Aller au contenu de la page

Attention : Votre navigateur web est trop ancien pour afficher correctement ce site internet.

Nous vous recommandons une mise à niveau ou d'utiliser un autre navigateur.

Accueil > Autres > Tribunes de la Fraction dans l’hebdomadaire Lutte ouvrière > 2001 > novembre > 30

S’attaquer aux vrais causes de l’insécurité

30 novembre 2001

Les élections approchant, l’insécurité est remise au centre des campagnes des politiciens de gauche et de droite, mêlant vrais problèmes et promesses électorales mensongères. Après l’assassinat des policiers au Plessis-Trévise les nombreuses manifestations de policiers et de femmes de gendarmes battant le pavé, expriment le malaise de la « profession ».

Certes il s’agit d’un métier dangereux, mais finalement parmi beaucoup d’autres : convoyeur de fonds ou ouvrier dans une usine chimique ou du bâtiment... Mais relayés par une presse très complaisante, des démagogues en quête de suffrages nous parlent d’une flambée de l’insécurité, de moyens de répression inadaptés et d’une justice laxiste.

Les assassinats de policiers seraient en hausse ? De 6 l’an dernier on en est à 7 cette année. On est cependant loin des 32 d’il y a dix ans. Les vols à l’arraché sont montés en épingle, mais la moitié concernent des téléphones portables. Quant aux budgets de la police : selon le gouvernement les effectifs ont augmenté de 11 % depuis 1997, et l’enveloppe pour assurer le fonctionnement est passée de 27 à 33 milliards de francs, sans compter une rallonge salariale de 710 millions de francs.

L’insécurité n’est pas la seule des motivations qui font sortir les policiers dans la rue. On trouve dans leurs revendications, l’accroissement de la surcharge de travail et des missions, avec la mise en place de l’euro et la police de proximité... les salaires et les 35 heures. Mais sur ces sujets les politiciens sont moins bavards.

Et qu’en est-il du prétendu laxisme de la Justice (d’ailleurs très répressive avec les petits et plus compréhensive avec les puissants) ? La loi sur la présomption d’innocence, faite pour protéger un peu mieux les prévenus tant que la preuve de leur culpabilité n’est pas faite - votée par la droite et la gauche et aujourd’hui montrée du doigt par l’une comme par l’autre - n’est en rien responsable de l’insécurité.

Reste que les problèmes sont réels, car il est vrai que la petite délinquance empoisonne souvent la vie des travailleurs ; mais pas plus et pas moins à la veille des élections. Ce qui nourrit la situation actuelle n’est pas le résultat d’une police insuffisamment cajolée ou d’une jeunesse en mal de sensations fortes, mais de l’approfondissement d’une crise économique et sociale, que tous les politiciens, de droite et aussi de gauche, veulent masquer à tout prix.

Ces politiciens qui se servent du sentiment d’insécurité pour se faire élire ou réélire pourraient se retrouver « Gros-Jean ». Car en exagérant et en jouant avec les peurs sans apporter de solutions, ils frayent la voie à d’autres démagogues, de Chevènement à Le Pen, qui, eux, en rajoutent et prêchent pour un régime encore plus policier. Mais c’est pour eux une façon de détourner, à peu de frais, la colère des milieux populaires. En essayant de faire oublier au passage, que les hommes de gouvernement et les patrons qu’ils servent, avec leurs procès arrangés, leur amnistie, constituent un sacré modèle pour la jeunesse désoeuvrée.

Et que penser du droit divin des patrons, consistant, avec les milliers de licenciements - 80 000 en un an - à jeter dans la misère autant de familles ? Cela n’aurait-il rien à voir avec l’insécurité ?

L’insécurité dont on nous parle fait écho à l’insécurité au travail, l’insécurité de l’emploi, au chômage et à la flambée de la misère. Le renforcement de la présence policière ne résoudra pas les problèmes.

Un emploi pour tout le monde, et des chances d’avoir de quoi vivre décemment et nous n’en serions pas là. Si on ôtait aux patrons le pouvoir de licencier après avoir fait des profits, en ruinant des régions entières, oui, il serait possible de réduire la dite insécurité. Autrement que par des discours, par des faits.

Les policiers se font entendre en prenant la rue et défendent leur « profession ». Plus efficace serait que le monde du travail prenne à son tour la rue, sur ses bases, dans une lutte d’ensemble pour de meilleurs salaires et des emplois. Ce serait une bien meilleure garantie contre la misère nourrissant délinquance et violence, dans une société ravagée par la loi du profit.

Imprimer Imprimer cet article