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Centre de distribution Amazon, en Alabama (USA)

Que signifie la défaite syndicale ?

Traduction de l’article de Speak-Out-Now, « The Loss in Alabama : What Does it Really Mean ? », du 10 avril 2021

12 avril 2021 Article Monde

Dans une des campagnes de syndicalisation les plus suivies depuis des années, moins de la moitié des quelque 6000 travailleurs du centre de distribution Amazon de Bessemer, Alabama, ont voté. La majorité (1798 contre 738) s’est exprimée contre le fait de rejoindre le syndicat des magasins de vente en détail, grossistes et grands magasins (RWDSU). Les médias dominants, contrôlés eux-mêmes par les grands capitalistes, ont décrit la défaite comme une « victoire décisive » pour Amazon et un « coup terrible » pour les travailleurs et le syndicalisme. Mais malgré la défaite, il faut garder le sens des proportions.

Dans un combat comme celui-là, dans le cadre des lois fixant les relations capital/travail décidées par le gouvernement et les capitalistes, les patrons ont bien des avantages. Ils ont des millions, voire des milliards de dollars à dépenser pour influencer l’opinion publique et maintenir les politiciens locaux, des États et fédéraux de leur côté. Ils ont les lois de leur côté, empilées contre les travailleurs, incluant les lois de « liberté de travailler » antisyndicales en Alabama et dans la majorité des États. Sous les lois du gouvernement fédéral, les patrons ont même leur mot à dire sur quels travailleurs ont le droit de faire partie d’un syndicat, c’est-à-dire dans une organisation d’autodéfense des travailleurs ! Cela ne devrait-il pas être la décision des travailleurs ?

Les capitalistes ont des sociétés très lucratives de lutte antisyndicale : cabinets d’avocats et sociétés de relations publiques, ainsi que du personnel embauché à temps plein pour saper le militantisme syndical. Ils utilisent des rendez-vous personnalisés et des réunions « à audience captive » pour désorienter et parfois intimider ouvertement les travailleurs. À Bessemer, ils se sont servis de la municipalité pour changer un feu de circulation afin d’empêcher la diffusion de tracts par les militants syndicaux aux travailleurs quittant leur lieu de travail.

Amazon a beaucoup dépensé pour garder le syndicat hors de l’entreprise, montrant sa peur de ce que les travailleurs organisés peuvent accomplir. Le fait que les travailleurs se sont dressés collectivement face à l’intimidation d’Amazon est un signal positif.

Et l’histoire – y compris l’histoire américaine – montre que les travailleurs peuvent s’organiser pour résister au pouvoir patronal. Pendant la Grande Dépression des années 1930, les grèves sauvages se sont succédé dans tout le pays. Les travailleurs ont enfreint la loi pour se défendre et défendre leur famille contre le chômage, les bas salaires et des conditions de travail épouvantables. Des grèves générales ont couvert plusieurs secteurs professionnels, en organisant y compris les chômeurs. Les travailleurs ont occupé les usines et organisé des grèves avec sit-in. Ils ont affronté la police, les troupes de la garde nationale et les milices patronales pour gagner. Et ils ont beaucoup gagné.

Les Afro-Américains ont fait la même chose dans les années 1950 et 1960 avec des manifestations illégales, des sit-ins, des « voyages de la liberté » [1] Les travailleurs du public ont fait la même chose dans les années 1960 et 1970 par une vague de grèves illégales qui leur ont permis d’obtenir les droits syndicaux et des avancées significatives. Plus récemment, les travailleurs de l’éducation en Virginie-Occidentale en 2018 ont enfreint les règles, organisé leur communauté et mené une grève au niveau de l’État en défiant leurs leaders syndicaux et la loi de leur État – et ils ont gagné !

L’article en version originale.

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