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Le gouvernement Sarkozy pratique l’immigration choisie !

17 mai 2007

Le départ de Jacques Chirac passe au second plan derrière l’arrivée tapageuse de son successeur. On a eu la « pause » de Sarkozy sur le yacht de l’ami friqué. On a maintenant le défilé dans ses salons de personnalités politiques et syndicales, de gauche comme de droite.

Sarkozy veut donc faire monter à bord, dans son futur gouvernement, des personnalités de gauche. Bernard Kouchner se verrait déjà ministre des Affaires étrangères. Hubert Védrine hésiterait. Anne Lauvergeon, mitterrandiste et PDG d’Areva pèserait le pour (la digne fonction) et le contre (un salaire bien inférieur aux 600 000 euros brut qu’elle aurait perçus en 2006). Claude Allègre hante les lieux aussi. Quant à Jean-Marie Bockel, maire de Mulhouse, il attendrait un coup de fil ! Tandis que Patrick Devedjian, un fidèle de Sarkozy, implore ironiquement l’ouverture gouvernementale jusqu’aux… sarkozystes. Dont lui évidemment !

Au Parti socialiste, ça grince des dents. On dénonce l’opération destinée à faire perdre des voix à la gauche aux législatives. Mais il ne s’agit pas que de péripéties politiciennes dénotant l’avidité d’aucuns à « aller à la soupe ». Ce coup de Sarkozy montre surtout l’interchangeabilité des hommes politiques et de leurs programmes. Rien d’un scoop d’ailleurs. L’ouverture du PS sur sa droite a marqué toute la campagne de Royal. Devenir un parti du centre. A l’instar de Blair en Grande-Bretagne. Depuis la défaite électorale, les partisans de cette voie ont même haussé le ton. Strauss-Kahn reproche à Royal de n’être pas allée assez loin dans ce sens. Hollande, lui, prône une nouvelle formation qui jetterait aux orties l’étiquette socialiste. Cap sur l’ouverture… mais le gros du peloton a été doublé par ceux qui ont fait l’échappée ! Même le choix des Verts de se présenter largement aux législatives sans accord avec le PS, s’inscrit dans la perspective de n’avoir aucun fil à la patte à l’égard de ce dernier, pour ménager d’autres alliances.

Mais quoi d’étonnant quand gauche et droite ont le même programme, la même ambition de défendre les intérêts des possédants ? Sarkozy ne propose rien d’autre que de poursuivre la politique du gouvernement dont il sort, qui poursuivait la politique des gouvernements socialistes précédents, sur une ligne à la Tony Blair vantée dans la campagne présidentielles autant par lui que par Royal.

Du côté syndical, Sarkozy veut tester la volonté de résistance des leaders… faible ! Ils ont répondu illico à l’invitation sans même y affirmer les revendications de salaire et d’emploi du monde du travail. Chérèque pour la CFDT s’est dit d’accord sur l’essentiel avec Sarkozy : « Il faut qu’on privilégie le dialogue, l’écoute, qu’il y ait le moins de grèves possibles, comme nous avons su le faire avec une belle démonstration, par exemple à la RATP » (allusion à l’accord anti-grève passé grâce à la CFDT dans le secteur il y a quelques années). Mais Thibault de la CGT n’a guère paru plus ambitieux ni ferme. Lui aussi s’est félicité de « la volonté d’écoute », de « l’assurance reçue qu’il n’y aurait pas de mesure unilatérale de prise ». La bonne blague, puisque Sarkozy se flatte précisément, au seul moyen d’un enrobage de façade, d’obtenir un feu vert des directions syndicales à ses attaques ! Contre le droit de grève dans les services publics qui devrait être remis en cause cet été. Contre la durée du travail en encourageant les patrons à recourir aux heures supplémentaires par un coup de pouce financier. Contre les retraites, en commençant par supprimer les « régimes spéciaux ». Contre l’emploi et le Code du travail en liquidant à terme les CDI.

La collusion avec des chefs syndicalistes ne serait pas une première. Rappelons-nous la belle entente, en 1995, entre la CFDT et le premier ministre Juppé du nouveau président Chirac. Rappelons-nous plus récemment l’accord de Bernard Thibault à la réforme des retraites d’EDF, décidée en vue de la privatisation de l’entreprise. Mais selon que les travailleurs ont réagi (dans le premier cas par une grève générale des cheminots et derrière eux des services publics) ou se sont contentés d’exprimer leur désaccord dans un « référendum » sur le statut, ils ont gagné ou perdu. Les travailleurs n’auront rien sans luttes.

Il est donc nécessaire de s’y apprêter. Pas seulement en disant qu’un jour, la classe ouvrière réagira. Certes. Mais dès aujourd’hui, Sarkozy et les milieux patronaux affûtent leurs couteaux. Dès aujourd’hui donc, les travailleurs et militants conscients doivent préparer la riposte, tisser les liens et entamer les actions nécessaires, dans les entreprises et les quartiers. Les militants d’extrême gauche peuvent et doivent conjuguer leurs forces à les y aider.

Michelle VERDIER

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