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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 71, octobre 2010

Barack Obama — Un an après

Mis en ligne le 23 octobre 2010 Convergences Monde

Moins de deux ans après l’élection de Barack Obama à la présidence des États-Unis, l’enthousiasme s’est évanoui. Le président qui appelait au « changement » n’a rien changé.

L’administration démocrate a fait un grand battage autour du rappel de ses troupes en Irak. Des troupes seront bien retirées, mais les chiffres officiels ne font pas apparaître qu’il y aura encore, même après le départ de l’armée, plus de 100 000 personnes dans des entreprises privées qui font office de sous-traitants et de fournisseurs auprès de l’armée pour l’occupation.

Ce faisant, la guerre en Afghanistan s’est intensifiée (voir notre article « D’une guerre à l’autre »). Depuis 2001, plus de 1 100 soldats américains ont été tués en Afghanistan, dont plus de 500 depuis qu’Obama est entré en fonction. Ceux qui ne sont pas tués ramènent la guerre chez eux. Le Bureau des Vétérans explique qu’en moyenne 18 vétérans de l’armée se suicident chaque mois, la plupart étant des soldats ayant tout juste achevé leur service.

Le président avait promis de fermer la prison militaire de Guantanamo, à Cuba. Non seulement il n’a pas tenu cette promesse mais son administration a décidé d’y maintenir en détention sans procès 47 prisonniers.

Bien des gens espéraient du moins qu’il s’attaquerait à la question du système de santé américain, totalement défaillant. Les États-Unis dépensent deux fois plus que les autres pays industrialisés pour l’assurance maladie (les assurances privées prélevant un tiers de chaque dollar dépensé pour la santé), alors que près de 50 millions d’Américains sont sans couverture sociale et que 14 000 d’entre eux, chaque jour, perdent leur couverture. En fait, la nouvelle loi est un recul par rapport à ce qui existait déjà pour bien des gens. Le programme Medicare Advandage, qui améliorait un peu la couverture sociale des personnes âgées (le « programme Medicare ») a été réduit. Les femmes qui choisissent de se faire avorter ne sont pas couvertes pour cet acte. Enfin les sans-papiers, ainsi que leurs enfants, sont exclus du système.

L’administration Obama continue de renflouer les entreprises, comme le faisait l’administration Bush. Suite au plan Paulson de 700 milliards de dollars, Obama a lâché 60 milliards de plus pour l’industrie automobile, soi-disant pour sauver des emplois. En fait, les grosses compagnies ont licencié des milliers d’ouvriers depuis le début de la crise.

La crise économique a frappé de plein fouet la classe ouvrière. En 2009, le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté est monté à 44 millions, le record depuis 50 ans que cette statistique existe. La distribution de coupons alimentaires a touché son maximum historique au mois d’août avec plus de 40 millions de personnes bénéficiaires ce mois-ci. Août 2010 a aussi été le record de tous les temps pour les expulsions de logements : plus de 95 000 dans le mois. On s’attend à ce que l’année 2010 s’achève avec plus de 1,2 million d’expulsions au total, 12 fois plus qu’en 2005.

L’administration Obama a aussi encouragé des coupes majeures et des attaques contre le système éducatif public. La principale réforme concernant l’Éducation, appelée « Race to the top » (« La course au sommet »), force chaque État à entrer en compétition avec les autres pour gagner une aide fédérale de 4,35 milliards de dollars. Avec cette loi, les États ne toucheront cet argent que si les écoles ayant de mauvais résultats à des tests standardisés licencient tout leur personnel enseignant et recommencent tout à zéro. Dans le même temps, 100 milliards de plus étaient débloqués pour financer l’établissement de « charter schools », des écoles sous contrat mises en places et gérées par des compagnies privées utilisant souvent de jeunes profs non syndiqués.

Avec toutes ces attaques, un sentiment de cynisme s’est profondément répandu dans la population. Les slogans de la campagne présidentielle tels que « hope » (« espoir ») et « change » (« changement ») sont devenus désormais la cible de blagues dans les grands medias.

Cela dit, le président garde un certain capital de confiance : « Il faut lui laisser le temps… ». Bien des gens en reviennent au fait qu’il est Afro-américain, le premier d’entre eux à gagner la présidence. Certes, un président dont la popularité acquise lors de la campagne électorale auprès des pauvres, en ces temps de crise, a permis à la bourgeoisie américaine de s’en sortir grassement. Du moins pour le moment.

Craig VINCENT


Le mouvement Tea Party

Depuis l’élection de Barack Obama à la présidence des États-Unis, la droite radicale et conservatrice américaine tente de relever la tête sous le nom de mouvement « Tea Party », dont les deux porte-parole sont Glenn Beck, un présentateur sur la chaîne de télévision conservatrice Fox News, et Sarah Palin, ancienne candidate républicaine à la vice-présidence des États-Unis. L’espace qu’occupe le Tea Party dans les médias est cependant plus en rapport avec le soutien de milliardaires et de groupes de médias qu’avec le nombre de ses militants.

Ce mouvement est issu de divers courants de la droite réactionnaire et anti-étatiste américaine, nés de l’opposition au programme de sauvetage de la finance américaine (qualifié par eux de « socialiste » !) puis au projet d’assurance santé, proposés par l’administration Obama en 2009. Non directement affiliés au Parti républicain (qu’ils critiquent aussi parfois), les mouvements Tea Party se réfèrent aux symboles des « pères fondateurs » américains. La dénomination du mouvement est un jeu de mots sur le terme « party », qui désigne un parti politique mais fait aussi référence à la Boston Tea Party, en 1773, un des événements annonciateurs de la guerre d’indépendance américaine, durant lequel des colons américains avaient jeté à la mer des caisses de thé de la Compagnie anglaise des Indes orientales.


Le 2 octobre à Washington : Des dizaines de milliers de travailleurs contre la crise

Environ 150 000 personnes venant d’un peu partout aux États-Unis se sont retrouvées le samedi 2 octobre à Washington lors du rassemblement One Nation Working Together (« Une nation unie au travail »). La plupart des participants étaient des travailleurs de secteurs divers, des étudiants, des familles, des membres d’organisations communautaires et des membres d’organisations de gauche. Le rassemblement était organisé par des syndicats, des groupes militant en faveur de la paix, de la justice sociale, des droits civiques ou de l’écologie, ainsi que des sections du Parti démocrate.

Des dizaines de discours se sont succédé à la tribune avec le même objectif : contrer les rassemblements organisés par la droite, notamment autour du Parti républicain et des mouvements Tea Party. Il s’agissait aussi, en cette situation de crise sociale et économique, de transformer la colère et l’insatisfaction grandissantes en un soutien à la politique du Parti démocrate. Le message des orateurs était sans ambiguïté : manifester son opposition à l’extrême droite en allant voter démocrate lors des prochaines élections du 2 novembre (élections nationales des représentants au Congrès, au Sénat, mais aussi locales dans les différents États).

Certains, notamment parmi les travailleurs afro-américains, n’ont pas totalement retiré leur soutien à l’administration Obama. Ceux-là sont peut-être partis du meeting affermis dans leur soutien aux démocrates. Mais la plupart des travailleurs présents n’ont porté que peu d’intérêt à des discours qui n’apportaient aucune solution à leurs problèmes, en se contentant de les appeler à bien voter pour le 2 novembre.

Toutefois, ce rassemblement a été un événement important. Pour la plupart, c’était la première fois qu’ils participaient à une telle manifestation politique (et surtout de cette taille), parfois même la première fois qu’ils osaient protester publiquement.

C.V.

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