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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 40, juillet-août 2005

Des livres...

À la redécouverte d’Irène Némirovsky

Mis en ligne le 4 juillet 2005 Convergences Culture

Suite française

Denoël

Les chiens et les loups

Albin Michel

La vie de Tchékov

Albin Michel


Qui connaissait Irène Nemirovsky avant l’attribution en 2004 du prix Renaudot pour « Suite française », 62 ans après sa disparition à Auschwitz ? Irène Nemirovsky n’a été un écrivain de renom en France que dans l’entre deux guerres. Paradoxalement, elle fut aussi louée en cette période par des milieux d’extrême droite, lesquels ont fait leur bonheur, non pas de la description en général des rapports des hommes et des femmes à l’argent et de la quête de la réussite sociale - thème omniprésent dans pratiquement tous ses romans - mais de ce qu’elle en disait entre autres des milieux juifs. Sans pour autant les renier : « C’est cela les miens ; c’est cela ma famille » écrivit-elle dans « Les Chiens et les Loups ». Elle-même était issue d’une famille de banquiers juifs ayant fui l’Ukraine après la révolution.

« Suite française » est un roman inachevé. Pour cause de déportation vers les camps de la mort. Il dépeint sans complaisance dans sa première partie l’Exode de juin 40, lorsque toute une population, à l’exception des plus démunis, avait fui en débandade devant l’avance des troupes allemandes et l’occupation imminente de la capitale. Dans la seconde partie, le livre donne une image des premières années de l’Occupation et des relations des troupes allemandes avec la population française. On ne peut s’empêcher de penser que s’il a fallu tant d’années avant que ce roman inachevé paraisse, ce n’est peut-être pas dû seulement à la difficulté de remettre la main sur le manuscrit ni à le mettre en forme, mais aussi parce qu’il aurait fortement dérangé dans les années qui suivirent la fin de la guerre.

Le roman « Les chiens et les loups » commence à Kiev, dans cet empire des Tsars dans lequel la population juive était assignée à vivre dans la « zone de résidence » et où ses ressortissants n’avaient pas le droit d’habiter certaines villes. Il y avait ceux qui s’entassaient misérables « dans la ville d’en bas » et subissaient l’horreur des pogromes, suscités par les autorités chez les non moins misérables populations chrétiennes. Et il y avait ceux de « la ville d’en haut », ces quelques familles auxquelles la réussite sociale et l’argent avait permis d’échapper à la condition de la masse juive. Le destin d’enfants de l’un et l’autre milieu se croise à l’époque des pires exactions. Dans la seconde partie du roman, les héros se retrouvent, adolescents et adultes, avec les barrières sociales d’origine. Mais il leur reste en commun dans la mémoire un même fond, celui de l’oppression du passé, des préjugés du présent, véritable maître d’oeuvre de ce fameux « caractère juif »

L’œuvre d’Irène Némirovsky ne se cantonne pas à décrire le milieu juif. Nombre de ses romans se rapportent à la bourgeoisie, la petite bourgeoisie française, liés ou pas à la finance, ou encore aux ex-propriétaires terriens russes blancs échoués en France. Une bonne partie a été rééditée après l’attribution du prix littéraire.

À noter également, cette fois au chapitre des biographies, « La vie de Tchékov » du même auteur, une analyse pénétrante de ce grand de la littérature russe.

Louis GUILBERT

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