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Pierre Bois : une vie de militant ouvrier communiste révolutionnaire

Les Bons Caractères, 222 p., 15 €

19 février 2021 Article Culture

Cet ouvrage intéressant retrace la vie personnelle et militante (les deux sont imbriquées) de Pierre Bois (1922-2002), qui, jeune ouvrier, fut le dirigeant de la grande grève de l’usine Renault en 1947, qui marqua la vie politique et sociale française après la Deuxième Guerre mondiale.

Pierre Bois, issu d’un milieu populaire (mère « bonne placée à Paris », père maçon, adhérent au Parti communiste 1923-1933) adhéra à quinze ans aux Jeunesses communistes.

Pendant la Deuxième Guerre mondiale, par l’intermédiaire d’un copain d’enfance, il découvrit et partagea les idées trotskystes et rejoignit le groupe Union communiste, connu également sous le nom de sa revue, La Lutte de classe.

Dans la situation politique d’après-guerre, marquée par l’entrée de ministres communistes au gouvernement et par la politique de la CGT (« retroussons nos manches, ça ira encore mieux ! »), le groupe Lutte de classe décide, dès 1945, de faire militer des camarades dans la forteresse ouvrière qu’était Renault à Billancourt. C’est le cas de Pierre Bois, après un passage à l’usine Citroën.

Il fut un des dirigeants de la grève déclenchée le 25 avril 1947 par un comité de grève pour revendiquer une augmentation générale des salaires de dix francs de l’heure. Cette grève dut faire face à l’hostilité du patronat autant qu’à celle de la CGT. L’histoire de cette lutte forme l’essentiel de ce livre dans lequel est insérée une brochure rédigée par Pierre Bois en 1971, La grève Renault d’avril-mai 1947, et contenant, en annexe, des tracts du comité de grève, de la CGT et des articles de journaux.

Pierre Bois revient aussi sur l’histoire et la vie de ce petit groupe trotskiste, l’Union communiste, dont se réclament toujours aujourd’hui Lutte ouvrière et la Fraction l’Étincelle du NPA. Il raconte l’intervention politique et syndicale de cette poignée de militants sur l’usine Renault. Il explique de son point de vue, les divergences qui éclatèrent en son sein et qui amenèrent la fin de cette organisation.

Il explique aussi les divergences avec les autres organisations trotskystes comme le PCI (section française de la 4e Internationale) ou la collaboration temporaire avec d’autres militants révolutionnaires non trotskystes (se réclamant de Socialisme ou Barbarie, du courant libertaire ou des abondancistes) sur l’usine Renault pour y éditer des tracts et des petits journaux d’usine.

On ne peut que regretter que ce livre – dont la rédaction finale date de mai 1998 – s’arrête, assez curieusement, à la fin des années 1950 avec la création du groupe Voix ouvrière, dont Pierre Bois fut un des dirigeants. C’est-à-dire qu’il ne couvre qu’une grosse vingtaine d’années d’une vie militante qui s’étendit sur largement plus de soixante ans. Pourtant, jusqu’à la fin de sa vie, il fut un des animateurs du travail politique d’implantation en entreprise à Lutte ouvrière. Et il sut faire profiter de son expérience d’ouvrier de chez Renault, de militant politique et d’animateur de la grève historique d’avril-mai 1947, de très nombreux militants d’usine. Dommage qu’il n’effleure qu’en passant, voire passe sous silence, cette période de quarante ans de sa vie politique qui virent la création et le développement de Lutte ouvrière dans des périodes agitées mais riches d’enseignements comme la guerre d’Algérie ou Mai 1968.

Ce que montre aussi ce livre, c’est que, même dans les périodes de recul, un travail révolutionnaire au sein de la classe ouvrière en général – et des usines en particulier – est non seulement possible, mais indispensable.

15 février 2021, Paul Galler

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