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Révolution !, documentaire de Hugues Nancy et Jacques Malaterre

19 juillet 2021 Article Culture

Disponible jusqu’au 11 septembre 2021 sur www.france.tv


Ce docu-fiction en deux épisodes d’un peu moins d’une heure chacun a le même nom qu’une bande dessinée sortie en 2019 [1]. Et ce n’est peut-être pas un hasard, tant dans les deux cas, on vit la révolution là où elle bouillonne, à hauteur de faubourgs parisiens.

L’ensemble est réalisé comme un reportage caméra à l’épaule dans le faubourg Saint-Marcel, le quartier pauvre des rives de Bièvre où travaillaient de nombreuses lavandières. On y voit évoluer le peuple de Paris à travers la trajectoire de trois personnages : Gabrielle, une lavandière justement, Jonas, un ouvrier de la manufacture des Gobelins et Athanase, un comptable des barrières d’octroi qui frappent les marchandises d’une taxe à leur entrée dans la capitale et contre lesquelles les Parisiens vont se lever.

Quelques grandes figures – Robespierre, Marat, Danton – sont certes interviewés, mais seulement comme appui à la trame générale des évènements dans laquelle le peuple des faubourgs vient inscrire son action. On voit comment se prépare la prise de la Bastille et la marche sur Versailles en octobre 1789, qui ramène la famille royale à Paris, comment l’insurrection du 10 août 1792 qui fait tomber la monarchie est préparée par une première invasion du palais des Tuileries le 20 juin.

On voit surtout comment les habitants des faubourgs deviennent des sans-culottes, comment les 48 sections parisiennes se constituent et se transforment de simples circonscriptions administratives en une véritable force politique. Force politique qui impose, entre autres, le droit de vote pour tous les hommes – et pas seulement pour les plus riches comme le voulaient les bourgeois révolutionnaires de 1789 – et le droit de se réunir en permanence pour délibérer et contrôler leurs représentants.

Il n’y a pas, comme souvent dans ce genre de documentaire, d’opposition manichéenne entre la « bonne » révolution de 1789 et la « mauvaise » de 1793, entre la Déclaration des droits de l’homme et la Terreur. Les réalisateurs nous montrent comment, pour pousser la révolution plus loin et battre les contre-révolutionnaires, le peuple impitoyable des faubourgs est obligé de monter d’un cran dans ses exigences et dans son activité. Au point de bousculer, fréquemment, ceux qui le représentent mais qui se satisfont de l’acquis.

On ne comprend pas très bien, d’ailleurs, comment ces sections parisiennes finissent par s’éteindre. Certes, la révolution broie les énergies comme le montre très bien le deuxième épisode, mais c’est loin d’être suffisant pour comprendre le recul du mouvement populaire à partir de la deuxième moitié de 1793. Car si Robespierre n’appelle pas à la rescousse les sans-culottes lorsqu’il perd le pouvoir en juillet 1794 – évènement très bien raconté, qui montre que pour Robespierre, le « droit à l’insurrection » devait rester un droit ! –, c’est le point final de toute une politique qui a bridé l’élan révolutionnaire des masses.

Il aurait fallu une tout autre perspective, en fait une autre époque, que celle de Robespierre pour que les sections prennent l’entière mesure de leur potentiel. Mais la détermination des sans-culottes reste un modèle pour les révolutionnaires d’aujourd’hui !

Bastien Thomas

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