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Drame de Zarzis : grève générale pour la justice et la vérité

24 octobre 2022 Article Monde

Depuis plusieurs semaines à Zarzis, ville côtière du sud-ouest de la Tunisie, la colère gronde après le naufrage d’une embarcation cherchant à rejoindre l’Italie. Le 23 septembre, sans nouvelles de leurs proches embarqués deux jours plus tôt, les familles contactent le réseau Alarm Phone – un réseau de sauvetage en mer de réfugiés – qui alerte les garde-côtes tunisiens. Sans réponse de leur part, ce sont les pêcheurs et les familles qui se lancent dans les recherches des 18 personnes disparues, majoritairement des jeunes, une mère et son enfant âgé d’un an.

Dans cette ville tristement connue pour son cimetière des anonymes, ce n’est pas la première fois que les pêcheurs sont en première ligne face au naufrage des embarcations qui cherchent à rejoindre l’Europe. Après plusieurs jours de recherches, ils retrouvent plusieurs corps dont certains ont passé plusieurs semaines en mer. Les autorités quant à elles font alors le choix de les enterrer sans identification avec de simples numéros et sans prévenir les familles dans le cimetière des anonymes, le « jardin d’Afrique » destiné aux morts en mer – en majorité d’origine subsaharienne ou syrienne, dont les corps échouent sur les plages de Zarzis.

À l’indignation s’est ajoutée la colère de la population et des familles contre les autorités et ce qu’il estime un abandon du « gouvernement du Nord ». Émeutes la nuit et manifestations se succèdent depuis. Devant la municipalité, le poste de police et dans le centre-ville des jeunes élèvent des barricades faites de pneus brulés. Le 14 octobre le gouverneur de Médenine et le délégué de la ville ont été accueillis sous les injures et les jets de pierres. Mardi 18 octobre, à l’appel de l’UGTT, une journée de grève générale et de mobilisation a rassemblé près de sept mille personnes selon le syndicat. Une manifestation massive sous les slogans « rendez-nous nos enfants » réclamant des comptes au gouvernement accusé de « crime d’État ». C’était avec les mêmes mots d’ordre début septembre que plusieurs familles issues du Maghreb et d’Afrique [1] s’étaient retrouvées à Zarzis pour commémorer et se mobiliser sur la question des disparus en migration. Aujourd’hui, si devant la pression de la population les autorités ont accepté de procéder à des tests ADN, la colère s’accumule à Zarzis comme dans l’ensemble du pays contre Kaïs Saïed, le président qui s’est octroyé les pleins pouvoirs. Dans la capitale, les émeutes dans les quartiers populaires se poursuivent elles aussi sur les questions de violences policières après la mort d’un jeune homme. L’inflation ne cesse d’augmenter et avec elle le chômage et la misère qui poussent de plus en plus de jeunes à choisir l’exil ou la révolte.

Nora Debs


[1Reportage : Commémorer et agir : les familles de disparu.es en migration, toujours en lutte. Par Haïfa Mzalouat, 11 septembre 2022, Inkyfada. https://inkyfada.com/fr/2022/09/11/...

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