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Hommage à Samuel Paty

Quand le gouvernement place les profs en terrain miné

10 novembre 2020 Article Politique

Le gouvernement n’avait cessé de le clamer haut et fort dans tous les médias durant les quinze jours de vacances scolaires : l’hommage rendu à Samuel Paty le jour de la rentrée serait d’une solennité inoubliable, dans tous les établissements scolaires de France, et la République serait aux côtés de « ses enseignants »… Dans le même temps, les propos xénophobes de ce même gouvernement ne cessaient de jeter de l’huile sur le feu, de Darmanin fustigeant la « nourriture communautaire » dans les supermarchés à Blanquer mettant en cause le monde universitaire en général, et les sciences sociales en particulier, comme participant à la montée du « séparatisme ».

À la veille de la rentrée, les enseignants ont appris qu’on leur refusait les deux heures de réunion avant l’arrivée des élèves, qui leur auraient permis d’échanger sur cet assassinat pour le moins traumatisant pour la profession, et de discuter de ce qu’ils pouvaient dire à leurs élèves, pour leur faire partager leur émotion, et surtout, les faire réfléchir. Mais du côté du ministère de l’Éducation, il n’était pas question de réflexion ! Loin de toute liberté pédagogique, il avait déjà balisé le terrain, en martelant que les enseignants ne devaient axer leurs propos que sur une vision de la laïcité très réductrice [1], et devaient tous lire une lettre de Jean Jaurès écrite à destination des instituteurs et institutrices de la fin du xixe siècle, et donc difficilement compréhensible pour la plupart des élèves. De plus, un passage en avait été censuré !… qui mentionnait l’excès d’évaluations et contrôles à l’école, au détriment de l’initiative du maître ! De quoi cibler Blanquer et son « évaluationnite » aiguë, à tous les niveaux, comme ses E3C, les nouveaux examens de contrôle continu du bac…

Dans ce contexte, la rentrée n’a donc pas été facile pour les enseignants. Dans un certain nombre de classes, ils ont pu entendre des propos dont la teneur a choqué celles et ceux qui étaient sous le coup de l’émotion après la mort d’un des leurs dans l’exercice de son métier… Le ministère et les médias relaient ces incidents : des jeunes sont déférés au parquet pour « apologie d’acte terroriste ». Autant on ne peut pas laisser dire que Samuel Paty n’aurait eu que ce qu’il méritait, ou laisser proférer des menaces à l’égard de professeurs, autant il est évident que ce gouvernement, loin d’aider à apaiser la situation, mine sans cesse le terrain par des discours qui ne visent qu’à semer la haine. Il laisse les enseignants en première ligne, en tentant de leur imposer un rôle de missionnaires républicains, bien loin de toute réflexion critique sur la société dans laquelle nous vivons, d’exploitation et d’inégalités criantes, qui ne peuvent que susciter un profond sentiment d’incompréhension et d’injustice chez de nombreux élèves.

Lydie Grimal

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