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Des livres pour répondre à la soif de comprendre l’Ukraine

La guerre en Ukraine a donné lieu ces derniers mois à la publication d’ouvrages sur l’histoire du pays et tout particulièrement ses liens avec la Russie voisine, aujourd’hui l’agresseur. Vlad le destructeur : Pourquoi l’Ukraine ne veut pas être russe ? demandent Michel Juffé et Vincent Simon ; Russes et Ukrainiens, les frères inégaux , titre Andreas Kappeler ; Jamais frères ? interroge l’historienne Anna Colin Lebedev. Nous avons lu ces ouvrages et en avons fait une présentation sur notre site. Une histoire qui se réécrit dans le feu des événements. La guerre entre la Russie et l’Ukraine à la suite de l’invasion par l’armée de Poutine, si elle a lieu sur le terrain de l’Ukraine, a pour cadre plus large les rapports de force entre les grandes puissances impérialistes (Russie comprise évidemment) qui rivalisent pour le partage permanent des marchés et des matières du monde contre les intérêts des travailleurs et des peuples.

Plus généralement, ces auteurs, chacun à sa façon, défendent la perspective d’une Ukraine indépendante, fédérative, membre de l’Union européenne. S’il est juste de demander le retrait inconditionnel des troupes russes de toute l’Ukraine, il ne pourrait advenir une paix juste et durable que si les prolétaires russes et ukrainiens se tendaient la main et s’opposaient vigoureusement à leurs propres dirigeants. Leur alliance serait la meilleure garantie de voir surgir demain une Ukraine indépendante et socialiste – notre propre perspective – qui serait débarrassée de ses capitalistes oligarques et permettrait à chacun de parler la langue de son choix – ou les deux et bien d’autres !

Sur notre site, vous trouverez les critiques détaillées de ces trois livres :

• Vlad le destructeur : Pourquoi l’Ukraine ne veut pas être russe, de Michel Juffé et Vincent Simon - L’élan des mots, 2022, 168 p., 15 €
• Russes et Ukrainiens, les frères inégaux, d’Andreas Kappeler - Éd. du CNRS, 2017, traduction française en 2022, 230 p., 22 €
• Jamais frères ? Ukraine et Russie : une tragédie postsoviétique, d’Anna Colin Lebedev - Seuil, 2022, 224 p., 19 €

Décès de l’écrivain Russell Banks, un auteur engagé

Russell Banks est mort le 7 janvier 2023 à l’âge de 82 ans. Présenté comme l’écrivain de la classe ouvrière américaine, des petites gens, il en racontait les difficultés à travers des personnages qui luttent contre l’injustice. [1]

Des origines modestes et un passé d’activiste de gauche

Russell Banks est né dans le Massachusetts, dans une famille ouvrière. C’est par la fréquentation des bibliothèques qu’il est venu à l’écriture. Il vit de petits boulots, celui de plombier notamment, puis va finalement à l’université. On est en 1964, il rejoint les rangs des étudiants engagés dans la lutte pour les droits civiques puis dans la lutte contre la guerre du Vietnam. Il devient professeur à l’université : « j’étais meilleur enseignant que plombier » dit-il. Il s’oppose à la guerre en Irak, affirme qu’en dehors du symbole, important, de l’élection d’un Noir à la tête du pays, les mandats d’Obama n’ont rien changé à la politique des États-Unis et soutient la campagne de Bernie Sanders. À la question de savoir s’il se définit comme un écrivain américain, il répond : « je suis citoyen américain… mais je ne me sens pas nationaliste, en aucune façon… Le nationalisme est une forme de maladie mentale. »

Une œuvre très diverse faite de romans ancrés dans une réalité sociale et historique

Ici quelques titres d’une œuvre immense, dont un des points communs est l’origine sociale modeste de ses personnages.

Continents à la dérive (1985), met en parallèle les destins d’un réparateur de chaudière et d’une jeune Haïtienne qui fuit la violence et la pauvreté de son pays pour rejoindre l’Amérique de ses rêves. Affliction (1989), dénonce les valeurs viriles mythifiées par une certaine culture américaine. De beaux lendemains (1991), est le récit de l’arrivée d’un avocat dans un village où de nombreux enfants sont morts dans un accident d’autocar. Le roman a été adapté au cinéma sous le même titre par Atom Egoyan en 1997. Pourfendeur de nuages (1998), raconte la vie de John Brown, abolitionniste, responsable de l’attaque armée de l’arsenal fédéral en Virginie en 1859. Brown et ses fils furent pendus. Brown, personnage réel, était considéré par Malcolm X et d’autres, comme un héros de la lutte contre l’esclavage. Dans American Darling (2004), une femme de près de 60 ans revient sur sa vie, de sa jeunesse militante pour les droits civiques à sa fuite au Liberia en Afrique où la population livrée aux guerres sanglantes entre clans sur fond de liens de dépendance du pays et plus largement de l’Afrique avec les États-Unis. Lointain souvenir de la peau (2011), suit un jeune exclu, accusé de pédophilie.