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Accueil > Éditos de bulletins > 2018 > juillet > 16

Migrants hier, champions du monde aujourd’hui

Tous les politiciens de gauche, de droite ou d’extrême droite le répètent : « la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde ». Sauf que ce sont en partie des descendants de « migrants » d’hier qui viennent d’offrir à la France sa deuxième coupe du monde...

Une équipe de France à l’image des quartiers populaires

Des millions de personnes ont fêté dimanche la victoire de l’équipe de France avec leurs amis, leur famille, dans la rue... Une occasion pour beaucoup de célébrer ensemble et sans arrière-pensées un exploit sportif, valorisé par la très méritante équipe de Croatie.

D’un côté, que cette équipe se retrouve fêtée est un pied-de-nez aux racistes de tout poil qui se sont fait entendre avant la finale et qui trouvaient cette équipe pas assez blanche, pas assez « de souche ». Manque de pot pour eux : on joue moins au foot à Neuilly-sur-Seine que dans les quartiers populaires de Bondy ou de Ménival en banlieue lyonnaise où ont par exemple grandi l’attaquant Kylian Mbappé et le défenseur Samuel Umtiti. L’équipe de France est à l’image de ces quartiers populaires, de toutes origines.

Un prétexte à l’unité nationale ?

Mais la fête sportive a été aussi accompagnée d’un déferlement de patriotisme, à base de Marseillaise et de drapeaux tricolores, le terrain ayant été amplement labouré par les médias et les politiciens de tout poil. Le show pendant la finale était autant dans les tribunes que sur la pelouse : Emmanuel Macron a enfilé sa casquette de « premier supporter » et s’est empressé d’aller embrasser les joueurs à grand renfort d’effusions dès le coup de sifflet final puis dans les vestiaires. Le même Macron avait invité un militaire blessé au Mali à venir assister à la finale à ses côtés : armée et foot, même combat pour la nation ?

Cette musique de la glorification patriotique est reprise par les footballeurs du cru 2018. Antoine Griezmann, plus inspiré sur le terrain que devant un micro, a ainsi déclaré : « J’ai envie que les jeunes disent ’Vive la France et la République’ ».

En 1998, déjà la France « black-blanc-beur »

Le refrain sur cette France du « tous ensemble » tournait déjà en boucle il y a 20 ans à l’occasion du dernier sacre de l’équipe de France. Mais il s’est vite fracassé sur la réalité : quatre ans après 1998, Jean-Marie Le Pen se retrouvait au second tour de la présidentielle et, en 2005, beaucoup de quartiers populaires s’embrasaient devant une situation sociale et économique insupportable.

Aujourd’hui, le chômage a continué d’augmenter, la destruction des services publics de proximité s’est poursuivie... Les contrôles au faciès et les violences policières parachèvent cette guerre aux pauvres. La Seine-Saint-Denis, où ont grandi plusieurs des héros du moment a un taux de chômage de 19 %. Et à Maubeuge, ville d’origine du latéral droit Benjamin Pavard, on avoisine les 30 %...

Cela montre cette unité nationale pour ce qu’elle est : un mythe bon à agiter les jours de fête pour couvrir les injustices et les inégalités quotidiennes, et pour se refaire à peu de frais une popularité pour le gouvernement en place.

À l’occasion du Mondial, fêtons l’internationalisme !

L’hypocrisie atteint des sommets quand des politiciens de droite comme de gauche saluent cette équipe composée dans son immense majorité de fils et petits-fils d’immigrés, tout en défendant de concert des mesures toujours plus répressives envers les migrants aujourd’hui. Philippines, Mali, Sénégal, Algérie, Italie, Allemagne, Portugal, Espagne, Congo, Haïti, Angola, Cameroun, Guinée, Maroc, Togo : l’équipe de France est internationaliste !

Au début du 20e siècle, l’essor du mouvement ouvrier en France a eu son pendant footballistique : des clubs ouvriers ont fleuri, arborant le drapeau rouge plutôt que le tricolore et entonnant l’Internationale avant les matchs... Histoire de rappeler que la seule frontière était celle entre exploiteurs et exploités.

Cette équipe aura montré plus que toute autre chose des valeurs de solidarité, d’abnégation et d’enthousiasme qui peuvent trouver un autre terrain d’expression, celui de la lutte des classes !

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