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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 125, mars-avril 2019

Leur violence, pas la nôtre

Sur une journée d’étude organisée par Chronique ouvrière

Mis en ligne le 29 mars 2019 Convergences Politique

Chronique ouvrière [1], association d’analyse et de débats militants animée par Pascal Moussy, pour la défense – juridique et au-delà – des travailleurs, organisait le samedi 16 mars un colloque à la Bourse du travail de Paris. L’intitulé en était quelque peu énigmatique : « La défense des travailleurs marquée par la confrontation permanente entre la manipulation patronale et l’agit-prop ». Mais il était bel et bien question de la réalité de la lutte de classe et de la violence patronale mal dissimulée par la novlangue d’origine patronale, en particulier par les concepts aseptisés de « dialogue social », « collaborateurs », « partenaires sociaux »… La sociologue Anne Dufresne en a décortiqué les origines.

Il a aussi été question, dans ce colloque, de la déréglementation des horaires de travail dans le commerce. Karl Ghazi, secrétaire de la CGT-Commerce de Paris, a raconté les multiples façons dont les patrons de Sephora et autres chaînes du grand commerce présentaient le travail du dimanche ou de nuit comme un avantage pour les consommateurs et les salariés... une arnaque évidemment. Comme le sont les changements de législation, et de vocabulaire y afférent, en matière de réorganisations. Ce que Pascal Moussy a développé. Des « plans de sauvegarde de l’emploi », qui ne sauvegardent rien à part le profit des actionnaires, aux nouveaux accords dits de performance collective visant à imposer aux salariés des sacrifices, avec l’aval de syndicats complaisants, et sans le moindre engagement sur l’emploi, les gadgets du patronat se multiplient qui aboutissent à ces charrettes de départs au « forçariat », comme disent les ouvriers de chez PSA.

Marie-Laure Dufresne-Castets, avocate engagée, a abordé la question de la « violence », de plus en plus imputée aux travailleurs mobilisés dans les entreprises. Quid des patrons, fauteurs d’accidents du travail, de cancers liés à l’amiante ou de vagues de licenciements ? Des salariés mobilisés sont condamnés à des peines toujours plus lourdes, pour dissuader de la lutte ou punir ceux qui ont arraché de petites victoires, tandis que les millions d’infractions commises par les patrons restent impunies… Preuve en est le pourcentage dérisoire des procès-verbaux dressés par l’Inspection du travail auxquels la justice donne suite : dans certains départements, comme la Seine-Saint-Denis, moins de 18 %.

Pénalisation, criminalisation des luttes. Le débat a été volontairement placé en phase avec le mouvement des Gilets jaunes, particulièrement matraqués, interpellés, condamnés... Les lois s’empilent, l’arsenal juridique s’enrichit, jusqu’à la nouvelle loi dite « anti-casseurs » de Macron, dans la foulée des lois « anti-bandes » de Sarkozy, en 2010. Il s’agit de faire peur, d’instaurer on ne sait quelle responsabilité collective, c’est-à-dire de condamner une personne en dehors de faits précis qui lui sont personnellement incriminés.

Un point largement partagé par les participants à ce débat : le droit est bien un droit bourgeois, celui d’une classe, même si on peut tenter d’en utiliser les arcanes dans l’intérêt des travailleurs. De plus en plus difficilement.

Joan Arnaud


[1Pour en savoir plus, sur le site comme sur le colloque : http://www.chronique-ouvriere.fr.

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