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Une suite, mais pas à leur traîne !

4 octobre 2005

La journée d’action syndicale du 4 octobre, à laquelle appelaient toutes les confédérations, a été un succès. Quand les travailleurs montrent leur mécontentement, c’est l’éclipse, la vie au ralenti. Tout particulièrement dans les services publics de transport, nettoyage, santé, éducation. Dans une moindre mesure, dans les entreprises du privé - sauf dans celles où la colère est grande face à de nouveaux plans de licenciements connus ou mijotés. Et il n’y a pas que les plus grosses comme Hewlett-Packard, Sony, la Samaritaine, Nestlé ou la SNCM. La participation à la grève a été visible. La participation aux manifestations aussi, dans de nombreuses villes. Le million de manifestants décompté lors de la journée du 10 mars dernier a été dépassé. La palme revient à Marseille, Bastia et Ajaccio, où le gouvernement assumant dans le conflit de la SNCM les basses œuvres patronales par commandos militaires et flics en tous genres interposés, a soudé entre eux les grévistes de la SNCM et des activités portuaires, soutenus par une immense solidarité populaire sur les deux rives de la Méditerranée. Mais il y a eu aussi Toulouse, Brest, Grenoble, Rouen, Besançon, et presque partout, une mobilisation notable du privé.

Les revendications ? Partout les mêmes : l’augmentation des salaires, surtout face aux augmentations faramineuses de prix des logements ou des carburants ; l’embauche massive, surtout face aux suppressions de postes dans les services publics, aux licenciements dans le privé, aux radiations et privations d’allocations auxquelles concourent Anpe et Assedic ; la fin de tout statut précaire, surtout face à ce scélérat « contrat nouvelle embauche » de Villepin qui accorde 2 ans de liberté de licencier aux patrons des petites entreprises ; enfin, face à l’augmentation du forfait hospitalier et à la franchise de 18 euros pour tout acte médical de 91 euros (en plus de l’euro imposé pour toute consultation), qui pénalisent les plus pauvres, les travailleurs veulent bénéficier d’un service public dont le coût ne soit pas prohibitif et ségrégatif.

La journée fut donc un franc succès. Mais c’est une lapalissade de dire que « le problème de la journée du 4, c’est le 5 » ! On attend effectivement la suite ! Et force est de reconnaître que celles proposées jusque-là ne sont guère du meilleur aloi.

Il y a la « suite » telle que l’entendent des « partis de gauche ». L’Humanité du 3 octobre s’est félicitée d’un « fait nouveau » : à savoir que « les quatre partis : Verts, LCR, PCF et PS » aient signé ensemble un texte appelant à participer à la journée syndicale du 4. Et la grande presse de souligner que le PS, unanime pour le coup, saisit l’opportunité de se refaire une petite virginité. Ses dirigeants, toutes tendances confondues, ont organisé avec prudence (et gardes du corps) leur participation aux défilés. Et les voilà de dénoncer les bas salaires et les privatisations qu’ils ont orchestrés quand ils étaient au gouvernement ! Si cette gauche gouvernementale prend ainsi son bain de rue, c’est pour préparer la prochaine élection de 2007 et un come-back rêvé au gouvernement - pour y mener la même politique anti-ouvrière qu’elle a toujours menée. Rien de très étonnant, certes, si ce n’est qu’on se demande un peu quand même ce que fait la LCR dans cet appel commun ?

Il y a la « suite » telle que l’entendent les dirigeants syndicaux. Ils y songent, ont-ils dit. Mais en quels termes ? Malgré les bulletins de victoire, aucune nouvelle échéance n’a été fixée sur le champ aux participants de cette journée. Et c’est à de Villepin (et non aux travailleurs) que Bernard Thibault s’est adressé, pour lui demander « une bonne réponse » d’ici 15 jours. Le semblant d’ultimatum peut paraître « radical », à ceci près qu’il ne concerne que... l’ouverture de négociations. Dans un communiqué publié avant le 4, la direction de la CGT appelait déjà à ce que « cette mobilisation trouve d’importants prolongements » pour préciser que lesdits prolongements seraient que « le gouvernement et le patronat (acceptent) l’ouverture de négociations sur les revendications qui s’expriment ». Et si encore il s’agissait pour les leaders confédéraux d’aller poser fermement sur la table les quelques grands points d’un programme d’urgence pour tous les travailleurs, avec vrai ultimatum avant relance de la mobilisation ? Mais pas du tout. Jean-Claude Mailly, leader de FO, qui avait jugé positive la journée précédente du 10 mars, parce qu’elle avait permis des négociations dans 4 à 5 branches professionnelles, précise maintenant que la tâche doit continuer puisqu’il y a au total 200 branches professionnelles ! A raison d’une journée tous les 6 mois et 5 branches par journée... on en a encore pour 20 ans, pas moins ! 20 ans à continuer à être tous attaqués, lentement mais sûrement, les uns après les autres, branche après branche...

Alors, ni la suite concoctée par les appareils politiques « de gauche » ni celle des bureaucraties syndicales n’en sont pour les intérêts des travailleurs. Deux pièges au contraire. Après ce point marqué de la journée du 4, il faut que la pression ouvrière s’exerce dans les entreprises et les quartiers pour qu’une nouvelle journée se prépare, et pas pour les calendes grecques. Thibault donne 15 jours à de Villepin ? Aux militants et grévistes du 4 octobre, et à tous ceux qu’ils auront encouragés, de donner 15 jours aux dirigeants syndicaux pour fixer une nouvelle échéance. Pas dans 7 mois, comme entre le 10 mars et aujourd’hui. Les revendications populaires ne peuvent plus attendre.

Michelle VERDIER

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