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« CPE supprimé, rentrée annulée ! »

21 septembre 2022 Article Entreprises

« C’est sûr qu’on ne va pas tenir l’année ! » Cette rentrée scolaire a un goût amer pour les profs, surveillants, AESH et la désormais unique conseillère principale d’éducation (CPE) du collège Jean Macé à Villeurbanne. Gestion des conflits entre élèves, des situations de harcèlement, des incidents, suivi des absences et des retards, animation du conseil de la vie collégienne qui permet aux jeunes de proposer des projets pour améliorer la vie dans l’établissement : le CPE a la lourde tâche de veiller au bien-être et à la réussite scolaire de tous les élèves. Alors quand, au retour de vacances, le personnel a appris que le rectorat supprimait un demi-poste de CPE, laissant à la collègue restante le suivi des 650 élèves de l’établissement, ils ont vu rouge.

D’autant que ce demi-poste, ils l’avaient gagné de haute-lutte en 2017. L’équipe éducative s’était mobilisée pour avoir les moyens d’accueillir les nombreux nouveaux élèves qui arrivaient de Saint-Jean, un quartier pauvre situé de l’autre côté du périphérique. Depuis, le public n’a pas changé, et les difficultés se sont accumulées. À la suite de la crise sanitaire et des confinements, les élèves les plus fragiles ont perdu des habitudes scolaires, ce qui s’observe dans la hausse des absences, retards et incidents.

Dans ce contexte, il n’était pas question de laisser faire le rectorat sans réagir. Dès la prérentrée, mercredi 31 août, les collègues se sont réunis et ont décidé de se mettre en grève le lundi suivant, jour où l’ensemble des élèves devaient être accueillis. L’objectif était clair : si le demi-poste de CPE était supprimé, la rentrée serait annulée. Et, elle le fut ! L’écrasante majorité des profs et l’ensemble de la vie scolaire étaient en grève. C’est la direction et les rares collègues non grévistes qui durent surveiller les élèves dans la cour. Collages, confection de banderoles, rédaction des communiqués de presse, de lettres au rectorat : du côté des grévistes chacun mettait la main à la pâte. Ce succès fut pour beaucoup une surprise : personne ne pensait, au collège Jean Macé, être capable d’une telle mobilisation. Après une telle journée, la décision de la reconduction dès le lendemain fut adoptée tout naturellement. Après trois jours de grève ayant empêché la tenue de la rentrée, le rectorat n’a toujours rien lâché. Et si, tous ensemble, les grévistes ont décidé de reprendre le travail, pour chacun il est clair que la mobilisation n’est pas terminée. Un combat que les collègues se sentent d’autant plus fondés à continuer qu’ils sont soutenus par les parents d’élèves. Beaucoup s’inquiètent : « Des situations tendues entre élèves et parfois des incidents graves avaient déjà lieu l’an dernier avec “un CPE et demi”. Que va-t-il se passer avec une seule, même si elle est très compétente ? » Ils étaient nombreux devant les grilles du collège, le jeudi et vendredi suivant la grève pour protester contre la décision du rectorat et soutenir la lutte.

Aujourd’hui, si la question de comment faire plier l’institution demeure, une perspective semble s’esquisser en regardant au-delà du bahut. Le collège voisin de Louis Jouvet avait mené une longue lutte avant l’été pour voir ses moyens en vie scolaire renforcés. Quelques centaines de mètres plus loin, le lycée polyvalent Frédéric Faÿs a connu une journée de grève à la rentrée pour les mêmes raisons. C’est en partant de ce constat que les agents mobilisés ont décidé de s’adresser à tous les établissements de l’agglomération pour leur proposer un rassemblement conjoint. Partout, les établissements connaissent le sous-effectif imposé par les rectorats, alors plutôt que de lutter chacun dans son coin, pourquoi ne pas faire converger la colère et construire un rapport de force plus favorable ?

Ainsi mercredi 15 septembre, des enseignants et quelques parents étaient 150 rassemblés sur la très fréquentée place Lazare Goujon à Villeurbanne. Se sont succédé au micro plusieurs délégations, chacune pour témoigner des dégradations des conditions de travail liées au manque de moyens humains dans son établissement. Pour tous, le fait même d’avoir pu se réunir pour exprimer ensemble une colère partagée était déjà un succès. En tout cas, c’est aussi dans ce genre de manifestation que se tissent les liens grâce auxquels on pourra construire une riposte plus large.

Correspondant

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