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« L’environnement économique de Ben Laden »

19 octobre 2001

Ben Laden, ancien agent de la CIA responsable des groupes islamistes intervenant en Afghanistan contre les troupes russes, on le savait. Agent financier d’un des clans de la grande bourgeoisie saoudienne et des princes du pétrole, c’est également notoire, même si les médias se sont moins étendus sur la question. Car dans l’histoire, allez démêler le tien du mien, les intérêts financiers américains des intérêts saoudiens !

C’est que l’Arabie Saoudite, partagée ou pas entre ses clans princiers, c’est à la fois la base militaire, la plate-forme pétrolière et la principale agence financière des Etats-Unis dans la région. Certes, depuis quelques années la classe dirigeante saoudienne est divisée entre pro et anti-américains et le pouvoir est en bascule. Le contrôle des ressources pétrolières est en jeu. Le clan voulant se dégager de la présence militaire américaine a misé sur Ben Laden, autrement dit sur les moyens terroristes (qui en l’occurrence sont tout sauf l’arme des pauvres !). Mais la nébuleuse financière liée à Ben Laden (dont bon nombre des plus grandes banques et holdings saoudiens investissant aux USA en Angleterre et en France) est elle-même intimement liée aux intérêts des banques et sociétés américaines. Terroriste ou pas, la grande bourgeoisie princière saoudienne fait partie du même monde de la finance occidentale et de ses mafias pétrolières. Si Bush voulait vraiment déclarer la guerre aux commanditaires directs des réseaux terroristes Ben Laden, c’est la très réactionnaire Arabie Saoudite (qui en matière d’obscurantisme religieux n’a rien à envier aux Taliban) qu’il prendrait pour cible, pas l’Afghanistan. Mais l’Arabie Saoudite, c’est tabou. Et pour cause. Au-delà même de ce qu’on imagine...

C’est du moins ce que révèle un rapport officiel américain intitulé « Environnement économique d’Oussama Ben Laden ». Ce rapport rédigé en décembre 1999 et actualisé pour la dernière fois en juin 2001, a été cité le 26 septembre au sénat américain. Réalisé pour le fisc américain, il est diffusé par le site d’information économique américain « Intelligence Online » et est cité dans le cadre de la lutte contre la nébuleuse financière de Ben Laden. Il donne une liste de multiples sociétés capitalistes, de financiers internationaux ou d’hommes politiques dont les intérêts sont croisés avec ceux de Ben Laden, où l’on trouve nombre de sociétés américaines, mais également certains dirigeants américains connus comme James A. Baker Ill, ancien secrétaire d’Etat du président George Bush, Franck C. Carlucci, ancien secrétaire à la Défense du président Ronald Reagan, Richard G. Darman, ancien directeur de l’Office of Management and Budget du président George Bush (1989-93) et John Sununu, ancien secrétaire général de la Maison-Blanche (présidence de George Bush), mais aussi Bush, père et fils, eux-mêmes ! Il semble donc que si la famille princière saoudienne n’a aucun secret pour Ben Laden, la famille présidentielle américaine, elle aussi assez étendue, n’en ait guère non plus.

Selon le même rapport, tous ces dirigeants américains entretiennent des rapports d’affaires avec le principal soutien financier de Ben Laden, le milliardaire saoudien Ben Mahfouz, via le fond d’investissements américain Carlyle Group mais aussi bon nombre d’autres sociétés : « George W. Bush a été de 1990 à 1994 membre du conseil d’administration de Caterair, filiale du Carlyle Group. (...) Adbullah Taha Bakhsh, investisseur saoudien et partenaire de Khalid Bin Mahfouz et Ghaith Pharaon est devenu actionnaire de la société de Bush, Harken Energy Corp, à hauteur de 11,5 % en 1987. (...) Talat Othman est membre du Middle East Policy Council américain, aux côtés de Franck Carlucci. James R. Bath, qui représentait aux Etats-Unis les intérêts de Salem M. Bin Laden aux termes d’un accord d’administration de 1976, est entré à la fin des années 70 dans le capital de deux sociétés à responsabilité limité nommées Arbusto détenues par George W. Bush (entités ensuite fusionnées sous Harken Energy) pour un montant de 50 000 $. »

Faire le ménage chez tout ce beau monde ? Cela ferait trop de dommages collatéraux en très haut lieu. Alors, on fait payer les paysans afghans, lesquels du moins n’ont pas de dollars à perdre. Et si les rescapés n’ont pas de pain, qu’ils mangent du beurre de cacahouète ! Les Bush sont généreux.

Robert PARIS

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