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Face à l’urgence climatique, une seule solution : la révolution !

19 août 2021 Article Monde

(Photo : manifestation à Paris, 2019, copyright : Photothèque Rouge /JMB.)

Les conclusions du Groupe d’experts intergouvernemental pour l’étude de l’évolution du climat (GIEC) rendues lundi 9 août sont alarmantes : les activités humaines, en lien avec le développement du capitalisme et de l’industrialisation depuis le xixe siècle sont à l’origine d’un changement climatique global qui pourrait remettre en cause la capacité de l’espèce humaine à habiter de nombreuses zones de la planète ; le pire serait encore évitable – à condition de contenir le réchauffement du globe à moins de 1,5 °C – en réduisant drastiquement et immédiatement les émissions de gaz à effet de serre (GES), CO2 et méthane notamment. Les scientifiques du GIEC s’en remettent donc aux États et aux responsables économiques pour atteindre cet objectif. Autant demander à un loup de ne plus manger de brebis !

Il y a le feu… les maisons brûlent

Les conclusions de ce rapport ont une résonance d’autant plus grande que le monde est actuellement ravagé par la multiplication d’événements climatiques extrêmes que les scientifiques mettent en lien avec le changement climatique : incendies géants à l’ouest de l’Amérique du Nord, autour de la Méditerranée et en Russie, inondations et pluies diluviennes en Allemagne, en Belgique et en Inde. Quant aux sécheresses au sud de Madagascar, elles conduisent en ce moment même à la mort par famine enfants et adultes, menaçant près d’un million de personnes, tandis que les dirigeants corrompus et les entreprises capitalistes, notamment françaises, continuent le pillage des ressources et l’exploitation forcenée de la population de l’île.

Si ces catastrophes touchent l’ensemble de la planète, de la Californie au Bangladesh, les premières victimes sont les populations les plus démunies, en particulier celles des pays pauvres, dont les gouvernants sont moins préoccupés par la protection contre les aléas climatiques que par la volonté de s’enrichir en permettant aux entreprises des pays impérialistes et aux bourgeois locaux de piller ces pays.

Nouveauté : le rapport rendu par le GIEC informe que le changement climatique est plus rapide que prévu. Quid alors de la lenteur des chefs d’États et des gouvernements à réagir ? Depuis trente ans que les alertes sonnent sur l’augmentation à l’échelle mondiale de ces émissions de GES ?

Les États complices des pollueurs

Il y a quelque chose de pathétique et d’angoissant à voir ces scientifiques, en chœur avec les associations de défense de l’environnement, demander continuellement aux gouvernements de faire amende honorable et d’agir. Car, bien loin de défendre un prétendu intérêt général, les États se sont construits et sont taillés sur mesure pour défendre la propriété privée des moyens de production et les profits qu’en retire la bourgeoisie. Or, ce sont ces capitalistes qui dirigent l’économie ; qui décident de ce qu’on produit, pour qui, comment, en quelle quantité et dans quelles conditions ; non pas en fonction des besoins de la population ou de soucis environnementaux, mais en fonction des profits qu’ils escomptent. Dès lors, toute mesure qui mettrait en péril la rentabilité se heurte au mur du profit.

Ainsi, on a pu voir récemment Biden inviter les grands constructeurs automobiles américains à la Maison-Blanche. Derrière les annonces ronflantes sur la production de 40 à 50 % de voitures électriques d’ici 2030, l’objectif n’était sûrement pas d’imposer un calendrier en fonction d’objectifs climatiques mais plutôt de « laisser aux usines existantes le temps de se moderniser sans abandonner les actifs » [1]. Autrement dit, de s’assurer que la transition vers la voiture électrique se fera sans impacter les profits des groupes automobiles. Et si on les laisse faire, transition rimera avec restructurations, suppressions d’emplois, licenciements, précarisation, baisse des salaires, etc. Sans même parler de la voiture électrique en tant que perspective écologique… Rien de moins sûr !

La petite musique du « tous responsables »

La taxe sur le carburant voulue par Macron et qui a déclenché le mouvement des Gilets jaunes s’inscrit dans cette logique. En partie seulement, puisque seulement un tiers des sommes qu’elle aurait permis de dégager aurait été alloué à la prétendue transition écologique. Quand la protection de l’environnement sert de prétexte pour faire les poches des travailleurs en les faisant passer pour des consommateurs immodérés et coupables… Comme si on avait le choix de prendre ou non la voiture pour aller travailler quand l’augmentation du prix des logements pousse toujours un peu plus loin des villes ; quand l’offre en transports en commun est insuffisante et hors de prix ! Ainsi, les éditorialistes se creusent les méninges sur la manière de convaincre ou d’imposer aux travailleurs de se serrer la ceinture. Récemment, celui du Monde s’inquiétait de « la capacité des responsables politiques à préparer les Français aux mutations profondes que nécessite la lutte contre le réchauffement climatique » [2]. Pendant ce temps, les détenteurs de yachts, ceux qui voyagent entre leurs différentes propriétés en jet privé et vont maintenant pouvoir s’offrir des voyages touristiques dans l’espace, tout ce beau monde peut dormir sur ses deux oreilles.

Faire les poches des travailleurs ou renverser le pouvoir des riches ?

Face à l’urgence climatique, certains partis tentent d’apparaître comme des alternatives. Cette crise devient pour ces opportunistes une occasion d’accéder au pouvoir. Ainsi, Julien Bayou, secrétaire national d’Europe Écologie Les Verts, affirme : « Il ne faut plus influencer les décideurs mais les remplacer » [3]. Diantre ! Il serait bon de rappeler à sa mémoire défaillante que le parti qu’il dirige a déjà participé à plusieurs gouvernements, sous Lionel Jospin et François Hollande, sans que nous gardions une trace mémorable de son action en faveur du climat. Depuis un certain Brice Lalonde, ministre de l’Environnement de François Mitterrand en 1988, il est d’ailleurs passé bon nombre d’« écolos » dans des fauteuils ministériels – probablement de plus en plus ergonomiques – pour appuyer quelques avancées d’un « capitalisme vert », là où des transitions technologiques s’avéreront profitables, mais quoi d’autre ?

Mélenchon peut paraître plus radical en parlant de planification écologique. Tout comme le mouvement Extinction Rébellion qui appelle à la désobéissance civile. Mais, parce qu’ils sont incapables d’envisager que la propriété privée des moyens de production soit abolie et l’économie réorganisée par les travailleurs eux-mêmes en fonction des besoins de la population, les uns comme les autres se condamnent à subordonner la lutte contre le changement climatique à la sauvegarde des profits et de la propriété. Ainsi, en dernière analyse, ils sont bien meilleurs protecteurs du capitalisme que de l’environnement ou au mieux n’ont comme perspective qu’une impasse.

La question n’est donc pas celle du « savoir », de la seule prise de conscience, études après études, de la nécessité de changements radicaux. La question est celle du « pouvoir », de la force collective et organisée capable d’imposer ces changements en bousculant la loi du profit, et, finalement, de renverser le capitalisme. Seuls les travailleurs de la planète, qui produisent toutes les richesses et occupent les postes clés de la machine économique, en ont le pouvoir et devront organiser ce grand chambardement.

Arthur Sylvestre

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