemblées générales des universités ont voté la poursuite de la grève jusqu’au 5 janvier.

20 décembre 2003

Arthur KLEIN

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