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La lutte chez FedEx-TNT, en Italie

6 mai 2021 Article Monde

Nous avons reçu ce courrier d’un camarade italien de la Tendenza Internazionalista Rivoluzionaria qui milite dans le syndicat de base SI Cobas. [1]


En janvier dernier, la multinationale américaine FedEx, spécialisée dans l’expédition et le suivi de colis express, a présenté un plan de 6 300 licenciements en Europe, dans le but de « redimensionner ses effectifs », suite à l’acquisition de sa concurrente TNT, en 2016. Cela a commencé par l’annonce de 671 licenciements (sur 1800 travailleurs) à Liège, en Belgique, où les travailleurs ont répondu par deux jours de grève, recevant le soutien des syndiqués du SI Cobas de FedEx à Piacenza (Plaisance), en Émilie-Romagne, qui étaient en lutte pour le renouvellement de leur contrat collectif et pour la garantie des emplois (environ 90 % des travailleurs de l’entrepôt sont syndiqués au SI Cobas).

Deux semaines de grève à Piacenza

La grève à Piacenza a duré deux semaines, avec un piquet qui a empêché l’entrée et la sortie des camions. Le 31 janvier, la police, en tenue antiémeute, est intervenue lançant des gaz lacrymogènes sur les travailleurs assis au sol, mais elle n’a pas pu débloquer les grilles parce que le piquet de grève s’est renforcé avec le soutien de travailleurs venus d’autres entreprises. C’est pourquoi FedEx a dû céder, et deux jours plus tard, une réunion s’est tenue à la préfecture, les travailleurs ont obtenu satisfaction à leurs revendications et la « coopérative » [2] qui gérait l’entrepôt ainsi que FedEx ont signé l’engagement de maintenir les emplois à l’entrepôt de Piacenza (280 travailleurs).

Répression policière

Cependant, le 9 mars à six heures du matin des policiers ont effectué des perquisitions au domicile de vingt-et-un travailleurs, saisissant des ordinateurs, des téléphones portables et des vêtements. Deux responsables syndicaux du SI Cobas ont été assignés à résidence, cinq travailleurs ont été interdits de séjour à Piacenza, tandis que six autres ont été informés d’une procédure de révocation de leur permis de séjour. En même temps que huit autres travailleurs, ils sont accusés d’« occupation illégale, résistance aggravée à la force publique, violences, et blessures corporelles ».

Lors d’une conférence de presse, le procureur a qualifié la lutte des travailleurs de FedEx-TNT d’actions violentes sans rapport avec l’activité syndicale, et le SI Cobas d’organisation ayant des objectifs et des méthodes d’action étrangères à la pratique syndicale, l’opposant aux confédérations CISL et CGIL (même si celles-ci n’ont pas de syndiqués chez FedEx-TNT à Piacenza). Samedi 13 mars, une manifestation nationale a été organisée à Piacenza, qui a réuni plusieurs milliers de personnes, en soutien aux travailleurs victimes de la répression.

Suppression de 800 emplois

Avec le soutien de la justice, FedEx a vidé l’entrepôt de Piacenza en déplaçant tout le matériel à traiter sur d’autres entrepôts, laissant les 280 travailleurs sans emploi pendant deux semaines, et a ensuite annoncé la fermeture définitive de l’entrepôt (qui sera remplacé en 2022 par un entrepôt en construction à Novara).

Depuis, FedEx a annoncé la restructuration de l’entreprise dans toute l’Italie avec la suppression des contrats de gestion d’entrepôts à des « fournisseurs » externes et le recrutement direct d’une partie seulement des travailleurs, en supprimant 800 emplois, et l’utilisation intensive de travailleurs précaires, sous contrats temporaires.

Aux États-Unis, FedEx, avec une dure campagne antisyndicale, a jusqu’à présent réussi à empêcher la syndicalisation de ses 200 000 employés. En Italie, où le droit du travail est différent, FedEx cherche à s’appuyer sur les syndicats « officiels », avec l’aide de l’État, pour combattre les syndicats les plus combatifs, en particulier le SI Cobas, qui représente la grande majorité des travailleurs de cette entreprise. À cette fin, FedEx a quitté l’association patronale FEDIT (dont font partie également d’autres géants de la logistique tels que GLS, BRT, DHL), une façon de revenir sur les accords signés avec le SI Cobas et l’AdL Cobas, dans ce secteur de la logistique à la pointe de la lutte ouvrière en Italie depuis dix ans (un secteur dans lequel 80 % des travailleurs sont des immigrés).

Mais FedEx est tombée sur un os

La fermeture de l’entrepôt de Piacenza a libéré les énergies des 280 travailleurs laissés à la maison, dont une bonne partie participe chaque jour à un piquet devant un entrepôt où les marchandises qui arrivaient à Piacenza ont été détournées.

Depuis plus d’une semaine, ils organisent un piquet avec l’aide d’autres travailleurs devant l’entrepôt FedEx de Peschiera Borromeo (près de Milan), malgré les interventions fréquentes de la police, et l’interdiction de séjour dans cette municipalité notifiée à quinze d’entre eux. Le piquet des travailleurs a également dû faire face à l’agression d’une soixantaine de membres d’une milice patronale.

Les travailleurs de FedEx-TNT de Piacenza, étaient en bonne place à la manifestation du 1er mai à Milan. Leur lutte est devenue un symbole de la résistance de classe en Italie. Le mardi 4 mai, les travailleurs de FedEx et une organisation de chômeurs de Naples ont occupé le siège romain du Parti démocrate et ont obtenu une entrevue avec le ministre du Travail.

Si le gouvernement continue de soutenir la multinationale américaine, la solidarité et la lutte devront être étendues au-delà du secteur logistique. La lutte contre la restructuration de FedEx-TNT est devenue une question politique, aussi bien pour le patronat que pour la classe ouvrière.

Milan, 5 mai 2021

Roberto


[1De multiples syndicats « de base » se sont créés en réaction au peu de combativité des confédérations syndicales (GCIl, CISL et UIL). Le SI Cobas est surtout présent dans le secteur de la logistique, où il dirige les luttes des travailleurs, en grande majorité immigrés. Les plus importantes luttes de ces dernières années. Une partie des militants d’extrême gauche milite dans les syndicats de base, tandis qu’une autre anime une tendance oppositionnelle au sein de la CGIL (d’environ 2 % des syndiqués).

[2En Italie, le travail précaire prend souvent la forme de « coopératives » (de services, de main d’œuvre…), qui sont en fait des sous-traitants des grandes entreprises.

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