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Accueil > Éditos de bulletins > 2017 > octobre > 30

Harcèlement sexuel : Lever l’omerta partout… y compris au travail

Depuis les révélations sur l’affaire Harvey Weinstein, de plus en plus de femmes prennent la parole sur les réseaux sociaux et des milliers d’entre elles sont descendues dans la rue dimanche pour dénoncer le harcèlement sexuel dont les femmes sont victimes. L’engouement médiatique est alimenté par l’avalanche de personnalités dénoncées comme harceleurs ou violeurs.

Police partout, justice nulle part

Macron a promis une loi sur le harcèlement sexuel pour 2018 et en a profité pour faire passer la pilule de la création d’une « police de la sécurité du quotidien », pourtant dans les cartons depuis longtemps. Mais qui peut croire à un coup d’arrêt au harcèlement de rue grâce à plus de policiers dans le métro ? Quand bien même il serait possible de saisir « l’outrage sexiste » en flagrant délit – peu de chances –, que fera cette police qui, aujourd’hui, refuse si souvent de prendre les plaintes de victimes de viols, quand, à l’occasion, ce ne sont pas des policiers qui s’en rendent eux-mêmes coupables, comme on l’a encore vu dans l’affaire des policiers-violeurs du Quai des Orfèvres ?

Comme par hasard, pour Macron, c’est dans « les quartiers les plus difficiles », que se passerait l’essentiel du harcèlement… C’est faux ! S’il y en a là comme partout, le multimillionnaire Harvey Weinstein ne sévit pas, qu’on sache, dans les ghettos pauvres de Los Angeles ! L’actualité récente et toutes les études montrent en réalité que harcèlement et violences sexuelles ont lieu dans tous les milieux. C’est cracher sur ce malaise quotidien des femmes que de l’utiliser comme prétexte à des fins sécuritaires et racistes pour renforcer les contrôles au faciès et les interpellations.

#BalanceTonPatron

25 % des agressions sexuelles ont aujourd’hui lieu au travail : une femme sur cinq est victime de harcèlement au cours de sa vie professionnelle. Là aussi, suite à l’affaire Weinstein et le fil twitter #MeToo (« Moi aussi »), la parole s’est libérée, en tout cas sur les réseaux sociaux. Jusqu’en France, avec #BalanceTonPorc. Un remarquable retour à l’envoyeur, balancé comme un direct du droit, où des femmes racontent les violences et le harcèlement sexuels au travail, commis en général par un chef ou un patron, les mots obscènes, les mains aux fesses, les agressions… et ce face à la hiérarchie, à la menace de représailles, du licenciement.

Quant au gouvernement, ne vient-il pas de supprimer une des faibles garanties légales pour combattre, entre autres, le harcèlement : le CHSCT ? Les gouvernements successifs ont une grande part de responsabilité dans le fait que les femmes sont payées en moyenne 24 % moins que les hommes, que le droit à l’avortement est remis en question par la fermeture des centres IVG, que moins de 2 % des affaires de viols aboutissent à une condamnation, et l’on en passe.

En France, au XXIe siècle, 84 000 femmes sont violées chaque année et les violences sexuelles font partie de leur vie quotidienne .

La société capitaliste utilise l’assujettissement des femmes pour diviser les opprimés, les travailleurs, avec l’appui des religions quelles qu’elles soient qui ont toujours rendu les femmes responsables du péché… et aujourd’hui coupables de la sexualité des hommes.

Mais les femmes ne sont ni un gibier pour libidineux, ni un trophée qu’on ramasse quand on a le pouvoir. L’engouement médiatique risque de s’atténuer rapidement, mais il aura eu le mérite de forcer à regarder en face ce problème de fond. Pour que les choses changent, il faudra que le rapport de force s’inverse. À l’échelle d’un bureau, d’un atelier, d’un service, comme à l’échelle de la société tout entière. L’heure est à une défense collective contre ces hommes en position de profiter de leur pouvoir. Il faut des réactions collectives aux situations de harcèlement sexuel ou même de viols sur les lieux de travail.

Un combat qui contribue aussi à inverser le rapport de force général et permettre qu’un jour il soit mis un point final à ces oppressions.

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