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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 136, février 2021

Tunisie : « Plus de peur ni d’horreur, la rue appartient au peuple »

18 février 2021 Convergences Monde

Émeutes, blocages de route et affrontements avec la police ont marqué le mois de janvier dans les villes et quartiers pauvres du pays. Manifestants et émeutiers réclamaient « le pain, la dignité et du travail » alors que plus d’un jeune sur trois est au chômage.

Le vernis démocratique a fini par se craqueler complètement

L’armée a patrouillé dans les rues, les violences policières ont fait de nombreux blessés et un mort des suites d’une blessure à la tête par une grenade lacrymogène dans la ville de Sbeïtla (dans le gouvernorat de Kasserine au centre de la Tunisie). La police a aussi procédé à des arrestations en masse à domicile, parfois simplement pour un soutien au mouvement sur les réseaux sociaux.

En cette mi-février, 2 000 personnes auraient été arrêtées. En dépit de la répression, la jeunesse populaire a continué d’exprimer sa colère, ralliant avec elle dans des manifestations les étudiants et les travailleurs, rassemblant des centaines à des milliers le 6 février. Pendant plusieurs jours les manifestations et sit-ins se sont succédé malgré l’interdiction sous prétexte de la crise sanitaire. Sur les places et dans les rues, l’agitation a mis en avant « la chute du régime »… Le personnel politique est resté en grande partie le même que sous Ben Ali, trempant aujourd’hui comme hier dans la corruption. Les scandales de corruption, d’évasion fiscale, de conflits d’intérêts, éclatent fréquemment. En 2017 le président de la République, Béji Caïd Essebsi, avait fait voter, non sans contestation dans les rues, une loi accordant l’amnistie aux fonctionnaires impliqués dans les malversations de l’ancien régime, le texte initial prévoyant même une amnistie pour les patrons.

Les islamistes d’Ennahdha arrivés au pouvoir en 2011 ont été tout aussi corrompus que les autres

Les Tunisiens ont su se mobiliser contre l’islamisme dans leur pays avec des manifestations de masse à partir de 2013, dénonçant Ennahdha et ses milices incitant à la violence et aux assassinats d’opposants politiques.

D’où désormais des slogans et des pancartes lors des manifestations de jeunes à Tunis (accusés d’être « la mauvaise génération ») du style : « La mauvaise génération vs la génération corrompue ». Un mot d’ordre repris entre autres le 4 février dernier par des lycéens d’Akouda, près de Sousse. Bref, pas de classes « qui se tiennent sages »…

La contestation dure depuis plusieurs mois : grèves de la faim des étudiants, menace de suicide collectif de chômeurs, blocages de route, grève du monde hospitalier en janvier, « grève générale » en janvier à l’appel de l’UGTT contre le chômage à Gafsa (bassin minier et l’une des régions les plus pauvres du pays), grève contre les licenciements en cours dans les entreprises de l’aéronautique de Latécoère et Mecaprotec. Dans les régions agricoles, une pénurie d’un fertilisant, l’ammonitrate, menace les récoltes de l’année et alimente un mécontentement que la répression ne pourra supprimer… À suivre.

18 février 2021, Nora Debs

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