Editorial des bulletins l’Étincelle du 20 février 2017
Une bavure ? Non, une politique
12 mars 2017 Convergences Politique
Des milliers de manifestants samedi dernier à Paris contre les violences policières sont venus témoigner leur solidarité avec Théo, 21 ans, victime d’un viol lors d’un contrôle policier à Aulnay-sous-Bois. D’autres manifestations étaient organisées à Caen, Nice, Le Mans, Poitiers, Montpellier, Dijon, Nantes ou Angers. Une semaine auparavant, dimanche 12 février, ils étaient 3 000 à s’être rassemblés à Bobigny pour les mêmes raisons.
Les hypocrites
François Hollande, venu se faire photographier au chevet de Théo à l’hôpital, n’a pas lésiné sur les appels « au calme ». « C’est une bavure qui ne doit pas entacher l’honneur de la police », ont dit les politiciens, etc. Ce à quoi un manifestant, samedi dernier, leur répondait à juste titre : « La police obéit à l’État français dont elle n’est que le bras. Si je vous donne une claque, vous n’allez pas parler à ma main. J’aimerais voir tous ceux qui appellent aujourd’hui au calme avec une matraque dans le derrière. »
Prison ferme pour les jeunes, présomption d’innocence pour les agresseurs
La réponse du gouvernement à l’indignation légitime des jeunes et de leurs parents ne s’est pas faite attendre : des condamnations à de la prison ferme en comparution immédiate (c’est-à-dire sans enquête réelle) prononcées contre des jeunes qui avaient manifesté dans la foulée de l’agression policière et pas moins de 37 interpellations suite à la manifestation de Bobigny !
Quant aux agresseurs, pas de précipitation : présumés innocents, ils sont repartis libres chez eux, couverts par la fameuse police des polices (l’IGPN) qui a osé prétendre que la matraque avait été enfoncée de 10 cm dans l’anus de la victime « involontairement » : la victime aurait eu la maladresse de s’empaler d’elle-même sur la matraque !
En réalité, ces violences policières, avec contrôles au faciès et humiliations sexuelles systématiques contre les jeunes des quartiers pauvres, font partie de la routine répressive étatique. Elles viennent d’être encore encouragées par le gouvernement Hollande qui, en accord avec les Républicains et le Front national, vient de faire voter à l’Assemblée un « permis de tuer » avec une nouvelle loi autorisant les policiers à faire usage de leurs armes bien au-delà des cas de « légitime défense ».
Le seul « laxisme », c’est celui dont bénéficie la police
Pour protéger les agresseurs, certains comme Marine Le Pen dénoncent le « laxisme de l’État français ». Mais visiblement, le seul laxisme est celui dont bénéficie la police. Maintenir pacifiquement l’« ordre public » c’est bon pour Neuilly ou le 16e arrondissement de Paris, mais dans les banlieues, il s’agit d’envoyer des cow-boys sauvegarder l’« ordre social » avec des unités spécialisées. Guerre aux jeunes et à leurs familles dans les quartiers pauvres, là où règne 20 à 40 % de chômage. Voilà pourquoi les mères ont défilé à Aulnay contre le harcèlement policier à l’encontre de leurs enfants. C’est sûr, les enfants qui naissent dans ces banlieues-là ne sont pas ceux, très « assistés », de François Fillon.
L’interpellation de Théo, n’est donc ni une bavure, ni un accident, c’est le quotidien subi par des milliers de jeunes, parfois tripotés à la moindre fouille et régulièrement insultés. Une routine admise au point qu’un syndicaliste policier n’a pas hésité à déclarer sur un plateau télé que l’insulte « bamboula » dont avait été victime Théo était « à peu près convenable ». Un aveu des insultes racistes habituellement utilisées par ses collègues.
Certes, faire brûler des voitures ne fera pas peur aux donneurs d’ordres du gouvernement. Mais la colère exprimée à juste titre par les jeunes des quartiers pauvres contre la guerre sociale dont ils sont victimes devrait nous inciter à manifester massivement contre ces gouvernants au service des riches, eux qui envoient la police dans les banlieues contre les jeunes pour mieux sous-payer et licencier leurs parents.