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Les élections et l’extrême gauche

6 juillet 2001

Qu’il y ait plusieurs candidats d’extrême gauche aux prochaines élections n’est pas en soi une catastrophe (moins en tout cas que l’incapacité de s’entendre dans les luttes). Plus important est le programme qu’ils y défendront les uns et les autres et que ce programme corresponde aux intérêts du monde du travail.

Cette tâche a été assumée essentiellement jusqu’ici par Arlette Laguiller et Lutte Ouvrière se présentant systématiquement et largement aux élections présidentielles comme législatives. Les succès électoraux de l’extrême gauche de ces dernières années sont d’ailleurs le résultats de ces efforts militants de LO. C’est parce que ces efforts se sont maintenus contre vents et marées que des trotskystes ont fini par rencontrer et représenter le ras-le-bol grandissant des travailleurs devant la complicité de la gauche avec les exploiteurs. Une complicité dont l’exemple nous est encore fourni en ce moment même, avec la déferlante des plans sociaux et des licenciements de ce printemps, tous dans les faits acceptés et agréés par le gouvernement avec le vote de la loi Guigou.

Une division justifiée...

Pourtant si l’abondance de biens ne nuit pas dit-on au commun des mortels, il n’en est pas forcément de même de l’abondance de candidats pour l’extrême gauche.

Passons sur le fait que la division électorale de l’extrême gauche ne peut que réjouir ses ennemis, qui sont aussi ceux des travailleurs, en premier lieu la gauche et Jospin. En voilà qui ne seront pas fâchés de voir le score possible d’Arlette Laguiller diminué, même si ce n’est que légèrement écorné. Une politique électorale, il est vrai, ne peut se décider seulement en fonction des scores espérés.

D’autre part gauche, droite et extrême droite ne semblent pas devoir aller à ces élections moins divisées que l’extrême gauche. Il est pourtant douteux que le fait que cette dernière le soit aussi soit très enthousiasmant et encourageant pour les travailleurs qui regardent vers elle. En tout cas si les raisons de cette division ne sont pas pour eux explicites et claires.

Certes aux dernières élections municipales la LCR et LO ont présenté des listes séparées, parfois en concurrence. Cela n’a pas empêché des électeurs d’exprimer leur ras-le-bol de la politique gouvernementale en votant pour elles, les unes ou les autres d’ailleurs. Mais alors le fait que la LCR avait maintenu son intention de faire voter pour la gauche gouvernementale justifiait que LO refuse l’alliance. Il était patent que les travailleurs de plus en plus nombreux ne voulaient plus entendre parler de cette gauche. Et d’ailleurs, un bon nombre des listes présentées ou soutenues par la LCR ont elles-mêmes refusé d’appeler à ce vote pour la gauche.

...mais pas toujours

Aujourd’hui la majorité de la LCR a décidé de pas appeler à voter pour la gauche au deuxième tour en 2002. Elle a proposé de faire d’Arlette Laguiller la candidate des deux organisations aux présidentielles. Bien sûr une minorité de la LCR reste partisan de l’appel à « battre la droite » (c’est-à-dire voter pour la gauche). Elle va donc tenter de peser sur les choix définitifs de la LCR d’ici aux élections. Bien sûr la LCR a réaffirmé son attachement à l’étiquette « 100 % à gauche » qui a couvert dans le passé une politique de recherche d’alliance avec des courants qui sont actuellement au sein de la gauche plurielle ou flirtent avec celle-ci. Bien sûr, en un mot, la LCR n’est pas venue entièrement sur les bases de LO. Si elle l’était d’ailleurs ce n’est pas d’une alliance dont il devrait être question mais d’une fusion...

Pourtant la LCR a fait des pas dans la direction de la politique défendue depuis longtemps par LO, des pas peut-être pas définitifs, des pas à concrétiser dans l’avenir, mais des pas indéniables.

Or c’est à ce moment-là que LO revient sur la politique qu’elle a eu lors des européennes pour lesquelles elle a formé une liste unique avec une LCR qui défendait pourtant encore toutes ces positions jugées inadmissibles par LO. Revient même sur celle qu’elle a eu encore lors des récentes municipales pour lesquelles elle a négocié de longs mois un accord, n’y renonçant que parce que la LCR ne voulait pas renoncer à faire voter pour la gauche au deuxième tour ni à s’associer ces courants appartenant ou flirtant avec la gauche plurielle.

Et aujourd’hui quand la LCR, formellement et publiquement, renonce à ces errements, LO renonce aussi... à chercher un accord. Car LO a refusé toute discussion proposée par la LCR, n’a même pas fait le geste de proposer clairement les bases sur lesquelles elle aurait pu accepter un accord, n’a tenu aucun compte des résultats de la Conférence de la LCR, échéance pourtant fixée par LO elle-même avant de se déterminer. C’est donc bien a priori et indépendamment des positions de la LCR que LO n’a pas voulu d’accord.

Cet accord n’aurait peut-être pas été possible. Encore fallait-il en apporter la preuve. C’est bien en tout cas l’organisation qui a renoncé à en explorer les possibilités qui les a cassées.

Cette politique de notre organisation n’est pas celle qui permettra à LO d’entraîner les autres courants communistes révolutionnaires. Elle n’est pas celle dont l’extrême gauche, et donc les travailleurs qui regardent vers celle-ci, ont besoin.

Jacques MORAND

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