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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 31, janvier-février 2004

Belgique : des patrons mécontents… de l’attachement manifesté par leurs salariés

Mis en ligne le 12 janvier 2004 Convergences Monde

La vie patronale n’est pas un long fleuve tranquille et il arrive que les patrons doivent faire face à des travailleurs qui n’acceptent plus les bas salaires, les mauvaises conditions de travail ou les licenciements. C’est ce qui vient de se produire en Belgique chez Sigma Coatings à Manage, près de La Louvière, ou plus récemment encore dans une filiale d’Alstom près de Liège.

Des contacts patrons-ouvriers...

Chez Sigma Coatings la direction a annoncé qu’elle entendait licencier 159 travailleurs sur les 279 membres du personnel de l’usine. A l’Alstom, ce sont 131 travailleurs sur les 143 que compte l’usine qui doivent rester sur le carreau. Du coup les travailleurs ont décidé de garder les patrons nuits et jours à l’usine. Simple geste, sans doute, pour montrer qu’ils étaient beaucoup plus attachés à leurs employeurs que ceux-ci ne l’étaient à leurs salariés. Mais pas du tout du goût du patronat et du gouvernement qui s’indignent contre ce qu’ils appellent des voies de fait. En fait ils craignent, à juste titre, que ces exemples intervenus à quelques jours de distance soient contagieux et donnent des idées à d’autres ! D’où la colère exprimée dans la presse ou à la télévision.

Ainsi la ministre de la Justice, Laurette Onkelinx, par ailleurs une des chefs de file du Parti socialiste, a déclaré : « Je n’accepte pas les séquestrations. Elles sont un délit et il ne faudrait pas que ce système devienne un mode de gestion des conflits sociaux ». Du côté patronal, même son de cloche : « Il s’agit d’un problème gravissime et qui ne se réduit pas à une manifestation anecdotique de l’opposition du faible au fort comme l’exprime le discours syndical ». Et le patronat de pleurer que ces séquestrations nuisent à l’image de la Wallonie vis à vis des pays étrangers… mais aussi vis à vis de la Flandre ! On est bien en Belgique où dès qu’un problème surgi la solution pour les dirigeants est de dresser démagogiquement des barrières entre le Nord et le Sud du pays !

Il faut espérer que les patrons continuent d’en voir de toutes les couleurs. Car les entreprises en Belgique vont bien : la presse vient d’annoncer que 11 500 entreprises étrangères sont contrôlées par des groupes économiques belges, ce qui est un record ! Ces groupes continuent pourtant de licencier. C’est vrai aussi bien dans le secteur privé que dans le secteur public. A la SNCB (chemins de fer) des milliers de postes vont être supprimés dans les deux ans qui viennent ; à Cockerill, à Ford Genk ou à la Industeel (groupe Arcelor), c’est la même chose. Sans compter les entreprises moyennes ou petites qui licencient elles aussi.

Et puis qu’est-ce que c’est que ces directeurs, qui font tout un foin parce qu’ils ont dû découcher pendant quelques jours ! Ils sont moins hargneux quand ils partent pour des séminaires, des voyages d’affaire ou des réunions de groupe pendant des semaines. Le gîte et le couvert seraient-ils là de meilleure qualité qu’à l’usine ?

...qui ne plaisent pas aux partisans du dialogue social

Tout le monde sait aussi que le patronat et le gouvernement (quel que soit le pays d’ailleurs) prônent le dialogue social. A Manage et à Liège, leurs représentants ont eu l’occasion de discuter des heures, voire des jours durant avec des travailleurs, de quoi se plaignent-ils ?

Ou ce dialogue social ne le veulent-ils qu’avec des interlocuteurs sélectionnés ? Les directions syndicales, par exemple, qui en Belgique sont ouvertement intégrées : ainsi, pour toucher les allocations chômage, vous pouvez aller vous syndiquer à l’un des trois syndicats du pays (FGTB socialiste, la CSC chrétienne ou chez les Libéraux) qui se chargera de gérer votre dossier et de vous les verser ; dans bon nombre d’entreprises, la cotisation syndicale est même remboursée en partie ou en totalité par la direction de l’entreprise.

Pas étonnant, dans ces conditions, qu’elles n’organisent que des mouvements bien contrôlés.. ou n’en organisent pas du tout ! Et donc pas étonnant non plus que des travailleurs, laissés seuls, se défendent comme ils le peuvent, y compris en séquestrant des directeurs. En attendant, espérons-le, que la classe ouvrière prenne en main elle-même la riposte générale nécessaire et seule susceptible de mettre un terme à ces licenciements programmés.

26 décembre 2003

L.G.

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