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Pour en savoir un peu plus

Bacilles, parasites, virus… Des épidémies d’origines diverses

30 mars 2020 Article Sciences


Avec le développement des vaccins et des antibiotiques, les populations des pays riches n’ont plus connu de véritables épidémies depuis la fin du xxe siècle, la poliomyélite y étant officiellement éradiquée à la fin des années 1990. Aujourd’hui, c’est près d’un tiers de la population mondiale qui se trouve confinée dans l’espoir de limiter la propagation de l’épidémie de maladie à coronavirus. Une manière brutale de rappeler que les épidémies, quelles qu’elles soient, sont loin d’avoir disparu de la surface du globe.

Trois grands types d’épidémies

On peut globalement distinguer trois grands types d’épidémies, selon l’agent pathogène qui en est responsable : les épidémies à bacille (comme la peste, la tuberculose ou le choléra), les épidémies à virus (comme l’actuelle maladie à coronavirus ou la maladie à Ebola), et les épidémies à parasite (comme le paludisme, également connu sous le nom de malaria).

Un bacille est une bactérie, un être vivant constitué d’une seule cellule, se reproduisant par division cellulaire dès qu’il se trouve dans un environnement propice à sa croissance, c’est-à-dire un animal-hôte dans le cas d’une infection.

Un parasite est également un organisme vivant, généralement unicellulaire dans le cadre des maladies infectieuses, mais dont la structure cellulaire est plus complexe que celui d’une simple bactérie. Ces êtres présentent la particularité d’avoir un cycle de reproduction en plusieurs étapes dont l’une est l’infection d’un hôte.

Enfin, les virus sont des entités à part. Considérés comme des êtres vivants par certains scientifiques mais pas par tous, leur structure ne comprend pas l’essentiel des molécules nécessaires à leur fonctionnement, donc à leur reproduction. Ils doivent ainsi infecter les cellules, plus complexes, d’un organisme pluricellulaire afin de détourner leur machinerie moléculaire pour produire de nouvelles particules virales, les virions, qui se propageront vers une nouvelle cellule en détruisant l’ancienne.

Pour qu’on commence à parler d’une épidémie dans le cadre d’une maladie infectieuse, il faut qu’elle se propage dans une proportion relativement importante de la population. Le caractère épidémique d’une maladie n’est pas seulement une notion d’échelle. Il faut également que celle-ci soit transmissible d’un organisme à un autre, entre humains ou entre humains et animaux. Ainsi, les maladies chroniques touchant une forte proportion de la population, comme le diabète ou les maladies cardiovasculaires, ne présentent pas ce caractère transmissible. On ne peut donc pas parler d’épidémie dans leur cas, malgré un nombre de malades important et en hausse.

Les épidémies à bacille

Les épidémies à bacille sont des infections de l’organisme provoquées par une bactérie. Cet agent pathogène peut être hébergé par un animal-hôte, pour lequel il peut également, mais pas forcément, être pathogène, avant d’être transmis par contact avec l’homme. C’est le cas de la peste, provoquée par la bactérie Yersinia pestis et transmise par l’intermédiaire d’un animal-hôte, sans doute la puce du rat.

Il est également possible d’être infecté par ingestion d’aliments ou d’eaux contaminées. Le choléra, dont le bacille Vibrio cholerae est présent dans les eaux souillées, se répand encore chaque année de manière extrêmement rapide chez les populations n’ayant pas accès à l’eau potable.

Ces maladies sont généralement traitées à l’aide d’antibiotiques, des molécules s’attaquant plus ou moins spécifiquement à la bactérie pathogène, qui détruisent la source de l’infection ou qui aident l’organisme à la détruire par lui-même. Les découvertes de la pénicilline dans un premier temps, puis de la streptomycine et du chloramphénicol, ont permis l’éradication quasi-totale de ces maladies dans les pays industrialisés. Pourtant, l’émergence de souches bactériennes résistantes aux antibiotiques usuels fait craindre une résurgence de ces maladies dans les pays industrialisés, et donc potentiellement de nouvelles épidémies qu’on y croyait disparues.

Les épidémies à virus

Ces épidémies résultent d’un virus qui apparaît chez un animal-hôte avant d’être transmis à l’homme. La maladie à coronavirus actuelle trouve probablement son origine chez une espèce de chauve-souris, pour laquelle le virus n’était pas pathogène, avant sa transmission à un pangolin, dont la chair est prisée des populations de la région du Hubei en Chine. La variole serait quant à elle apparue chez des rongeurs africains, avant de se transmettre à l’homme et de provoquer régulièrement pendant des siècles des épidémies mortelles.

Le seul traitement contre ce type de maladies, qui ne consiste pas seulement à lutter contre les symptômes mais bien à faire disparaître l’agent pathogène, résulte dans la mise au point d’un vaccin. Le principe consiste à inoculer chez un sujet sain une forme inoffensive du virus pour qu’il développe des défenses immunitaires dirigées contre le virus. Cette technique a permis à l’Organisation mondiale de la santé d’éradiquer complètement la variole de la surface de la planète dans les années 1960, à la suite d’une campagne de vaccination massive des populations. Pour être efficace, la vaccination doit cependant être administrée à un nombre suffisant de personnes dans la population (de l’ordre de 70 %, mais cela varie en fonction des maladies). La remise en cause de son efficacité par le mouvement « antivax » a ainsi permis la réapparition de la rougeole, et des morts associées, dans des régions d’où elle avait complètement disparu.

Les épidémies à parasite

Tout comme les épidémies à bacille, les épidémies à parasite résultent de l’infection d’un organisme par un autre être vivant. Mais là où il s’agissait de bactéries dont des antibiotiques sont connus, l’agent pathogène de ces dernières épidémies est un organisme plus complexe pour lequel il n’existe généralement aucune molécule antibiotique simple. Ainsi, la désormais fameuse chloroquine a longtemps été utilisée comme antipaludique, mais son activité est aujourd’hui presque inefficace dans les zones où la maladie est endémique. Les recherches sont toujours en cours pour développer des traitements efficaces au paludisme, dont la première apparition connue chez l’homme est estimée à 50 000 ans avant notre ère.

L’épidémie actuelle

L’épidémie de maladie à coronavirus appartient à la catégorie des épidémies à virus. Les deux stratégies pour y mettre fin sont connues des scientifiques depuis le début :

  •  attendre que la maladie se soit propagée dans la population et ait provoqué une immunité chez un nombre suffisant de personnes pour devenir inoffensive. Cette stratégie dite d’« immunité collective » (herd immunity en anglais) a été initialement adoptée par Boris Johnson au Royaume-Uni et Donald Trump aux États-Unis, avant d’être finalement abandonnée devant l’estimation du nombre impressionnant de décès qu’elle aurait provoqué ;
  • développer un vaccin et organiser de grandes campagnes de vaccination auprès de la population.

En l’absence de vaccin, dont on estime la durée de mise au point entre un an et dix-huit mois, la seule solution reste donc de limiter la propagation de la maladie le plus possible pour éviter la saturation des systèmes de santé, et donc limiter le nombre de décès de malades qui ne pourraient pas être pris en charge. Une stratégie de longue haleine, compliquée par des années de politique de réduction des capacités d’accueil et de prise en charge des hôpitaux, ainsi que l’absence de toute planification dans l’organisation du système de santé, de la production de médicaments ou du matériel médical à l’administration des soins.

Une préoccupation des épidémies à géométrie variable

L’épidémie de maladie à coronavirus est volontiers présentée par les politiques comme un phénomène auquel l’humanité n’aurait pas été confrontée depuis longtemps. C’est oublier un peu vite que si la population des pays industrialisés a été relativement épargnée par les maladies infectieuses depuis le milieu du xxe siècle, la grande majorité de la population du globe vit en permanence sous leur menace. L’Afrique subsaharienne notamment paie chaque année un lourd tribut aux virus comme Ebola, qui a touché l’Afrique centrale en 2014 et qui continue aujourd’hui à sévir en l’absence de traitements efficaces. Mais c’est également le cas de l’Inde qui, avec l’Afrique, est un des principaux foyers de l’épidémie de paludisme, maladie presque aussi ancienne que l’humanité et responsable de centaines de milliers de décès chaque année. Sans parler de la tuberculose, dont on connaît pourtant un traitement, qui provoque encore des millions de morts chaque année dans les pays pauvres…

Jusqu’à présent, les dirigeants des grandes puissances capitalistes se préoccupaient assez peu du sort des pays comme l’Inde ou la République démocratique du Congo, en matière d’épidémies, tant que ça ne touchait pas leur économie et la source de leurs profits. Et il y a encore quelques mois, les Macron, Buzyn et Philippe regardaient d’un œil distrait ce qu’il se passait à Wuhan, comme si cela ne pouvait de toute façon que se cantonner aux pays d’Asie du Sud-Est. Aujourd’hui, c’est la population des vieilles puissances impérialistes qui commence seulement à payer le prix de leur arrogance et de leur irresponsabilité dans la gestion de la santé des populations.

Simon Costes

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