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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 73, janvier-février 2011 > DOSSIER : L’Europe de la crise : Mêmes attaques, mêmes colères

DOSSIER : L’Europe de la crise : Mêmes attaques, mêmes colères

L’Europe de la crise : Mêmes attaques, mêmes colères

Mis en ligne le 29 janvier 2011 Convergences Monde

En ces temps de crise économique, la bourgeoisie européenne décline l’« austérité » ou l’« ajustement structurel » dans toutes les langues. En ce sens, elle fait effectivement sienne la devise de l’Union européenne, In Varietate Concordia (Unis dans la diversité). En face, les luttes sociales se déclinent à l’échelle internationale, allant de formes embryonnaires comme en Grande-Bretagne et en Italie avec une partie de la jeunesse étudiante qui se met en mouvement, en passant par des journées de grève et de manifestations massives comme au Portugal, en Espagne ou en France, jusqu’à de véritables explosions de colère comme en Grèce. Gouvernement de gauche ou de droite, partout la même politique offensive contre le monde du travail. La présidence socialiste de Dominique Strauss-Kahn au FMI ne dépare pas ce tableau consensuel.

Le socialisme pour les riches, le capitalisme pour les pauvres

La Commission Européenne a évalué à 4 589 milliards d’euros l’aide pour sauver les banques de l’Union depuis 2008, auxquels il faudrait ajouter des aides masquées de recapitalisation dans le cadre de fusions et lesdits plans de relance. Cette générosité bien comprise des États à l’égard des banques et des entreprises a permis de gagner du temps, juste avant de présenter l’addition aux classes populaires. Au premier mouvement, que l’on pourrait qualifier de « socialisme pour les riches » succède de très près celui du « capitalisme pour les pauvres », c’est-à-dire les attaques en règle, concertées, frontales contre la classe ouvrière. Remise en cause des contrats de travail, des protections sociales, augmentation de la flexibilité et des cadences, baisse nette des salaires et des pensions, restrictions des droits de grève, durcissement policier et juridique. En un mot, aggravation de l’exploitation. Un pays souvent cité en exemple pour sa compétitivité, l’Allemagne, a vu en moins de cinq ans une croissance d’un million supplémentaire d’emplois précaires, avec plus de 5 millions de travailleurs payés 400 euros à temps partiel.

Avec ou sans euro, les mêmes politiques

La fonction de l’euro était de permettre aux grandes multinationales européennes de jouer dans l’arène de la compétition du marché mondial, en créant une zone de libre-échange, un bloc commercial. Les grands spéculateurs financiers y ont vu la possibilité de jouer la crise. Les travailleurs grecs en firent les frais les premiers, suivis des Irlandais, des Espagnols. Le plan négocié par le gouvernement socialiste grec, l’Union Européenne, la Banque Centrale Européenne, et le FMI annonce le menu pour les suivants (voir notre article sur la Grèce). Pour les pays pauvres hors de la zone euro la situation est pire encore : en Roumanie les salaires de la fonction publique baissent de 25 %, les retraites de 15 %.

Si l’existence de l’euro ne protège pas les travailleurs de la crise, son absence n’en procure aucun bénéfice. Le Royaume-Uni subit le pire plan de rigueur depuis la Seconde Guerre mondiale, à faire pâlir Madame Thatcher (voir notre article sur la Grande-Bretagne). Simple illustration parmi toutes les autres mesures, les aides au logement vont baisser au point que le maire de Londres, pourtant très à droite, a pu dire avant de se rétracter qu’il craignait une expulsion des plus pauvres, « un nettoyage social à la Kosovo ».

Ces mesures d’austérité n’ont pas pour but de réussir à sauver le système dans son ensemble, mais visent à redynamiser les seuls secteurs jugés rentables, quitte à mettre à la rue et désespérer une large fraction du prolétariat, avant qu’il n’en vienne à la solution révolutionnaire, comme en Tunisie.

Les quelques articles de ce dossier sur les réactions populaires en Italie, Espagne, Grèce, Portugal et Grande Bretagne, bien loin de relater toutes les réactions des travailleurs européens, y compris dans les pays de l’Est, donnent une idée des possibilités et des tâches à court terme du mouvement ouvrier. Reste au prolétariat à rassembler ses forces, à s’émanciper des bureaucraties politiques et syndicales qui accompagnent peu ou prou les mesures gouvernementales et à s’organiser pour une véritable contre-offensive… révolutionnaire.

Le 22 janvier 2011

Tristan KATZ

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