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La fête de l’Huma est de retour, mais où en est le PCF ?

10 septembre 2021 Article Politique

Photo : Fabien Roussel et Olivier Faure en 2019. Copyright : Photothèque Rouge /JMB.

Un programme nationaliste et vaguement social

En présentant pour la première fois depuis 2007 et le score historiquement bas de Marie-George Buffet un candidat à la présidentielle, Fabien Roussel, le PCF cherche à se distinguer des autres partis de gauche. Mais pas de surprise. À son récent rassemblement de Malo-les-Bains, dans le Nord, Roussel a affirmé que « produire français, ce n’est pas un gros mot ! » Le PCF ne varie pas sa recette et poursuit sur sa ligne nationaliste. Les relocalisations tiennent une place importante dans les mesures proposées. La « souveraineté économique » ? Tout comme le préconise la France insoumise, une arme qui n’est pas au service des travailleurs, mais au service du patronat français. Tout comme les « projets industriels » proposés par la CGT au patronat de l’automobile ne sont que le pendant syndical de cette politique de la gauche réformiste, dont le PCF est depuis longtemps partie prenante.

Dans une interview à La Montagne parue le 5 septembre, Roussel affirme : « Ma candidature est une œuvre utile à la République », avant d’embrayer sur la nécessité de « maintenir un tissu industriel ». À aucun moment, il ne parle de la nécessité pour les travailleurs de s’organiser par eux-mêmes, de ne faire confiance qu’en leurs propres forces, par leurs grèves et leur combativité. C’est précisément en cela que sa candidature est « une œuvre utile à la République » bourgeoise, comme son tout récent livre intitulé Ma France, un condensé de chauvinisme. Roussel y parle de « transformer notre modèle économique » en mettant « l’humain et la planète » au cœur des préoccupations, mais ces mots vagues et grandiloquents masquent l’inoffensivité des mesures avancées par le PCF. Car ce n’est pas en se contentant de taxer les riches, ni en proposant au patronat une nouvelle politique industrielle, qu’on pourra inverser le rapport de force actuel et sauver la planète. Ni en envoyant au passage des fleurs à Biden comme l’ont fait Roussel et Mélenchon, le dirigeant du PCF allant jusqu’à dire le 30 avril sur France 2 : « J’ai l’impression qu’il a pris sa carte au Parti communiste français ! » Une façon d’être internationaliste… avec les autres gouvernements bourgeois !

Propos xénophobes et sécuritaires

Au printemps dernier, lors de la campagne pour les régionales à l’issue de laquelle le PCF a fait un score modeste sur fond d’abstention massive, Roussel affirmait par exemple le 10 juin sur Cnews : « Concernant ceux qui viennent en France et qui sollicitent le droit d’asile, quand ils l’ont, eh bien ils l’ont. Et s’ils n’ont pas vocation à rester sur le sol français, ils ont vocation à repartir chez eux. » Une position qui témoigne de la fracture entre l’engagement de militants du PCF pour le soutien et l’aide aux sans-papiers, et les choix de leur direction qui emboite le pas à Macron dans sa politique d’expulsion des migrants fuyant la pauvreté, la guerre et la violence.

Par ailleurs, sous prétexte de ne pas laisser ce thème aux réactionnaires de tout poil, Roussel a choisi de nous parler d’insécurité. Il s’est même rendu à une manifestation organisée le 19 mai par les syndicats policiers demandant plus de personnel et de moyens à l’éborgneur en chef Darmanin. C’est faire oublier que l’insécurité est d’abord sociale, que c’est elle qui est à la source de la délinquance et des agressions dans les quartiers populaires.

La dernière fois que le PCF est entré au gouvernement, c’était en 1997, dans le gouvernement de la « gauche plurielle » dirigé par Lionel Jospin. C’était un ministre PCF, Jean-Claude Gayssot, qui avait maintenu, entre autres, un plan de restructuration de la SNCF remettant en cause le statut du personnel, une attaque qui en annonçait d’autres, et dont celles de Macron comme le « pacte ferroviaire » en 2018 ne sont que les héritières.

Si le PCF n’est plus, depuis la fin des années 1920, le parti révolutionnaire susceptible de mener les travailleurs au pouvoir, les perspectives révolutionnaires et les idées communistes, elles, sont encore bien vivantes. Pour que la classe ouvrière s’en saisisse, il faudra discuter de ce que serait une tout autre politique que celle menée actuellement par la direction du PCF, afin de construire réellement ce parti des travailleurs dont l’absence se fait sentir dans nos luttes, à l’heure où Macron et les patrons n’en finissent pas de faire pleuvoir leurs attaques, à coup de réformes des allocations chômage et des pensions de retraite pour ne prendre que les plus récentes.

Martin Eraud

À propos de l’histoire du PCF, voir nos articles des 10 et 20 mai derniers : 10 mai 1981 : « On a gagné »… Vraiment ? et 1981-1984 : les lendemains qui déchantent

Lire également notre dossier paru en janvier 2021 : Il y a 100 ans, le congrès de Tours : la naissance du Parti communiste

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