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L’Algérie en mouvement

11 janvier 2002 Monde

Le 3 janvier dernier a eu lieu à Béjaia, la deuxième ville de Kabylie, une manifestation pour la libération des emprisonnés et contre les fausses négociations engagées par le pouvoir. Le succès important de cette première manifestation de 2002 (la presse algérienne a fait état de centaines de milliers de personnes) a rappelé que 9 mois de répression, 107 morts, des milliers de blessés et de multiples opérations de division et de démoralisation n’ont pas réussi à casser la révolte contre le « pouvoir assassin », ainsi que les révoltés eux-mêmes le désignent.

La révolte d’avril 2001

Tout a commencé l’année dernière dans deux villages de Kabylie où les forces de gendarmerie s’en sont prises aux jeunes de façon violente.

Le 18 avril, Massinissa Guermah, lycéen de 20 ans, est exécuté de sang-froid à l’intérieur d’une gendarmerie à Béni-Douala, près de Tizi Ouzou. Criblé de 12 balles, il est mort deux jours plus tard. La politique du pouvoir a été d’emblée de jeter de l’huile sur le feu par ses déclarations et par l’aggravation de la répression. Le 20 avril, le ministre de l’intérieur justifie la mort du jeune Guermah en traitant la victime de voyou. Le 22 avril, suite à l’arrestation et au tabassage de trois lycéens accusés d’avoir lancé des slogans contre le pouvoir, des émeutes éclatent à Amizour, région de Béjaïa. Le 23 avril, émeutes à Beni Douala. Du 25 au 27 avril, devant des manifestations qui gagnent une grande partie de la Kabylie, les gendarmes tirent à balles réelles faisant déjà 9 morts et le 29 avril le bilan est de 29 morts. Les forces de l’ordre ont certainement la consigne de ne pas faire de quartier et tirent dans le dos des manifestants ou sur des passants. Très vite, le pouvoir passe aux représailles sur la population. Il a décidé de se lancer dans l’escalade émeutes/répression. Il espère probablement que la Kabylie va partir sur des mots d’ordre régionalistes berbères, classiques en Kabylie, ce qui permettrait de justifier la répression et d’éviter tout risque d’extension.

« Assez de misère et de chômage ! »

« Pouvoir assassin ! »

« A bas la dictature ! »

Ce que le pouvoir avait prévu ne s’est pas produit. La jeune génération est bien sûr pour les droits culturels berbères mais elle a d’autres priorités en tête.

On ne peut pas vivre dans la dignité sans un minimum de bien-être. On ne peut pas vivre avec une telle misère et un tel manque d’espoir. On ne peut pas être sans cesse sous la coupe de forces de l’ordre qui affichent un tel mépris. Mieux vaut se révolter que s’enterrer silencieusement. Les jeunes clament : « nous avons faim, nous ne voulons plus du chômage, de la misère, du mépris et de la corruption !  ». Un manifestant de la wilaya de Béjaia déclare à un journaliste du Matin : « Il est faux de croire que la révolte a éclaté pour revendiquer (la langue) tamazight. Nous ne voulons plus de cette malvie, de la hogra, du chômage, de la crise du logement et de la corruption ». Dès le début les jeunes révoltés, de très jeunes lycéens, des chômeurs, clament : « du travail et du pain ! », « il y en a marre de la misère ! », « des logements ! », « on n’est pas des mendiants ! », « assez de corruption ! », « assez du mépris (la hogra) ! », « assez de marginalité, on veut la dignité ! », « assez du chômage ! », « pouvoir assassin ! », « dehors les forces de l’ordre ! », « à bas la dictature ! ».

La réaction des jeunes de Kabylie aux violences des forces de l’ordre, « mieux vaut mourir que vivre sans dignité », donne le ton et entraîne vite la solidarité de nombreux adultes. Les émeutes deviennent de véritables batailles rangées entre manifestants et gendarmes. Malgré la propagande de la télévision qui prétend qu’il s’agit de régionalisme, le reste du pays peut se rendre compte que la révolte est sociale et dirigée contre le pouvoir. Et surtout, le peuple algérien apprend que le pouvoir n’est pas parvenu à écraser la révolte, ce qui montre qu’il devient possible de lutter.

Une révolte sociale et politique où les partis traditionnels sont discrédités

Les révoltés disent clairement que leur but est le renversement des généraux. Pourtant, tous les partis politiques implantés en Kabylie ont été d’emblée mis à l’écart du mouvement. Les jeunes rejettent toutes les organisations sociales et politiques de Kabylie qui les appellent au calme. Non seulement les partis qui participent au gouvernement, des libéraux aux islamistes, mais aussi les partis traditionnels de la Kabylie, le FFS et le RCD [1].

Rien d’étonnant en ce qui concerne le RCD qui participait encore au gouvernement pendant les deux premières semaines de la révolte et de la répression sanglante et qui en est sorti à contrecœur et complètement discrédité auprès des jeunes émeutiers. Bien entendu, il n’en est sorti que dans le but de s’investir dans le mouvement pour le dévoyer ou le contrecarrer, comme il le fait actuellement. Le FFS, bénéficiait d’un crédit important parce qu’il était resté dans l’opposition, mais il avait finalement accepté de participer aux institutions locales et régionales, rompant son boycott traditionnel pour satisfaire les appétits de postes de ses notables. Il avait ainsi démontré que ses élus se comportaient exactement comme les autres : clientélisme, coupure entre les élus et le peuple, corruption, etc.

De jeunes émeutiers sont allés mettre le feu à certains locaux de ces partis dont les leaders, dépassés par les événements, avaient lancé des appels au calme tout en prétendant que les jeunes émeutiers étaient manipulés. Mais les plus révoltés des manifestants rappellent la leçon des luttes passées : à l’époque de la mobilisation populaire de la Kabylie sous l’égide du Mouvement Culturel Berbère, FFS et RCD, l’un et l’autre et l’un contre l’autre, avaient cassé le mouvement.

Les limites de la coordination inter-wilayas

C’est dans ce climat politique que la coordination inter-wilayas (c’est-à-dire interdépartementale) va se constituer. Toute la Kabylie se couvre de structures de base (des centaines) qui organisent le mouvement, choisissent des délégués locaux, puis régionaux et enfin des délégués à des conclaves de la coordination inter-wilayas pour toute la région (grande et petite Kabylie et même un peu au-delà). Cette structure sans direction se donnait pour but, selon ses partisans, d’éviter toute manipulation, en particulier par le pouvoir. En fait, il s’agit d’un système de délégation tournante.

La coordination des archs ou inter-wilaya, née le 8 mai à Béni Douala de la réunion de diverses coordinations locales, porte donc l’empreinte du discrédit des partis politiques et de celui encore plus grand de toutes les institutions. Non seulement celles du pouvoir central mais aussi celles des pouvoirs locaux, des responsables de communes et de départements (APC et APW).

Les motivations, les origines sociales ou politiques des délégués, sont très variées et vont même d’un extrême à l’autre. Devant la généralisation du mouvement des jeunes en Kabylie, certains adultes ont cherché comment éviter le bain de sang. D’autres ont surtout cherché un moyen de le canaliser, soit parce qu’ils appartenaient à des forces politiques hostiles à toute forme de subversion, soit parce que, membres de couches aisées de la population, ils souhaitaient un retour rapide au calme nécessaire aux affaires. Les politiciens les plus connus étant disqualifiés, ce sont d’autres moins connus qui ont pris le devant de la scène et ont animé des comités locaux, de quartier, dans les villes et de villages.

Les habits neufs des comités de village

C’est dans ce contexte que des militants syndicalistes de l’université et du secteur de l’éducation proches de l’extrême gauche ont eu la possibilité de prendre les devants à Béjaia. Ailleurs, les comités ont eu des couleurs aussi diverses que possible. Dans certains villages, on a redonné vie au vieux système du comité des sages, l’arch, qui réunit les anciens. Une solution peu susceptible au départ de représenter les jeunes et qui excluait les femmes ! En fait le mouvement a bousculé largement ceux qui prétendaient le représenter et ledit système de l’arch ressemble désormais fort peu à une réunion de vieilles barbes traditionnelles.

La dynamique du mouvement n’a pas été jusqu’à en faire de vraies assemblées générales permettant de réunir les habitants et les jeunes en lutte, choisissant des délégués élus et révocables, comme il eût été souhaitable. Ni d’ailleurs des assemblées permettant réellement de décider une politique pour le mouvement.

La rotation des délégués, ce n’est pas tout !

Le principe de rotation continuelle des délégués n’a pas permis de mettre ces délégués sous le contrôle démocratique des acteurs réels de la révolte ; en fait, il a surtout abouti à une absence de suivi des décisions tout en entretenant un flou intégral dans la stratégie des archs. Les délégués n’étaient pas les mêmes d’un conclave au suivant et ceux chargés d’appliquer une décision n’étaient pas les mêmes que ceux qui l’avaient prise. Si nombre de délégués étaient d’un réel dévouement à l’égard du mouvement, d’autres n’étaient parfois qu’une personnalité locale assez gonflée pour s’autoproclamer leader alors qu’elle ne jouait aucun rôle dans la mobilisation. Quant aux institutions et aux partis politiques que les révoltés voulaient écarter, ils ont vite trouvé dans cette rotation permanente le moyen d’envoyer comme délégués des gens à eux, moins en vue, pour infléchir la politique des archs ou éviter qu’ils en aient une en empêchant toute décision efficace. Le FFS a ainsi pu jouer le double jeu consistant à se démarquer des comités en public en dénonçant les archs, tout en envoyant des délégués qu’ils influençait dans les coordinations. Par contre, les travailleurs, représentés en tant qu’habitants des quartiers et villages, ne représentent pas leurs entreprises avec lesquelles il n’y aura pas de liaison, même quand elle sont en grève.

Malgré d’importantes difficultés d’organisation et leurs défauts, les archs ont cependant joué un rôle incontestable dans la coordination du mouvement, lui évitant au moins d’apparaître comme une somme d’initiatives locales. Leur principal travail a été l’organisation de grandes manifestations à Alger (en particulier celle du 14 juin qui a regroupé plus d’un million de manifestants) et la tenue de coordinations et de conclaves du mouvement.

Et les femmes ?

S’attaquer au pouvoir, c’est aussi faire en sorte que le mouvement fasse sien tous les objectifs des opprimés d’Algérie et, en tête de ceux-ci les femmes. C’est indispensable du fait que la division hommes/femmes est un outil du pouvoir et aussi parce que l’autre ennemi mortel du peuple algérien est l’intégrisme religieux qui joue de la division.

Les femmes manifestent…

Loin de faire de la libération de la femme un drapeau, le mouvement en Kabylie a accepté que les femmes ne participent que marginalement au mouvement, soi-disant au nom de la tradition des archs. Pire, la plate-forme d’El Kseur de la coordination a retiré la question du statut légal de la femme. Pourtant les femmes, loin d’être absentes avaient notamment marqué la mobilisation le 24 mai avec la manifestation de dizaines de milliers d’entre elles à Tizi Ouzou et à Azazga aux cris de « pouvoir assassin », puis le 4 juin avec la manifestation de 50 000 femmes dans les rues de Béjaia. En même temps, 3000 femmes marchaient à Azazga.

…mais la plate-forme de la coordination les oublie

Le combat des femmes n’est pas un combat à part comme l’ont prétendu certains pour écarter leurs revendications de la plate-forme du mouvement. Les gouvernants savent bien que l’oppression de la femme est nécessaire au maintien de la dictature politique et de la dictature sociale. Ils savent bien que dès lors que les femmes participeraient librement à la vie sociale et politique et activement à ses luttes, cela signifierait que les jours du régime militaire et de la clique au pouvoir seraient comptés.

Si l’intégrisme devrait avoir enseigné quelque chose, c’est que laisser les femmes se faire agresser par les barbus en 1990 a signifié laisser les hommes, les femmes, les enfants, les vieillards se faire ensuite massacrer par les mêmes fascistes lors de la guerre civile. Un homme qui opprime une femme ne peut être un homme libre au même titre qu’un peuple qui en opprime un autre ne peut être libre.

L’extrême gauche et le comité populaire de Béjaia

C’est surtout dans la deuxième ville de Kabylie, Béjaia, que des syndicalistes et des universitaires liés à des militants politiques d’extrême gauche, en particulier du PST (organisation proche de la LCR), ont réussi à jouer publiquement un rôle.

A l’origine de la première grande manifestation de Béjaia

Au début de mai, la coordination communauté-société civile qui regroupe universitaires, représentants des associations, des syndicats et des enseignants est la première à préparer une manifestation de soutien aux révoltés. C’est un succès important et les premières manifestations massives de Béjaia (des centaines de milliers de manifestants) influencent l’ensemble du mouvement et sont à l’origine du comité populaire de Béjaia et de toute la wilaya qui regroupera les délégués des quartiers, des syndicats, de l’université et des villages alentour.

Le 13 juin, un désaccord entre les comités de Tizi Ouzou et de Béjaia éclate au grand jour sur la plate-forme : le comité de Béjaia veut notamment maintenir l’abrogation du code de la famille. Dès le début Tizi Ouzou accuse Béjaia de connotation « partisane ». Il est clair qu’une partie des délégués de Tizi Ouzou, plus modérés, reprochent à ceux de Béjaia d’être proches de l’extrême gauche. Le pouvoir jouera à son tour sur le même registre, menaçant publiquement l’extrême gauche par la voix de son ministre de l’intérieur.

Les notables modérés contre les syndicalistes et l’extrême gauche

Effectivement, à Béjaia des militants d’extrême gauche, un peu implantés, ont fait des propositions plus radicales, parlent d’étendre le mouvement à toute l’Algérie au moyen d’une coordination nationale du mouvement. Ils contestent le 23 juin la décision que la manifestation d’Alger du 5 juillet soit réduite à une manifestation de délégués sous prétexte d’empêcher les violences du pouvoir. Des délégués de Tizi Ouzou et de Béjaia, en particulier ceux influencés par le FFS, commencent à dénoncer la présence de syndicalistes et de membres du CNES (enseignement supérieur) dans le comité de Béjaia. Des commerçants organisés à l’Union Générale des Commerçants et Artisans, des juristes, journalistes, avocats ainsi que de haut cadres, eux aussi organisés, dénient aux travailleurs le droit de participer aux délégations des comités s’ils sont dans des syndicats de salariés ! Ce qui déplaît à tous ces modérés et autres représentants de professions libérales, c’est que le comité populaire de Béjaia lance le débat sur l’avenir du mouvement, discute des perspectives. Un tel débat a eu lieu les 14 et 15 juillet. Les partisans d’un mouvement beaucoup plus modéré, sans participation de syndicalistes ni de l’extrême gauche, orchestrent le 17 juillet une scission au sein du comité populaire de Béjaia. Ils forment une « coordination intercommunale de Béjaia » au nom de l’unité du mouvement !

L’art et la manière d’évincer les révolutionnaires de la coordination

Cette intercommunale, dont le poids va provenir surtout de la capacité du FFS à influencer les villages et à les retourner contre les syndicalistes enseignants de la ville, décide de déborder le comité populaire par des actions d’éclat. Mais elle se garde bien de donner une perspective plus radicale sur le terrain social ou sur celui de l’extension de la lutte. En revanche, l’intercommunale obtiendra des conclaves du mouvement l’exclusion du comité populaire de Béjaia de la coordination inter-wilaya le 27 septembre, sous prétexte que certains de ses délégués sont des représentants de syndicats et pas des élus des comités.

C’est ainsi que l’extrême gauche a été évincée publiquement des organes représentatifs du mouvement, sans que, malheureusement, chacun puisse savoir ce que voulaient exactement ces militants révolutionnaires et en quoi ils se distinguaient précisément de la direction actuelle des archs.

Le mouvement se propage hors de la Kabylie, mais sans s’unifier

La révolte de Kabylie est parvenue à changer le climat social et politique dans l’ensemble du pays.

Elle a ouvert une nouvelle période après la guerre civile. Jusque-là, la population n’avait à choisir qu’entre deux maux : la terreur du pouvoir et celle des islamistes, les deux se partageant les rôles pour semer la mort et étouffer toute protestation. Jusqu’en avril 2001, les seules perspectives avancées par le régime, par le syndicat UGTA comme par les partis politiques, étaient de s’entendre avec l’un ou l’autre des camps de tueurs : les conciliateurs avec les islamistes, les éradicateurs avec le pouvoir militaire. Et tous prétendaient que dans la situation, toute lutte sociale était impossible. Les uns et les autres s’entendaient à juguler toute forme de contestation avant qu’elle ait débouché dans la rue.

Une révolte sociale multiforme

La révolte a démontré à toute la population que le pouvoir était beaucoup plus faible qu’il ne le prétendait. Dans la plupart des régions, une révolte sociale multiforme s’est aussitôt propagée : émeutes de jeunes, squats de logements sociaux, routes barricadées, sit-in devant les mairies et les préfectures pour protester contre tout ce qui va mal, salaires impayés, manque d’eau, d’électricité, de routes, d’emplois, etc.

Dans les mouvements qui ont éclaté aux quatre coins du pays, les islamistes ont cessé d’apparaître comme des leaders radicaux incontournables, quand ils ne sont pas apparus publiquement comme un soutien du pouvoir (par exemple dans les manifestations de la Kabylie à Alger). Si le piège sanglant dans lequel était enfermé depuis 1990 le peuple algérien, entre islamistes et pouvoir militaire, est peut-être en train d’être démasqué ou même, on l’espère, brisé, on le devra à la révolte de la jeunesse et du peuple travailleur d’avril 2001.

Cependant le mouvement actuel butte sur des limites régionales – la Kabylie restant organisée à part et la plus mobilisée – et la classe ouvrière n’y a joué aucun rôle particulier. Aucune force sociale ou politique n’a cherché à unifier et généraliser les différentes révoltes de façon à modifier durablement le rapport de forces et à contraindre le pouvoir à reculer réellement.

Mai et juin 2001 : l’extension

Pourtant, des possibilités d’étendre la mobilisation à tout le pays ont existé, notamment en mai-juin 2001 quand les émeutes ont gagné d’autres régions, en particulier l’est du pays.

Dès le 8 mai, le mouvement s’est étendu à l’Est avec la première manifestation à Batna. Le lendemain, un début d’extension à Oran était brisé dans l’œuf par les forces de l’ordre. Selon le journal El Watan, « Ces troubles menaçaient de s’étendre à toute la ville en ces temps où les citoyens affichent clairement leur mécontentement et leur désarroi. La situation est explosive, accentuée par une situation sociale totalement dégradée. » Le 24 mai, en même temps qu’une explosion de la rétolte dans la région du Sahel, à l’est de Béjaia, près de 6000 manifestants à Aïn Benian (région d’Alger) se solidarisent de la révolte en Kabylie. Le 9 juin, à Kenchela, des jeunes se portent au secours d’une femme agressée par un sous-officier ; les militaires organisent une expédition punitive contre les jeunes ; il s’ensuit une émeute. Du 10 au 12 juin, le mouvement de révolte se propage à l’est et au sud du pays : Annaba, Kenchela, Qaïs, Skikda, Dira, Guelma, Biskra, M’Sila, Constantine… C’est toute la jeunesse algérienne qui s’insurge contre la misère, le chômage, la hogra et la violence des forces de la dictature. Le 13 juin, en même temps qu’à Béjaia, les émeutes continuent dans les Aurès et dans d’autres régions (Kenchela, Batna...)

14 juin, un million de manifestants à Alger

Le 14 juin, un million de personnes manifestent à Alger à l’appel de la coordination. La répression est violente (6 morts et 500 blessés). Le pouvoir a envoyé des casseurs – sortis de prison pour l’occasion, ou supporters agités du club de football d’Alger – agissant sous la protection de la police. Des cogneurs et tueurs islamistes de certains quartiers ont également participé à la répression contre les manifestants : des scènes de lynchage ont eu lieu. Malgré son succès, la manifestation n’a pas servi à unir les différentes régions du pays. Personne parmi les délégués de la Kabylie n’a cherché à nouer le contact avec des manifestants venus d’autres régions en vue de préparer une suite à un autre niveau. Pourtant il y avait des manifestants venus non seulement d’Alger mais aussi d’Annaba, Oran ou Constantine. Pourtant il y eut aussi quelques mouvements locaux de solidarité avec la Kabylie, comme ce même 14 juin où plus d’un millier de manifestants ont répondu à l’appel de la coordination démocratique d’Oran en solidarité avec la révolte. Mais chacun est reparti de son côté...

C’est également le 14 juin que des familles d’Akbou squattent une vielle caserne. C’est le début d’un mouvement qui va mener à squatter les 200 logements construits en 1985 et restés inoccupés jusqu’en juin 2001 ! Ce mouvement d’occupation de logements va balayer tout le pays et susciter des solidarités spontanées. (Il continue de se développer en décembre 2001 et le pouvoir a dû faire reculer ses forces de l’ordre devant les squatters de Béjaia.)

16 juin, Annaba ; 18 juin, Batna ; 20 juin, Constantine…

Le 16 juin, la révolte gagne Annaba. Tout a commencé à Kharaza, à une dizaine de kilomètres d’Annaba. Des habitants ont dressé des barricades avec des pneus brûlés. Les mots d’ordre sont les mêmes que dans les autres wilayas en révolte : « nous voulons de l’eau potable, de l’électricité, la viabilisation de nos routes. Nous en avons assez de vivre comme des sous-hommes. Nous en avons marre d’être constamment marginalisés par les autorités locales, pour la plupart des corrompus. » C’est l’étincelle. Une vague de révolte va parcourir les routes, les rues : « A bas Bouteflika ! », « A bas le pouvoir ! » « Non à la hogra ! » clament les manifestants en en jetant des pierres. Le mouvement se propage à l’est du pays.

Le 18 juin, les troubles gagnent Tebessa et Batna à l’est du pays, Constantine et certaines localités du sud comme Biskra et Msila. A Kenchela et Bouira, la population occupe les logements vides. Affrontements très violents à Tizi Ouzou et Béjaïa. Le 19 juin, des émeutes ont lieu simultanément à Annaba, Tébessa, dans la wilaya de Skikda et à Batna. Le 20 juin, la révolte atteint les portes de Constantine : Teleghma (Mila) s’est embrasée (émeutes et destructions). Emeutes et incendies d’édifices publics à Annaba. Le 22 juin, émeutes à Annaba et incendies en différents endroits de la ville. Début juillet, dans la région d’Oran, on assiste à la multiplication d’associations de citoyens qui contestent, manifestent devant les APC, y imposent parfois leur présence.

Loin de radicaliser les positions des délégués de la Kabylie, ces signes de débordement possible au delà des limites régionales, avec les risques sérieux que cela implique pour le pouvoir, incitent certains à la modération. Une division se produit au sein des archs sur la question du dialogue avec le pouvoir. Certains délégués reposent sans cesse la question du dialogue, toujours rejetée par la majorité. Les commerçants de Béjaia ont obtenu des comités de quartiers qu’ils interviennent pour calmer les affrontements à Tizi Ouzou.

Partout, manifestations locales pour l’eau, l’électricité, le logement…

Le 4 août, la colère éclate dans plusieurs régions, notamment à l’est, dans les régions de Constantine, Guelma et Biskra. A Constantine des citoyens s’assemblent tous les jours devant le siège de la wilaya pour protester contre les attributions injustes de logements. Dans tout le pays des citoyens s’assemblent devant les APC, s’attaquent aux élus locaux corrompus, bloquent les routes. Les revendications sont partout les mêmes : départ des présidents d’APC, eau, logement, transparence de la gestion.

Cette agitation va continuer ainsi jusqu’à la fin de l’année. Rien que dans la deuxième moitié de décembre, deux émeutes ont éclaté ailleurs qu’en Kabylie, l’une à la mi-décembre à Annaba pour protester contre le manque d’électricité, l’autre fin décembre à Mascara suite à la mort de sept bébés consécutite à une vaccination. A Annaba (et dans toute sa région les jours suivants), ce sont des revendications à caractère social qui ont été mises en avant, menant à des émeutes, des barrages de routes, des manifestations et sit-in : revendications sur l’eau, l’électricité et le logement social essentiellement. A Mascara, une ville de l’ouest, la mort des sept bébés a provoqué la révolte. Les jeunes révoltés soutenus par la population ont cassé les locaux du pouvoir et édifices publics. Le pouvoir fait à nouveau tirer à balles réelles sur de jeunes manifestants désarmés. La clique des généraux se voit reprocher tout ce qui va mal dans le pays. Fin décembre, la révolte a même repris dans l’est du pays.

Novembre à Alger : « pouvoir assassin ! »

L’inondation catastrophique d’Alger en novembre a entraîné des manifestations dans la capitale : le président Bouteflika est conspué, les voitures de ses ministres sont lapidées, le pouvoir est accusé d’être responsable des 800 morts emportés par le torrent de boue ou ensevelies dans l’effondrement de leur habitat précaire. Les slogans des algérois, « pouvoir assassin », font écho à ceux de la Kabylie.

Quelques jours après l’inondation qui a frappé particulièrement les quartiers pauvres comme Bab El-Oued, la population algéroise constate qu’il y avait bien plus de forces de l’ordre mobilisées pour empêcher de nouvelles manifestations dans la capitale que pour aider les sinistrés.

Où sont passés les hélicoptères du 14 juin ?

Bien sûr, c’est une pluie exceptionnellement forte qui s’est abattue, mais c’est une pluie que la météo avait prévue. Les autorités n’ont pas averti les habitants, pris aucune précaution, envoyé aucun secours ni par avance, ni sur le champ et ne sont intervenues que de nombreuses heures plus tard. Rien n’avait été fait pour prévenir, pour protéger la population. Les quartiers populaires sont les plus frappés, là où les secours ne sont jamais parvenus. Les mêmes quartiers sont toujours abandonnés aujourd’hui.

Où étaient-ils, lors de la catastrophe, les hélicoptères qui survolaient la capitale le 14 juin pour surveiller les manifestants ? Et les forces du pouvoir dont on avait vu l’énergie et la violence quand il s’agissait de bloquer les entrées et les rues de la capitale contre les manifestants, où étaient-elles lorsqu’il s’est agi d’intervenir pour sortir des survivants de la boue avant qu’elle ne sèche ? Où était le pouvoir quand les habitants n’avaient plus de logement, plus de nourriture, plus de couvertures et que l’épidémie menaçait ?

Bouteflika conspué

Bouteflika, venu faire la morale au peuple en l’accusant d’irresponsabilité dans la construction de son habitat, tout comme ses ministres, ont été accueillis par des insultes, à coups de pierres. Les manifestants sont allés jusqu’à la présidence aux cris de « pouvoir assassin » !

Assassins, les irresponsables qui ont bétonné les voies d’évacuation des eaux usées des cités qui surplombent Alger, sous prétexte d’en déloger des terroristes ! Assassins, les profiteurs qui ont bâti des constructions ne respectant aucune norme de sécurité ! Assassins, les autorités qui ont reçu des pots de vin pour les permis de construire de ces immeubles de la misère ! Assassins, ceux qui ont détourné les fonds publics, vidé les caisses des communes au point qu’aujourd’hui il n’y ait pas de moyens de secours, de faire des travaux élémentaires de nettoyage, d’entretenir les voies et routes, d’embaucher des pompiers, qu’on ne trouve aucun engin de déblaiement ou d’intervention en cas d’urgence.

Face à une telle situation, bien des initiatives auraient été possibles et nécessaires. Imaginons seulement, simple exemple, que les comités de Kabylie, toujours mobilisés depuis le printemps, aient appelé à l’organisation des secours de la population de la capitale livrée au froid, à la boue, se débrouillant seule pour extraire les cadavres du sol. En la circonstance, l’organisation de la solidarité populaire à partir des régions qui venaient de se confronter aux autorités, pouvait pallier les carences du pouvoir les plus éhontées tout en unifiant la contestation à l’échelle du pays, tout en élargissant au yeux de tous sa légitimité.

Et la classe ouvrière ?

La classe ouvrière apparaît comme la grande absente du mouvement au niveau politique. Elle est pourtant loin d’être passive et subit régulièrement la violence du pouvoir.

La répression féroce contre les manifestants désarmés de Kabylie rappelle celle lancée par le Groupement d’intervention rapide avec tir de lacrymogènes et tirs à balles contre les ouvriers d’Alfasid (Sider) du complexe El Hadjar qui avaient manifesté le 16 mai 2000 contre le non-paiement de leur salaires et les licenciements. La classe ouvrière est frappée par la misère, les bas salaires, les salaires impayés et les nouvelles menaces de licenciements. Les privatisations menacent de nouveau les ouvriers d’Alfasid et d’autres entreprises du secteur public. Des travailleurs de la SNTF sont en lutte depuis plus d’un mois contre l’administration et leurs propres chefs syndicaux.

Bien des travailleurs, des métallos de Rouiba aux sidérurgiques de Skikda, mettent en cause les sacrifices qu’on exige des ouvriers et sont retenus par la direction de l’UGTA qui craint comme la peste cette jonction entre la jeunesse et les ouvriers, celle qu’elle était parvenue si difficilement à éviter en 1988, en sauvant du même coup le pouvoir militaire de l’époque.

En ce début d’année, on assiste à différents mouvements chez les enseignants, les hospitaliers, les fonctionnaires mais aussi sur le port d’Alger par exemple.

Les revendications ouvrières et la politique de l’UGTA en mai 2001

Au cours de la révolte, il y aurait eu plusieurs occasions de chercher la liaison, de proposer aux usines en lutte d’envoyer des délégués à la coordination, de marquer la plate-forme des aspirations ouvrières. Le 22 mai de l’année dernière, alors même que la révolte s’amplifiait en Kabylie, cent mille travailleurs ont fait grève dans soixante entreprises de 32 wilayas, dans les secteurs de la sidérurgie, de la mécanique, de l’électricité, de la métallurgie et de l’électronique. Motif : la solidarité avec Alfasid en grève, les salaires impayés et surtout les projets de privatisation avec menaces de licenciements. Une fois encore, l’UGTA a préféré engager une action a minima. « Nous sommes de bons stratèges » a déclaré Sidi Saïd. A Rouiba où il s’est déplacé, les travailleurs ont fait une manifestation en faveur des salariés d’Alfasid en grève. A Constantine, plus de 5000 ouvriers ont observé un arrêt de travail. Après la marche des sidérurgistes à l’intérieur d’El Hadjar (décision de ne pas sortir prise par les dirigeants syndicalistes), le conseil syndical d’Alfasid appelle les travailleurs de Sider en grève depuis 5 jours à la reprise du travail. Sidi Saïd déclare : « c’est un problème réglé ».

Bien sûr, la direction de l’UGTA, courroie de transmission du pouvoir, n’a fait aucun geste pour relier la lutte des travailleurs à la révolte, mais de son côté la direction du mouvement en Kabylie ne fait non plus aucun geste en direction des travailleurs en lutte.

Les mouvements sociaux du printemps et de l’été

Cependant à partir du 22 mai, après que l’UGTA eut calmé les luttes ouvrières, les mouvements sociaux vont se multiplier sous diverses formes : squats d’appartements, mise en cause des APC, mouvements de salariés licenciés ou non payés, actions des villages reculés et cités misérables, remise en cause des listes d’appartements en location-vente, etc. Il y a eu d’autres occasions comme le nouveau projet de loi sur la fin du monopole de la Sonatrach dans les hydrocarbures qui est une menace considérable pour les travailleurs du secteur, ou la reprise de Sider par Ispar, trust indien, qui menace les travailleurs des filiales. Il y a eu aussi la grève de juillet à Rouiba où les 3500 salariés demandent une augmentation de 1500 DA. Ou encore le mouvement de contestation, déclenché tout dernièrement par les 3 500 travailleurs du Complexe des véhicules industriels qui a eu vite fait de gagner l’ensemble des unités (encore 8 000 salariés malgré les 5 000 suppressions de postes de ces dernières années) pour soutenir des revendications essentiellement salariales.

Toutes les formes de luttes sociales et politiques à l’ordre du jour

L’Algérie est en mouvement et ses luttes populaires sont multiformes : sociales et politiques, démocratiques et revendicatives. Il y a les grèves, quand une usine ferme ses portes, quand les salaires sont impayés depuis des mois, ou ont trop diminué face à l’inflation ; il y a les explosions de ras le bol face aux détournements de biens des entreprises ou de fonds, face à l’arbitraire contre des travailleurs ou des syndicalistes, ou la répression contre les ouvriers de telle ou telle entreprise. Mais il y a aussi les jeunes chômeurs qui s’organisent pour revendiquer des emplois, des logements, les transports gratuits. Il y a aussi tous ceux qui s’organisent pour obtenir des aides aux familles en difficulté dans la paysannerie pauvre, qui luttent pour accéder à des conditions de vie dignes du vingt-et-unième siècle : routes correctes, eau, électricité, logements, sécurité, aide aux activités agricoles (animaux, grains, engrais, machines) ; ceux qui, dans les villes, combattent contre la misère, les bidonvilles, les eaux stagnantes ou eaux usées non canalisées. Dans tous les secteurs, les villes comme les régions rurales, il y a ceux qui revendiquent des libertés de toutes sortes (droit de réunion, d’association, d’affichage, de presse, de justice égale pour tous, droit de la défense face au pouvoir, droit des prisonniers, d’accès à l’information, etc.), droit à la santé, aux études, au logement ; ceux qui revendiquent la liberté de conscience, de culture (dont bien entendu le droit à la culture et à l’identité berbère), la liberté de religion (ou celle de ne pas en avoir !), la liberté de mode de vie (contre tous les intégrismes) ; ceux et celles qui revendiquent les droits des femmes (égalité juridique, politique et sociale, droit à l’avortement...).

Une situation favorable à la classe ouvrière

La classe ouvrière algérienne aurait manifestement la force et les moyens de faire déboucher la révolte populaire partie de Kabylie, comme toute la contestation rampante dans tout le pays, sur un renversement de la dictature militaire. Non seulement elle pourrait jeter des forces encore plus grandes dans la rue, mais prendre le pouvoir à la gorge en fermant les robinets du pétrole et du gaz, en coupant les revenus de cette classe dirigeante et remettant en cause les profits de ses chefs impérialistes en particulier ceux de France. Mais il lui faudrait pour cela prendre conscience que la révolte actuelle peut lui ouvrir la porte et lui permettre de réaliser ses aspirations qui rejoignent celles de l’ensemble de la population du pays : salaires, emploi, logement, contrôle sur les gestions communales et départementales, éducation, émancipation des femmes, et libertés en tous genres. Il lui faudrait manifestement un programme qui l’incite à reprendre à son compte, mieux, à prendre la tête de tous les mouvements de contestation et de révolte en cours.

Il est clair que ce ne sont ni les bureaucrates de l’UGTA, ni les petits et moins petits notables modérés qui ont réussi ces derniers mois à investir la direction des comités de Kabylie, qui encourageront la classe ouvrière dans ce sens. Tout au contraire. Les uns et les autres feront leur possible pour que la révolte sociale rampante en Algérie depuis des mois, s’émiette, se régionalise, se disperse et au bout du compte fasse long feu.

Reste que les derniers événements pourraient apporter un encouragement à une classe ouvrière qui a été en première ligne des attaques gouvernementales et qui a connu une démoralisation considérable depuis douze ans. Cela dépasse bien entendu le stade où en est aujourd’hui le mouvement ouvrier en Algérie. Mais la situation sociale objective de l’ensemble du pays, son niveau de contestation comme l’incurie manifeste du pouvoir, ne lui ont sans doute jamais été aussi favorables depuis 1988. C’est en tout cas une situation qui devrait permettre à des révolutionnaires de s’organiser, de gagner des forces militantes, de s’implanter, et de construire en Algérie l’outil qui manque pour transformer la révolte en révolution : un parti ouvrier révolutionnaire.

11 janvier 2002


[1Le FFS, parti social-démocrate appartenant à l’Internationale Socialiste, dirigé par Aït Ahmed. Le RCD, parti de droite né lors du mouvement culturel berbère contre le FFS, dirigé par Saïd Saadi.

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Réactions à cet article

  • Bonjour à tous !!

    Je n’ai pas de réaction spéciale à manifester vis à vis de cet article, sauf qu’il ya lieu de vous soumettre une petite remarque, laquelle je considère comme étant une erreur qui revient souvent dans la quasi totalité des articles dès qu’il s’agit de parler de ma région : la Kabylie !!!

    En fait, je tiens à vous faire savoir que Béjaia n’est pas la deuxième ville de Kabylie, mais bien la première !!! en fait, pour votre information, voici par ordre démographique les principales villes de Kabylie, selon des statistiques de l’an 2000 :

    1-Béjaia (125 000 habitants) 2-Tizi-Ouzou (95 000 habitants) 3-Akbou (54 000 habitants) 4-Bouira (40 000 habitants) 5-Azazga (32 000 habitants) 6-Tazmalt (30 000 habitants)

    • Je vous souhaite bonne réception !!!!

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    • je tiens à porter un réctificatif aux statistiques des principales de kabylie au cours de l’année 2000, il s’agit de : 1-Béjaia : 150 000habitants 2-Tizi Ouzou : 100 000habitants 3-Akbou : 54 000habitants 4-Bouira : 45 000habitants 5-Azazga : 35 000habitants 6-Tazmalt : 30 000habitants

      Bonne lecture mes chers internautes !

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  • Je vous remercie pour cet article, je suis Kabyle né à Bougie (c’est le nom Français de Béjaïa, en arabe ou Beghayet en bérbére, qui veut dire regard et la chandelle porte le nom de ma ville parce que c’est là qu’elle trouve son origine) ; je suis symphatisant de votre organisation et je lit vos articles avec intèrêt. Dans un article publié dans le Lutte de Classes vous revenez sur les événements de Kabylie et vous dites en substance : Traditionnelement à la tête des Aarchs (ou djemaa en arabe qui veut dire assemblée)sont porté des « vieille barbes » et les femmes en sont écartées, ce qui est fauxcar en réalité avant la conquête Française, étaient élus à la tête des Aarchs les membres les plus intègres et les plus dévoués à leur communauté, ce fut le cas d’Abd-El-Kader, de Koceila et de la Kahina (de son vrai nom Delhya ou Dahlya) et il n’était pas rare qu’une femme soit portée aux plus hautes fonction comme ce fut le cas de Kahina.

    Ce sont les colons qui favorisérent les vielles barbes qu’ils pourront manipuler à loisir au sein des communautés de villages et des clans ! Ceux qui sauront le mieux faire accepter la misère et la confiscation des terres à ceux de leur clan, tels les bachagga et autres caïds, beneficieront de priviléges !

    Sinon, les Aarchs était un système fort démocratique, les chefs étaient élus par l’assemblée et révocables à tout moment. A l’époque où en Europe on pendait les voleurs et l’on coupait la main des mendiants, en Algérie le voleur était tenu de rembourser dix fois le produit de son larcin à sa victime, et le pire châtiment était le bannissement de la communauté, et croyez moi tout le monde le craignait ! Merci !

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  • « En fait le mouvement a bousculé largement ceux qui prétendaient le représenter et le dit système de l’arch ressemble désormais fort peu à une réunion de vieilles barbes traditionnelles. »

    Comme dans votre article (maintenant que j’ai lu votre article en entier) de Lutte de Classe vous parlez de vieilles barbes traditionnelles, celà n’a rien à voir avec la tradition, cette tradition a été imposée par les colons (lire Ibn Khaldoun d’Yves Lacoste aux Ed Découverte)

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