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Bolivie

Le secteur minier : de l’étatisation au capitalisme sauvage

Mis en ligne le 10 décembre 2019 Convergences Monde

À la suite de la révolution de 1952, qui expropria les barons de l’étain, les mines furent nationalisées et gérées par la Comibol (Corporación Minera de Bolivia). Les mineurs, fer de lance de la révolution, imposèrent des réformes sociales importantes, notamment en matière de droit du travail, de santé, de logement et de scolarisation des enfants. Les mineurs et leur puissant syndicat, la Fédération syndicale des travailleurs miniers de Bolivie (FSTMB), qui appartient à la Centrale ouvrière bolivienne (COB), jouèrent un rôle clé jusque dans les années 1980 où la baisse du cours de l’étain affaiblit ce secteur. Une politique de libéralisation de l’économie fut alors entreprise avec objectif de liquider la Comibol dont les effectifs passèrent de 30 000 à 7 000 aujourd’hui. Son poids a donc considérablement baissé par rapport au secteur coopératif et privé qui emploie plus de 70 000 mineurs.

Les « coopératives »

Non seulement Morales ne mit pas un terme à cette politique, mais il encouragea les coopératives minières regroupées au sein de la Fencomin. On comptait ainsi 1 642 coopératives en 2014, soit une augmentation de 700 % depuis 2006. Ces coopératives, possédées par une minorité de « socios » (associés) emploient des peones (manœuvres), parfois à la journée, dont de nombreux adolescents et enfants, pour des salaires dérisoires dans des conditions terribles. En une seule année, on a par exemple compté 120 morts dans les seules mines du Cerro Rico de Potosí, où il n’existe quasiment aucun équipement médical. Les cadres, contremaîtres et mineurs qualifiés sont généralement des métis, alors que les peones viennent de villages indiens et parlent parfois à peine l’espagnol.

Ces mines n’ont de coopératives que le nom. Bien souvent, des investissements capitalistes nationaux ou étrangers entrent dans leur capital. La politique de leurs patrons consiste à lancer des chômeurs misérables à l’assaut de terres riches en minerais (étain, or, argent) appartenant au secteur d’État ou à des communautés villageoises, ce qui donne parfois lieu à des batailles sanglantes. Ces patrons utilisent aussi « leurs » mineurs comme masse de manœuvre pour faire pression sur le gouvernement quand celui-ci parle d’imposer des réglementations. C’est ainsi par exemple qu’en août 2016, Rodolfo Illanes, vice-ministre de l’Intérieur fut lynché par des mineurs de coopératives de Panduro qui s’opposaient à des projets d’encadrement de leurs activités. La légalisation du travail des enfants à partir de dix ans résulte d’ailleurs très probablement de la pression de la Fencomin.

Le système minier de la Bolivie est donc beaucoup plus proche du capitalisme sauvage que de l’économie étatisée.

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