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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 90, novembre-décembre 2013

Italie : Les syndicats de base dans la rue

16 novembre 2013 Convergences Monde

Le 18 octobre, les syndicats de base italiens, COBAS et USB, ont appelé à une journée de grève nationale et à une manifestation à Rome, contre la politique d’austérité du gouvernement de « large coalition » [1] et la loi dite « de stabilité » en discussion au parlement. Loi qui prévoit, entre autres, la poursuite du blocage des salaires et du non-remplacement des départs dans la fonction publique.

Les organisateurs étaient soutenus par l’extrême gauche et le Parti de la Refondation Communiste ainsi que par une petite tendance syndicale oppositionnelle au sein de la CGIL (Rete 28 aprile, « Réseau du 28 avril pour l’indépendance et la démocratie syndicales »).

La grève a surtout été suivie dans le secteur public comme l’Éducation, la Santé, les pompiers... et en particulier dans les transports publics locaux : 80 % de grévistes à Turin, 70 % à Bologne, tandis que 142 vols étaient annulés à Fiumicino, l’aéroport de Rome.

La manifestation à Rome, à l’appel des syndicats de base, a rassemblé plusieurs dizaines milliers de personnes (50 000 selon les organisateurs). Sur la banderole de tête, on pouvait lire « Hors d’Italie et d’Europe, les gouvernements de l’austérité ».

L’appel a rencontré la sympathie, sinon l’adhésion, de nombreux travailleurs (y compris parmi la base de la CGIL) qui en ont assez de subir les attaques du gouvernement et du patronat, sans réaction voire avec la complicité des syndicats officiels.

Cela explique certainement que, le 21 octobre, lors d’une conférence de presse, les trois confédérations, CGIL, CISL et UIL, ont fini par se prononcer pour une grève de 4 heures, avec manifestations régionales. Grève qui aurait lieu d’ici la mi-novembre si le gouvernement ne modifiait pas la loi de stabilité.

En ce qui concerne les trois grandes confédérations syndicales, on assiste en fait depuis des années à un jeu de rôle bien rôdé. La CISL et l’UIL disent que ce n’est pas le moment de mettre en danger l’économie et les entreprises par des grèves. La CGIL, quant à elle, affiche occasionnellement quelques velléités d’action... rapidement abandonnées sous prétexte que l’unité n’a pas pu être réalisée avec la CISL et l’UIL. Comme dit le dicton : « una mano lava l’altra » (une main lave l’autre).

Jeunes et migrants ensemble contre la précarité

Le lendemain, samedi 19 octobre, une nouvelle manifestation était organisée à Rome, avec le soutien des syndicats de base, dans le cadre de la journée européenne pour le droit au logement. Cette manifestation, qui a été un succès puisqu’elle a rassemblé plus de 70 000 personnes, a en fait été placée plus généralement sous le signe de la lutte contre la précarité. De nombreux jeunes et migrants sans papiers y ont participé.

En Italie, selon les chiffres officiels, 38 % des jeunes sont au chômage, ce chiffre dépassant les 50 % dans le sud du pays (Mezzogiorno). Quant à ceux qui ont un emploi, sous-payé, souvent non déclaré, ils doivent galérer pour sortir de la précarité. Il y a quelques années, on parlait de la « génération 1 000 euros »  ; aujourd’hui, un salaire de 1 000 euros apparaît presque comme un luxe pour de nombreux jeunes. (Il n’existe pas de salaire minimum en Italie).

25 octobre 2013,

Thierry FLAMAND


Les syndicats confédérés

La CGIL, Confederazione Generale Italiana del Lavoro, est le principal syndicat italien. Elle revendique 5,5 millions d’adhérents (dont la moitié de retraités). Dans le passé, elle était liée à l’ex-Parti communiste italien.

La CISL, Confederazione Italiana Sindicati Lavoratori (4 millions d’adhérents), a été fondée en 1948, suite à la scission du courant catholique de la CGIL.

L’UIL, Unione Italiana del Lavoro, a été créée en 1950, suite à une nouvelle scission, cette fois des sociaux-démocrates (2,2 millions d’adhérents).

Les syndicats de base

Un mouvement de syndicats de base s’est développé en Italie à partir de la fin des années 1980, en dehors du syndicalisme confédéré, en particulier à la suite des grèves dans l’enseignement en 1986-87. Par la suite, des syndicats de base sont apparus dans la Santé, les chemins de fer, les aéroports... mais également dans quelques entreprises industrielles comme Fiat, où ils restent cependant très minoritaires.

Ce mouvement est éparpillé et non exempt de sectarisme et de concurrence entre les différents sigles.

Les principales organisations sont l’USB (Unione Sindacale di Base), qui revendique 250 000 adhérents, et les COBAS (Comitati di Base).


[1Suite aux élections de février 2013, malgré une courte victoire du Parti Démocrate (formé par l’ex-PCI et une aile de la Démocratie Chrétienne), celui-ci a échoué à former un gouvernement de centre-gauche. Un gouvernement de « large coalition » a été constitué, allant de la droite (Popolo Della Libertà : le parti de Berlusconi) au Parti Démocrate.

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