Aller au contenu de la page

Attention : Votre navigateur web est trop ancien pour afficher correctement ce site internet.

Nous vous recommandons une mise à niveau ou d'utiliser un autre navigateur.

Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 101, septembre-octobre 2015 > Grèce : Syriza, du gouvernement « anti-austérité » au reniement

Syriza, du gouvernement « anti-austérité » au reniement

6 octobre 2015 Convergences Monde

Suite à la démission d’Aléxis Tsípras le 20 août dernier, de nouvelles élections ont eu lieu dimanche 20 septembre. Avec 35,47 % des suffrages exprimés, Syriza devance la droite de Nouvelle démocratie de quelque 7 %. Tsípras a obtenu 145 députés, soit 4 de moins qu’au lendemain des élections de janvier, et n’a donc toujours pas la majorité absolue (151 sièges) : il a reconduit la coalition avec le parti de droite souverainiste Anel de Pános Kamménos.

Tsípras s’était fait élire en janvier dernier en promettant de sortir de la politique d’austérité. La majorité de la population avait massivement confirmé son choix du refus de l’austérité au référendum organisé par Tsípras en juillet dernier. Une semaine plus tard, Tsípras reniait ses engagements précédents en signant le « troisième mémorandum », le pire qui ait jamais été imposé à la population déjà saignée par les précédents plans de « sauvetage ».

Ce reniement de Tsípras avait provoqué une fronde dans les rangs mêmes de Syriza, les frondeurs ayant par la suite scissionné de Syriza pour créer l’Unité populaire.

Au lendemain de la victoire de Tsípras aux élections de septembre, les dirigeants européens de tous bords se sont réjouis – ils se seraient d’ailleurs tout autant réjouis de la victoire de la droite puisque n’étaient de toute façon placés en situation de gouverner que des partis décidés à mettre en œuvre la politique imposée par l’Union européenne. Tous se sont félicités de la faiblesse du score obtenu par l’Unité populaire – 2,86 % et aucun élu. Les dirigeants européens voient donc dans ces résultats la résignation du peuple grec, ce qui ne peut que les encourager à accentuer les attaques qu’ils mènent contre les travailleurs, non seulement en Grèce mais dans tous les pays de l’Union européenne.

C’est cependant ignorer un peu vite la progression de l’abstention. De 37,5 % lors des élections de janvier et du référendum de juillet, elle est passée à 43,4 % cette fois-ci. En maintenant son score en pourcentage, Syriza a ainsi perdu plus de 300 000 voix depuis le mois de janvier, sur deux millions. Au total, les partis pro-mémorandum ont perdu 800 000 voix en sept mois, davantage que la progression de l’abstention. Une partie significative des travailleurs et de la jeunesse qui avaient des illusions électorales les ont perdues et rien ne dit que les jeunes et les travailleurs grecs sont résignés, en tout cas vont le rester durablement. Les dirigeants de l’Unité populaire – parmi lesquels d’anciens ministres de Tsípras – ne peuvent proposer que la politique qu’a menée Tsípras avant son reniement... et qui s’était de toute façon avérée impuissante à desserrer l’étau de l’austérité.

Cela rend d’autant plus nécessaire pour les révolutionnaires de construire des partis se battant sous leur propre drapeau, refusant tout repli ou toute « solution » nationaliste et mettant au contraire en avant un programme de luttes pour les travailleurs, non seulement en Grèce mais dans ces pays européens où les dirigeants pensent avoir les mains libres... Si, demain, un réveil de la jeunesse jette dans les rues des centaines de milliers de jeunes et s’avère susceptible d’entraîner les travailleurs, les révolutionnaires ne pourront y jouer un rôle que s’ils ont défendu leur propre politique avant. C’est vrai en Grèce comme ailleurs.

Est-ce qu’un tel réveil se produira bientôt ? Personne n’en sait évidemment rien. Mais c’est la seule hypothèse qui vaille pour définir la politique des révolutionnaires aujourd’hui.

23 septembre 2015

Mots-clés : | |

Imprimer Imprimer cet article