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Bolivie

Une revanche de la bourgeoisie blanche raciste ?

Mis en ligne le 10 décembre 2019 Convergences Monde

De nombreux commentateurs ont mis en avant les déclarations racistes de Jeanine Áñez, la présidente par intérim autoproclamée, et celles de Luis Fernando Camacho, ancien dirigeant des Jeunesses Crucénistes, et les drapeaux aymaras, les wiphalas, brûlés publiquement. Certains n’hésitent pas à en tirer la conclusion qu’on risquerait d’assister au retour d’un pouvoir raciste blanc à caractère colonial comme celui qui a sévi jusqu’au milieu du vingtième siècle. On assisterait donc à un affrontement entre une population indienne dirigée par Morales et une bourgeoisie blanche revancharde. La réalité est beaucoup plus complexe. Dans un pays où 85 % de la population est métis ou indienne, l’établissement d’un pouvoir ouvertement raciste, hors la région de Santa Cruz où la domination d’une bourgeoisie blanche n’a jamais cessé, parait tout à fait invraisemblable. Jeanine Áñez, face aux réactions hostiles, s’est d’ailleurs empressée d’embrasser la wiphala devant les caméras. Fernando Camacho quant à lui, dit Macho Camacho, le « Bolsonaro bolivien », pour briguer la présidence de la république aux prochaines élections, a choisi comme candidat à la vice-présidence un élu municipal indien de Potosí, Marco Pumari. Cette association en binôme n’est pas une nouveauté. Le président Gonzalo Sánchez de Lozada, dit Goni, avait lui-même comme vice-président Victor Hugo Cardenas, ancien dirigeant katariste (nationaliste indien). Et García Linera, le vice-président de Morales, est aussi… un ancien guérillero katariste. Le katarisme, on le voit, mène à tout…

On compte en Bolivie 36 nations indigènes reconnues par la Constitution mise en place par Morales et disposant théoriquement de droits sur leurs territoires. Cette population indienne et ses très nombreuses organisations sont très divisées, en premier lieu en fonction d’intérêts locaux, mais aussi de rivalités clientélistes. La désignation des futurs notables, sources de prébendes, compte souvent bien davantage que les enjeux nationaux. En jouant systématiquement sur la corde de « l’indianisme », du moins en paroles, tout en entrant en conflit avec des communautés indiennes en raison de sa politique « extractiviste » d’exploitation maximum des richesses minières [1], Morales a largement contribué à exacerber ces contradictions, à diviser sa base sociale et à en jeter une partie dans les bras de divers démagogues de droite. 


[1En 2012, par exemple, un conflit éclatait à Mallku Khota, dans la région de Potosí, entre des communautés mobilisées contre une entreprise minière canadienne et les futurs bénéficiaires de ce projet. Ces communautés revendiquaient la création d’une entreprise communautaire gérée selon les « us et coutumes ». Les affrontements firent un mort, de nombreux blessés, des prises d’otages. L’arrestation du principal leader des opposants, Cancio Rojas, pourtant personnalité officielle du MAS, fut ressentie comme un « emprisonnement politique » décidé par le gouvernement Morales.

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