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EDF : Notre « Non » à la privatisation

1er novembre 2005

L’ouverture du capital d’EDF, annoncée depuis longtemps, a été officialisée la semaine dernière. Va t on maintenant assister à une mobilisation de la gauche et des syndicats contre la privatisation ?

Le ton de certaines déclarations pourrait le laisser croire... mais les apparences sont trompeuses.

Côté syndical, tout en se déclarant opposée à la privatisation d’EDF, la CFDT annonce qu’elle ne participera pas « à un mouvement sur des modalités pratiques d’application » d’une loi votée en août 2004. Selon la CFDT cela reviendrait aujourd’hui « à manifester contre une loi débattue démocratiquement et votée par le Parlement ». Les salariés apprécieront cette leçon de parlementarisme !

Quant aux fédérations FO et CGT - cette dernière organisation étant majoritaire chez EDF -, elles appellent « les salariés des industries électriques et gazières à la mobilisation à compter du 8 novembre », dixit un responsable de la CGT Énergie cité par L’Humanité du 26 octobre. La mobilisation se poursuivrait sur un plan interprofessionnel, les 9 et 10 novembre, par les « deux journées d’actions pour les salaires, l’emploi, les droits et la dignité des salariés, la place des services publics » organisées par la CGT. Point de départ d’un mouvement d’ensemble au niveau national ? On peut en douter. Se réunissant, le 17 octobre dernier, pour « analyser les actions du 4 octobre », toutes les confédérations syndicales ont annoncé la couleur dans un communiqué se contentant de s’adresser « solennellement au gouvernement pour que les rencontres annoncées se réalisent rapidement [et] aux employeurs pour que les résultats des négociations engagées ou à venir répondent aux revendications du public et du privé. » ; pas un mot sur de réelles suites à donner à la journée du 4 octobre ! Jean Claude Mailly peut bien prendre un ton menaçant dans FO Hebdo : « Les consultations avec le Premier ministre démarreront le 7 novembre [...]. Il est évident que s’il ne répond pas positivement, la question de la grève sera posée. Nous l’avons déjà dit aux autres confédérations » ; il ne risque guère d’impressionner le gouvernement. Et à qui veut on encore faire croire, au lendemain des piteuses tractations de Thibault avec De Villepin durant la grève de la SNCM, que les travailleurs ont quoi que ce soit à attendre de ce genre de rencontre ?

Certes les directions syndicales sont tout à fait capables, dans le climat actuel, d’accompagner voire de susciter des mouvements durs, mais pourvu qu’ils restent isolés - comme l’illustre une fois de plus la grève qui se poursuit depuis le 3 octobre à la Régie des Transports Marseillais - et à condition de ne rien faire pour les étendre, même lorsque cela représenterait, comme ce fut le cas à la SNCM, la seule chance de gagner !

Reste la journée syndicale du 8 novembre à l’EDF. Faute d’initiatives à un autre niveau, il est évidemment souhaitable qu’elle ait le plus grand retentissement possible et se traduise par une forte participation. Ses modalités restent cependant encore floues. Divers partis plus ou moins étiquetés à gauche ont décidé de s’y associer. L’initiative, venue du PCF, a pour l’instant réuni les Verts, la LCR, les Alternatifs et divers chevènementistes. Elle s’est notamment traduite par l’appel à un meeting commun, le 8 novembre, « pour la défense d’EDF 100 % publique et du Service Public en général », ainsi qu’à la manifestation parisienne du 19 novembre organisée par la Fédération Nationale des Collectifs pour la Défense et le Développement des Services Publics.

Cette initiative peut elle éviter aux salariés d’EDF un isolement qui leur serait fatal ?

C’est une question de perspectives, et c’est là que se situe le problème : le communiqué unitaire se contente d’évoquer la nécessité d’« une grande mobilisation politique et populaire pour marquer un coup d’arrêt à l’entreprise de liquidation des services publics d’une Droite qui veut céder les biens de la Nation aux appétits financiers, et tout marchandiser ». Il faudrait cependant être naïf pour ignorer que les calculs politiciens de la gauche prennent davantage de place que le souci des perspectives d’une lutte d’ensemble. Marie George Buffet n’a pas manqué d’en appeler à « une renationalisation d’EDF et de GDF en 2007 si la gauche revenait au pouvoir », soutenue par George Sarre qui a estimé qu’« un gouvernement qui ne le ferait pas ne serait pas un gouvernement de gauche » ! Et tous, en conséquence, de souhaiter être rejoints par le PS... qui a jusqu’ici prudemment évité les diverses invitations, tout en publiant un communiqué par lequel il « s’engage [...], de retour aux responsabilités, à faire revenir EDF à 100 % dans le domaine public ». Fabius, qui s’était prononcé en 2002 pour l’ouverture du capital, parle même aujourd’hui de « revenir sur la privatisation et renationaliser EDF ». De quoi faire jubiler ceux qui voudraient nous faire oublier que les promesses électorales n’engagent que ceux qui y croient, et surtout, une fois de plus, renvoyer l’essentiel aux prochaines échéances électorales.

Ce n’est qu’en se démarquant clairement de ce monde-là que les révolutionnaires peuvent se retrouver à leur côté lorsqu’ils se présentent aujourd’hui en défenseurs des services publics. Mais en aucun cas ils ne doivent subordonner leur intervention en direction des travailleurs ou des militants à un cadre “unitaire” sous le contrôle de fait d’appareils politiques ou syndicaux faillis.

Gérard WEGAN

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