Nationalismes

Dans ce panorama incertain, s’il y a bien une chose certaine, c’est que les nationalismes prospèrent. Car ceux qui dénoncent le séparatisme des Catalans défendent eux-mêmes un autre nationalisme, au nom de la sacro-sainte « unité de l’Espagne ».

À l’approche du 1^er octobre, on a vu fleurir en Espagne rassemblements et manifestations contre le référendum et pour l’unité de l’Espagne. Dans plusieurs villes, les gardes civils envoyés en Catalogne sont partis sous les applaudissements et les vivats, la foule criant : « On les aura ! ». La veille du référendum, l’extrême droite est sortie dans les rues, à grands renforts de drapeaux espagnols… et parfois d’hymnes franquistes. Les critiques allaient bon train y compris contre Rajoy, jugé trop conciliant avec les séparatistes. Les 7 et 8 octobre, de grandes manifestations ont rassemblé un milieu plus large, avec des cortèges politiques du PP, de Ciudadanos et même des dirigeants du PSOE. Ils étaient au moins 50 000 à Madrid le 7 octobre à scander « Puigdemont en prison » ou « On ne négocie pas avec les putschistes ». À Barcelone, le lendemain, ils étaient entre 350 000 et 950 000 venus de Catalogne et d’ailleurs, parfois simplement pour dire qu’ils n’étaient pas d’accord avec l’indépendance. Mais le ton était surtout donné par la droite nationaliste espagnole.

Entre les sirènes du nationalisme catalan qui promettent un avenir meilleur et les relents franquistes du nationalisme espagnol, il y a de quoi perdre la tête… et aucune perspective pour les travailleurs. Dans une banlieue ouvrière de Barcelone, on pouvait lire sur une banderole à une fenêtre : « Moins de drapeaux, et plus de lutte ouvrière ». Tout un programme !