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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 84, novembre-décembre 2012

Négociations sur la « sécurisation de l’emploi » : Préparons plutôt une colère historique !

Mis en ligne le 28 novembre 2012 Convergences Politique

Pour la première séance de négociations sur la « sécurisation de l’emploi » du 15 novembre dernier, prônée par Hollande et prétendue « historique », le patronat a amené son cahier de revendications. Des vœux qui ressemblent à des ordres : négocier dans chaque entreprise la durée du travail, son organisation (les heures supplémentaires impromptues par exemple), les salaires (à la baisse évidemment). Un salarié qui n’accepterait pas l’accord majoritaire serait licencié. Côté contrats de travail, il faudrait en finir avec les CDI, ou les assouplir par l’invention de « CDI intermittents ». Côté licenciements le patronat voudrait faire « homologuer » ses PSE auprès de l’administration pour qu’ils ne puissent pas être contestés par les syndicats, et faire qu’un salarié qui refuserait un reclassement voit ses indemnités chômage diminuées.

Côté CFDT le stylo est déjà avancé

Payer moins, faire trimer plus, licencier à sa guise et faire chuter les indemnités de chômage en obligeant à accepter n’importe quoi, voilà donc ce qui s’appelle la « sécurisation de l’emploi ». La substance, dixit Hollande, d’un « compromis historique » ! Le complément indispensable selon lui aux 20 milliards de cadeaux qu’il vient d’accorder au patronat (en suivant les conseils de l’ex-PDG de la SNCF, Louis Gallois, au nom de la « compétitivité » de l’industrie française). Des milliards qu’on nous fera payer par TVA et CSG accrus, en nous expliquant que les caisses sociales sont plus vides que vides, faute de cotisations patronales.

Cela n’a pas empêché le négociateur de la CFDT, Patrick Pierron, de sortir de la séance critique mais satisfait : « Nous sommes très loin du compte… » mais « … il y a des raisons d’espérer (…). Le patronat a mis des coins dans des portes. À nous de les ouvrir (…). Lors de cette séance, le patronat a confirmé qu’il était prêt à faire quelques avancées ».

La CGT dénonce, mais joue le jeu

La CGT a dénoncé de son côté les nouveaux appétits patronaux. Bien. Mais ses propres propositions se bornent à les marchander contre de « nouveaux droits » pour les syndicats, les associant à la gestion de la crise, soi-disant pour limiter la casse.

Les propositions mises en avant par la CGT fin octobre se limitaient à : « Élargir les droits d’intervention des représentants du personnel en amont des licenciements notamment par un droit suspensif. Les propositions alternatives des salariés doivent être entendues et prises en compte… Revoir le licenciement économique pour le limiter aux seules entreprises en graves difficultés économiques. Élargir les droits existants comme le droit d’alerte, le recours à l’expertise (…) Encadrer les plans de départ volontaire et responsabiliser les groupes… améliorer les dispositifs de congé de reclassement (…) Mettre en œuvre la sécurité sociale professionnelle (…) »

Pour la CGT, en clair, il ne s’agit pas de lutter contre les licenciements ou de faire payer les patrons mais de donner aux syndicats le droit de faire de bonnes propositions de redressement. Pour détourner la colère des travailleurs licenciés vers la recherche du « bon repreneur », comme en 2001 à Moulinex, lorsque Thierry Lepaon (successeur annoncé de Thibault) y était responsable CGT ? Ou pour proposer aux patrons de meilleures « solutions industrielles », quitte à mentir sur le partage des sacrifices entre eux et nous ? Comme à Molex en 2009, au moment où, pour Thibault, il ne fallait surtout pas suivre l’exemple de ces dissidents de Continental et encore moins les rejoindre dans la lutte ? Il n’était alors question que d’« États généraux de l’industrie » et de « politique industrielle » et la victoire cégétiste à Molex s’était alors limitée à la réembauche d’une quarantaine de salariés sur les 300 licenciés. Quant aux plans de « licenciements volontaires », qui, dans les grosses entreprises, masquent les licenciements, il ne s’agirait donc que de les « améliorer », en assurant, par exemple, sous le nom pompeux de « sécurité sociale de l’emploi », une meilleure indemnisation du chômage et quelques formations de reconversion, histoire de fluidifier le recours à la main-d’œuvre. Merci pour les patrons.

Pas d’autre sécurisation de l’emploi que l’interdiction des licenciements

Les responsables de la CGT parlent d’un nécessaire rapport de forces pour s’imposer dans ces négociations. Mais comment mobiliser les travailleurs sur de pareils objectifs « réalistes », « responsables », qui se limitent à cogérer les « difficultés des entreprises » ou la « relance industrielle de la France »  ? Une cogestion qui, soit dit en passant, ne limiterait même pas la casse !

Patronat et gouvernement sont à l’offensive. Ils cherchent par des négociations la caution syndicale. Ni plus ni moins. Mais Hollande a annoncé qu’il proposerait une loi même si les syndicats ne signaient pas. Donc, pour les directions syndicales, l’essentiel est de « participer » ! À l’heure où les plans de licenciements se multiplient, où, partout, les patrons bloquent les salaires et même utilisent le chantage à l’emploi pour les réduire, des syndicats dignes de ce nom auraient mieux à faire que d’aller papoter avec le Medef.

Aux travailleurs de s’unir pour une lutte « historique » et sans « compromis »  !

16 novembre 2012, Olivier BELIN

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