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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 83, septembre-octobre 2012

Le « Grand dialogue » à La Poste... la grande supercherie

Mis en ligne le 9 octobre 2012 Convergences Entreprises

Suite à une série de suicides dont la presse avait parlé, le directeur de La Poste, Jean-Claude Bailly, s’est senti obligé de réagir. Il a donc annoncé en mars l’ouverture d’un « Grand dialogue » sur la vie au travail. Jean Kaspar, ancien secrétaire général de la CFDT, a été nommé à la tête d’une commission chargée de rédiger un rapport, remis le 11 septembre.

La direction de La Poste fait semblant de découvrir qu’il existe un malaise parmi le personnel alors que, en 2010, un courrier publié par le syndicat professionnel des médecins de prévention de La Poste soulignait une dégradation des conditions de travail : « Des suicides ou des tentatives de suicides, dont on peut penser qu’ils sont exclusivement liés à des situations de vie professionnelle surviennent dans toutes les régions, dans tous les métiers et aux différents niveaux de l’entreprise », et il concluait ce rapport en disant : « nous avons loyalement alertés nos directions de situations alarmantes, et nous sommes déçus par le peu de considération apportée, voire, plus grave, par le déni »... La Poste ne pouvait donc dire qu’« elle ne savait pas » !

Les causes du « malaise »

Depuis des années, le personnel de La Poste est soumis à des réorganisations à répétition, lesquelles accompagnent les suppressions d’emplois au rythme moyen de 10 000 par an.

Au total, 80 000 emplois ont été supprimés depuis 2002. En 2010 : 11 707 emplois supprimés. En 2011 : 10 045. Au cours du 1er semestre 2012 : 4 217. Les conséquences ne sont pas difficiles à imaginer.

Suite à la remise du rapport Kaspar, la grande annonce de Bailly (reprise complaisamment par les médias) a été la « création » de 5 000 emplois supplémentaires à La Poste au cours des trois prochaines années, qui viendraient s’ajouter aux 10 000 embauches déjà prévues. Un simple effet d’annonce, car Bailly a tout simplement « oublié » de dire que, dans le même temps, La Poste supprimera encore 30 000 emplois. De plus, elle aura recours à des contrats aidés (apprentis ou contrats pro) dont rien ne garantit qu’ils seront tous transformés en CDI.

Alors que, dans la plupart des services, le manque de personnel est flagrant, le rapport Kaspar ne remet en cause ni les suppressions d’emplois, ni les réorganisations. Il préconise simplement de « desserrer temporairement les contraintes sur les effectifs » et se contente de pieuses déclarations, invitant l’entreprise « à engager une réflexion sur son modèle social », avec quelques mesurettes inefficaces, comme la mise en place de différents « chantiers » avec les organisations syndicales... De quoi au moins faire plaisir à certains professionnels de la négociation.

La novlangue des « adaptations » et des « sites d’expérimentation »

Si les suppressions d’emplois n’ont jamais cessé au cours du « Grand dialogue », Bailly avait annoncé le « gel » des réorganisations. Gel tout relatif puisque, par exemple, la fermeture du centre de distribution du courrier dans le 11e arrondissement de Paris, et son déménagement dans le 20e, avaient été présentés non comme une réorganisation, mais comme une simple... « adaptation » !

La Poste annonce maintenant que la pause est terminée et que les restructurations vont reprendre, à un rythme qu’elle qualifie de « non brutal et ordonné ». Ainsi, au Courrier, le centre de distribution de Paris-Invalides a été sélectionné pour être un « site d’expérimentation » de la « conduite du changement ». En clair, il sera le premier bureau à subir une réorganisation (officielle) depuis le Grand dialogue. Il y est prévu 11 suppression d’emplois. Mais, attention, la « méthodologie » ne serait pas la même !

Dans les centres financiers, la Banque Postale vient d’annoncer une nouvelle « mutualisation » d’activités, entraînant la suppression des services Valeurs mobilières et Instruction des dossiers de crédit dans certains centres, avec à la clé 80 « reprises d’emplois ».

Le bulldozer des réorganisations est donc reparti. La seule concession de la direction est que le personnel devrait, théoriquement, avoir un délai minimum de deux ans entre deux réorganisations. Au bout de six mois, le « Grand dialogue », n’a même pas accouché d’une souris. Reste la mobilisation des postiers pour imposer la grande confrontation, cette fois. Halte aux suppressions d’emplois !

Thierry FLAMAND, 14 septembre 2012

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Numéro 83, septembre-octobre 2012

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