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Antilles : les braises sous la cendre

22 décembre 2021 Article Monde

L’État français pense avoir éteint le mouvement de colère qui a secoué la Guadeloupe et la Martinique depuis mi-novembre. Sa recette : la répression, et des promesses de négociations. Les barrages ont été démantelés un par un. Des militants syndicaux ont été arrêtés chez eux et accusés d’entrave à la circulation. En Guadeloupe, le procès de Gaby Clavier, militant du syndicat UGTG (indépendantiste) accusé d’avoir menacé le directeur de l’hôpital de Pointe-à-Pitre, a cependant été repoussé à février prochain : les témoins ont été récusés pour avoir parlé créole !

Concernant les négociations, rien n’est réglé. En Guadeloupe, l’État refuse de s’impliquer, à contrario de sa position en Martinique, où il donne mandat au préfet. Les discussions n’ont rien donné, sinon un cluster Covid qui a entraîné la mort de deux militants du mouvement en Martinique.

Macron avait usé de sa rhétorique sur l’autonomie sans doute plus vis-à-vis de la population de l’hexagone que vis-à-vis des Antillais mobilisés, car ce n’est pas ce qu’ils demandent ! Mais rien sur le problème de l’accès à l’eau, rien sur les salaires et les prix… Et pour les jeunes, la promesse de 1 000 emplois pour six mois, payés 500 euros ! La contamination à la chlordécone vient d’être reconnue maladie professionnelle pour les ouvriers de la banane, il reste la question de la contamination de l’ensemble de la population antillaise…

Sur la question du passe sanitaire, qui avait mis le feu aux poudres, l’obligation d’avoir un schéma vaccinal complet pour les soignants a été reportée au 31 décembre. On y est presque ! Et après ? Sur toute la Guadeloupe, 5 000 soignants seraient actuellement suspendus, dont 550 au CHU, ce qui est considérable rapporté à la population de l’île (environ 400 000 habitants).

Les professionnels suspendus sont invités par l’ARS à s’inscrire sur une plateforme « d’écoute et de parole ». Les entretiens organisés pourront déboucher sur plusieurs propositions. Si le professionnel s’engage à se faire vacciner, la suspension sera levée. S’il refuse la vaccination, il devra s’engager dans un processus de changement d’activité, sans contact avec des patients. Par exemple… fleuriste !

Une réorientation professionnelle qui sera irréversible. De quoi régler le problème du sous-effectif dans les professions de santé, qui touche les Antilles comme la France métropolitaine… Pourtant, en ce qui concerne les pompiers, dont 70 % ne sont pas vaccinés, ils ont été réquisitionnés d’office pendant tout le mouvement. Ils restent actuellement très mobilisés, comme les militants des différents collectifs qui ont lancé le mouvement et ne comptent pas en rester là.

Lydie Grimal

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