Aller au contenu de la page

Attention : Votre navigateur web est trop ancien pour afficher correctement ce site internet.

Nous vous recommandons une mise à niveau ou d'utiliser un autre navigateur.

Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 144, mars 2022

NON aux « méga-bassines » : L’eau, un bien commun vital à préserver

Carte : Le Marais poitevin, entre Niort et La Rochelle. Sur le bassin versant des rivières Sèvre Niortaise et Mignon, 6 % des agriculteurs seraient raccordés pour un projet de méga-bassines qui cumule 70 % de financements publics, soit 45 millions d’euros pour 52 millions d’euros d’investissement !


Les bassines ? Mais c’est quoi, les bassines ? Le public a découvert le problème quand, au sud du Marais poitevin, en septembre 2021, des centaines de manifestants ont entravé une construction à Mauzé-sur-le-Mignon (au sud du département des Deux-Sèvres). En novembre, nous étions 3 000 pour la prise et le démontage d’une bassine illégale près de Mauzé. La construction de seize bassines est prévue sur le bassin de la rivière Sèvre Niortaise, avant la généralisation du dispositif au territoire national en particulier dans les Pays de la Loire et en Nouvelle-Aquitaine : nouvelle version de l’irrigation intensive déjà contestée dans le Tarn à Sivens [1] ou récemment à Caussade (dans le Tarn-et-Garonne, en Occitanie).

Dans le Marais poitevin, le combat est engagé pour stopper cet accaparement de l’eau au détriment de la qualité et du partage de ce bien commun. Mais le gouvernement s’obstine et accorde des dérogations permettant la poursuite des travaux.

Les « bassines » : ces grands cratères de stockage d’eau

Les méga-bassines sont de grands cratères de stockage d’eau, creusés jusqu’à huit mètres de profondeur, au fond plastifié, entourés d’une digue de près de dix mètres de hauteur, d’une surface de 8 à 18 hectares. Elles sont remplies essentiellement par pompage dans les nappes phréatiques. Les méga-bassines ne se remplissent pas avec de l’eau de pluie. Par contre, dans les bassines l’eau pompée stagne et sa qualité se dégrade (eutrophisation).

Avec le soutien actif de l’État, la FNSEA et leurs promoteurs les présentent comme indispensables face au changement climatique. En réalité, elles vont servir à irriguer les monocultures intensives d’une minorité de grosses exploitations agricoles destinées aux usines de méthanisation, à alimenter la spéculation sur les marchés internationaux ou à des élevages hors-sol. C’est une fausse solution au changement climatique, comme le démontre la Confédération paysanne. [2] 

Il existe d’autres solutions d’irrigation qui économisent la ressource et accompagnent une agriculture respectueuse des écosystèmes, comme les retenues collinaires (de plus petite taille, perméables et remplies par l’eau de ruissellement) ou l’irrigation gravitaire traditionnelle.

Les méga-bassines accaparent l’argent public pour une poignée d’agriculteurs, dont l’objectif est le business et qui choisissent de continuer des cultures gourmandes en eau et dopées aux pesticides (comme le maïs). En plus de l’épuisement et de la pollution des nappes phréatiques, cette forme d’irrigation accentue les accaparements fonciers et la spéculation sur les terres.

Finalement, chacun d’entre nous, en payant sa facture pour la distribution et le traitement de l’eau, et par les subventions publiques à ce mode d’irrigation intensive, nous contribuons à financer l’agro-industrie qui accentue le changement climatique et ses sécheresses.

11 mars 2022, Élise Moutier


Les 25-26-27 mars 2022 à la Rochénard (79), participons nombreux aux trois jours de fêtes, de rencontres et d’actions dans le Marais poitevin ! Un week-end pour danser, et danser encore, contre les « méga-bassines », l’agro-industrie et son monde ! [3]


[1Mort de Rémi Fraisse, lors de la manifestation du 26 octobre 2014 contre le barrage de Sivens.

Mots-clés : |

Imprimer Imprimer cet article