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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 30, novembre-décembre 2003

Un courrier de Laurent Lévy

Mis en ligne le 8 novembre 2003 Convergences Politique

A la suite de la tribune publiée par la Fraction dans l’hebdomadaire Lutte ouvrière et intitulée « C’est le voile qui exclut », nous avons reçu au site de Convergences révolutionnaires, le mail suivant de Laurent Lévy, le père des deux lycéennes exclues du lycée d’Aubervilliers.


Ce qui me surprend chez des révolutionnaires, c’est l’abandon de la lutte idéologique au profit de mesures administratives, de police et de répression. Comme si les professeurs des élèves en cause, parmi lesquels des militants révolutionnaires, se sentaient incapables de mettre à profit leur année scolaire pour s’occuper de ce que ces gamines ont « dans » la tête, plutôt que de ce qu’il y a « dessus ». Ce n’est certainement pas hors de l’école qu’elles se libéreront le plus facilement de leur aliénation.

Pour mémoire : un extrait d’un célèbre texte de Friedrich Engels intitulé « Le programme des émigrés blanquistes de la Commune » (1873)  :

« L’athéisme est une chose allant à peu près de soi dans les partis ouvriers européens, bien que dans certains pays il ait le même caractère que l’athéisme de ce bakouniniste espagnol qui a déclaré : « Croire en Dieu est contraire à tout socialisme, mais croire à la Sainte Vierge c’est différent, tout socialiste qui se respecte doit croire en elle. » On peut même dire de la grande majorité des ouvriers social-démocrates allemands que l’athéisme est pour eux une étape franchie ; cette définition purement négative ne leur est plus applicable, car ils s’opposent à la croyance en Dieu pratiquement et non plus théoriquement ; ils en ont fini avec Dieu, ils vivent et pensent dans le monde réel et c’est pour cela qu’ils sont matérialistes. Il en va sans doute de même en France. Sinon, quoi de plus simple que de diffuser parmi les ouvriers l’excellente littérature matérialiste du siècle passé, littérature qui est jusqu’à présent, tant par la forme que par le contenu, un chef-d’œuvre de l’esprit français, et qui - compte tenu du niveau de la science à l’époque - est toujours infiniment élevée quant au contenu et d’une perfection incomparable quant à la forme. Mais ce n’est pas à la convenance des blanquistes. Pour prouver qu’ils sont les plus radicaux de tous, ils abolissent Dieu par décret, comme en 1793 :

« Que la Commune débarrasse à jamais l’humanité de ce spectre de ses misères passées (Dieu), « de cette cause » (Dieu inexistant serait une cause !), de ses misères présentes. Dans la Commune il n’y a pas de place pour le prêtre ; toute manifestation, toute organisation religieuse doit être proscrite. »

Et cette exigence de transformer les gens en athées par ordre du mufti est signée par deux membres de la Commune qui ont certainement eu l’occasion de constater que, premièrement, on peut écrire autant d’ordres que l’on voudra sur le papier sans rien faire pour en assurer l’exécution et que, deuxièmement, les persécutions sont le meilleur moyen d’affermir des convictions indésirables ! Ce qui est certain, c’est que le seul service que l’on puisse rendre encore, de nos jours, à Dieu est de proclamer l’athéisme un symbole de foi coercitif et de surpasser les lois anticléricales de Bismarck sur le Kulturkampf, en prohibant la religion en général. »


Nous sommes d’accord avec Laurent Lévy et Engels sur le fait que l’on ne décrète pas l’athéisme et qu’on l’impose encore moins par des mesures coercitives. Le problème est que, dans les affaires de voile à l’école, pas plus à Aubervilliers qu’ailleurs, il ne s’agit d’athéisme ni de religion mais de l’oppression des femmes sous couleur de religion. Et si en effet la lutte idéologique convient seule dans le cas de l’aliénation des esprits, il faut d’autre moyens dans la lutte contre l’oppression, pression contre pression, interdiction contre interdiction, voire violence contre violence. Pour pouvoir s’occuper de ce qu’il y a dans les têtes, le rôle des profs effectivement, encore faut-il que ces têtes soient accessibles. Or pour les réactionnaires islamistes (comme en d’autres temps les chrétiens) le voile a pour mission de rendre les filles inaccessibles… aux hommes comme aux idées.

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Réactions à cet article

  • Je ne comprend pas très bien ce que Laurent Lévy pense du port du voile. S’il est convaincu qu’il faut que les femmes se libèrent de leur aliénation, a-t-il incité ses filles à retirer le voile pour qu’elles puissent retourner au lycée ? L.

    extrait du courrier de Laurent Lévy : « Comme si les professeurs des élèves en cause, parmi lesquels des militants révolutionnaires, se sentaient incapables de mettre à profit leur année scolaire pour s’occuper de ce que ces gamines ont « dans » la tête, plutôt que de ce qu’il y a « dessus ». Ce n’est certainement pas hors de l’école qu’elles se libéreront le plus facilement de leur aliénation. »

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  • « Or pour les réactionnaires islamistes (comme en d’autres temps les chrétiens) le voile a pour mission de rendre les filles inaccessibles... aux hommes comme aux idées. »

    Ce commentaire rédactionnel est étonnant en plusieurs points :

    Premièrement, la rédaction nous propose ici un procès d’intention systématique du port du voile. Elle considère en effet que porter le voile ne peut être qu’une contrainte exercée par un mâle « réactionnaire islamiste » sur une femme soumise et privée de volonté.

    Personnellement, en particulier chez des adolescentes, quand l’esprit et la raison sortent enfin de l’enfance, j’ai pu constater plusieurs motifs personnels conduisant à ce mode d’expression :

    - une révolte identitaire assumée, assimilable à la prise de conscience du Black Power.

    - le refus d’être perçue comme un pur objet sexuel. Soustraire sa corporéité au regard des mâles est aussi un moyen de les obliger à percevoir l’intellect au delà d’un simple gadget sexuel. Par les temps qui courent, et la régression navrante que l’on peut percevoir dans l’attitude masculine vis-à-vis des femmes, je ne peux que saluer une telle attitude.

    - la soumission à des préceptes culturels et religieux.

    Considérer systématiquement que le port du voile est un signe de soumission religieuse, est donc à mon sens un amalgame indu.

    Deuxièment, je ne pense pas que le voile rende inaccessible aux idées. Que je sache, le voile n’empêche ni de voir ni d’entendre.

    En revanche, priver quelqu’un de l’accès aux lieux où les idées s’expriment, c’est rendre les idées inaccessibles à ce quelqu’un. En agissant de la sorte, l’état, les écoles, les directeurs et professeurs complices de cet ostracisme se rendent coupables de non-assistance à esprit en danger.

    En effet, puisque nous parlons d’enfants, nous pouvons aisément considérer qu’elles portent le voile soit par la contrainte de l’autorité parentale, soit par un conditionnement éducatif. En privant ces enfants d’école, on les prive du contact d’autres opinions, d’autres idées, d’autres cultures. Nous contraignons ces filles à ne connaître comme éducation que celle de leurs maîtres. Adieu les lumières, adieu la libération, adieu le combat contre l’aliénation. Nous nous faisons les complices actifs de leurs bourreaux, elles ne seront jamais confrontées aux idées libératrices.

    Comment la France a-t-elle pu penser que c’est en bannissant des enfants de leurs écoles qu’elle favoriserait leur intégration ?

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    • l’ecole est en france l’ecole de la republique y a pas a tergiverser. mAINTENANT vous qui pensez pour les filles voilees pensez plutot pour celles qui ne le sont pas et qui ne le veulent pas et vous rendrez un fier service a la liberte de penser car la liberte j’ai lu ca quelquepart c’est la conscience de ce qui est necessaire et refusez les voiles islamiques a l’ecole est necessaire il y a des ecoles cOnfessionnelles dans cette republique LAIQUE.LE ROLE des militants revolutionnaires c’est de soutenir les combats contre l’alienation religieuse en autre et nous devons soutenir les victimes et pas les bourreaux en leur pretant une oreille complaisante.iL Y A ASSEZ DE LITTERATURE sur les femmes musulmanes qui ont subit cet enfermement pour penser un seul instant qu’il s’agit de propos non reflechi.Non a la complicite criminelle il faut etre a cote de ces femmes qui denoncent leur bourreau et ne plus faire semblant de« voir ».

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