Lundi soir, Macron déclarait « la guerre » au Coronavirus : tous au combat et tous confinés, quelles que soient les conditions de chacun, sous peine d’amende. Il réclamait « l’union nationale » pour débloquer aux entreprises des centaines de milliards de fonds publics (nos impôts, quoi) afin de financer les pertes des entreprises, le chômage partiel, les annulations et reports de charges fiscales, etc. Le tout, pour poursuivre « l’effort économique », dans l’intérêt du patronat.
La chair à virus et les profiteurs de guerre
Et oui, sans travail pas de profits. Le délégué président du Medef, Patrick Martin, s’en est ému hier : « Les entreprises ne sont plus en mesure de poursuivre leurs activités sous la pression des salariés ». Les salariés auraient-ils pris au sérieux les menaces de contamination ?
En effet nous n’avons pas envie de mourir, d’attraper le virus, de contaminer notre entourage ou nos collègues. Comme le dit un salarié au journal Le Monde : « Nous, les ouvriers, on nous dit : “Allez travailler !” alors que les cadres travaillent depuis chez eux ». Or malgré l’hypocrite consigne présidentielle et les prétendues annonces de fermetures de sites, des milliers d’entreprises qui ne sont pas d’utilité vitale, forcent leurs salariés à venir travailler, comme dans la chimie ou l’automobile (constructeurs et équipementiers) et ailleurs. D’autant que chez les mastodontes de l’économie, mais aussi dans le secteur public, les mesures les plus « simples » ne sont pas respectées : les salariés travaillent souvent sans pause, sans gel hydro-alcoolique, sans masque, sans gants.
« Pénurie » dit-on : il en manque déjà cruellement au front dans les hôpitaux ou le nettoyage, mais aussi parce que PSA par exemple les revendiquent pour produire des voitures à Mulhouse ou à Vesoul ! Comme dans toute guerre, il y a la chair à canon et il y a les profiteurs.
Forçons les patrons à appliquer les consignes sanitaires
Au vu des droits de retrait qui se multiplient à juste titre partout en France et qui virent parfois au débrayage, Macron vole au secours des capitalistes, mais c’est à la population et aux salariés de tout le pays qu’il fait la morale.
Mardi soir, Édouard Philippe s’est permis de déclarer qu’il n’est pas question d’interdire les licenciements, même en période de confinement. Les droits de retrait seront laissés à l’appréciation de l’employeur. Mercredi, le ministre de l’économie Bruno Le Maire déclarait sur BFM : « sécurité sanitaire et sécurité économique doivent aller de pair ! ». Toujours leur « en même temps » ! Sauf que justement, la sécurité sanitaire ne va pas avec la sécurité des profits.
Un syndicat des artisans du bâtiment a d’ailleurs rétorqué à la ministre du travail qui parlait de « défaitisme » : « …ils comptent sur les bons petits soldats du bâtiment pour aller au front, en prenant des risques inconsidérés pour leur santé mais aussi pour la santé de leurs clients… » Et que devraient dire les centaines de milliers de salariés qui n’ont pas le droit d’aller voir leur mère ou leurs amis, mais qui doivent aller travailler les uns sur les autres pour la santé économique de leur patron ?
Pendant que la pandémie progresse, 89 nouveaux décès rien qu’hier, la meilleure réponse ce sont encore ces droits de retrait partout en France : à la Poste, aux usines PSA, chez Valeo, aux Chantiers de Saint-Nazaire, chez Amazon ou dans les transports, malgré les menaces, et contre aussi la baisse de revenu avec un chômage partiel à 84 %.
Tout cela sonne aussi comme une ébauche de « contrôle ouvrier », au moins sur l’application des consignes sanitaires, ce qui exerce une vraie pression sur le patronat et le gouvernement. Et c’est ce qui les fait paniquer.
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