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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 71, octobre 2010 > Le chantage patronal à la mode

Le chantage patronal à la mode

Italie : Les ouvriers de la Fiat de Pomigliano ne plient pas

Mis en ligne le 23 octobre 2010 Convergences Monde

Le 22 juin, les quelque 5 000 travailleurs de l’usine Fiat de Pomigliano d’Arco (près de Naples) étaient appelés à se prononcer, par référendum, sur la question suivante : « Etes-vous favorable à l’accord sur le projet « Futura Panda » à Pomigliano ». La très grande majorité d’entre eux se trouvaient depuis un an et demi en « cassa integrazione », un système de chômage « partiel » de longue durée, avec pour tout revenu une indemnité mensuelle d’environ 750 euros.

L’accord soumis au vote avait déjà été signé une semaine plus tôt, par l’ensemble des syndicats, à l’exception de la FIOM, la fédération de la Métallurgie de la CGIL, principal syndicat italien (même si Guglielmo Epifani, secrétaire général de la CGIL y était favorable).

L’entreprise promettait de rapatrier à Pomigliano la fabrication de la Panda, faite actuellement en Pologne, et d’investir 700 millions d’euros pour redémarrer l’usine, à condition que le personnel accepte de lourds sacrifices :

  • Le travail se fera en 3/8, l’usine sera ouverte 6 jours sur 7.
  • La direction pourra demander 120 heures supplémentaires par an (au lieu de 40).
  • En cas d’absentéisme important, l’entreprise pourra décider de ne pas payer les 3 premiers jours d’absence.
  • Réduction des pauses (3 pauses de 10 minutes par équipe, au lieu de 2 pauses de 20 minutes). La suppression de ces 10 minutes de pause correspondant à une production supplémentaire (non payée) de 6 650 voitures par an.
  • Interdiction de faire grève contre les dispositions de l’accord, sous peine de sanctions.

Par ailleurs, en cas de refus de l’accord, la direction menaçait de fermer l’usine, comme elle a déjà annoncé la fermeture définitive en 2012 de l’établissement de Termini Imerese, en Sicile (1 350 salariés).

Convoqués à l’usine, 95 % des salariés (4 641 sur 4 881) ont voté. Le « oui » a remporté 60 %. Mais la direction, qui espérait un résultat plus écrasant, en a été pour ses frais. D’autant que si l’on compte le seul personnel ouvrier (directement concerné par les mesures de l’accord) le nombre des « oui » dépasse à peine les 50 %. Comme disait un travailleur interrogé par le journal Corriere della Sera : « C’est un choix forcé, nous devons survivre, si nous avions été libres, nous aurions voté non ».

« Pomigliano non si piega » (Pomigliano ne plie pas) disait le slogan des opposants à l’accord. Le vote est passé, mais 1673 travailleurs ont osé dire « non » malgré le chantage à l’emploi et les pressions énormes exercées par la direction et l’encadrement. Et un débrayage pour protester contre cet accord était largement suivi dans la principale usine Fiat, à Turin. La résistance aux conditions imposées par la Fiat est bel et bien là.

Thierry FLAMAND

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