Les capitalistes inquiets au sujet de la Grèce... Vraiment ?
28 janvier 2015 Convergences Monde
La dette grecque n’a rien d’effrayant pour le monde de la finance. Elle reste une goutte d’eau dans l’océan financier : environ 350 milliards d’euros, c’est-à-dire pas grand-chose comparé aux dettes françaises et allemandes qui représentent respectivement 2 200 milliards et 1 500 milliards d’euros. Sans parler de la dette des États-Unis qui s’élève à plus de 17 000 milliards de dollars. D’autre part, la dette publique grecque est détenue dans sa quasi totalité par la Troïka, c’est-à-dire par les États qui la composent, qui se chargent de la faire payer à la population pauvre de Grèce. Les banques privées s’en sont dégagées massivement en 2012 après avoir tiré de juteux profits de cette rente pendant de nombreuses années.
Cela ne les empêche pas d’entretenir des relations toujours très profitables avec les capitalistes grecs. Le Crédit agricole, BNP Paribas ou la Société Générale ont investi plusieurs milliards d’euros en Grèce depuis le début de la crise, principalement auprès des richissimes armateurs.
Du fait de la faiblesse du capitalisme grec et de l’histoire européenne, les multinationales françaises et allemandes ont été les premières à profiter de la dette grecque. D’une main les banquiers de ces pays prêtent à la Grèce et récupèrent leur mise, plus les intérêts. De l’autre, les multinationales françaises et allemandes du bâtiment, de l’armement, de l’industrie, de l’agroalimentaire, de la grande distribution récupèrent l’argent prêté. D’abord parce que, sur le territoire hellénique, elles ont été (et sont encore !) les premières appelées pour effectuer les grands travaux (ponts, autoroutes, métro...) et pour répondre aux contrats d’armements disproportionnés. Ensuite parce que l’augmentation du niveau de vie des Grecs avant la crise leur a largement bénéficié. Les Grecs, vivant soi-disant « au-dessus de leurs moyens », ont permis aux trusts français et allemands d’écouler quantité de biens de consommation.
A.S.