Aller au contenu de la page

Attention : Votre navigateur web est trop ancien pour afficher correctement ce site internet.

Nous vous recommandons une mise à niveau ou d'utiliser un autre navigateur.

Accueil > Éditos de bulletins > 2022 > novembre > 21

Football sans frontières, mais pas sans profits

L’événement sportif le plus suivi au monde a débuté. Pour les amoureux du ballon rond, c’est un rendez-vous attendu depuis quatre ans, qui permet de voir s’affronter les meilleurs joueurs de la planète pendant un mois riche en émotions. Pour les amateurs plus lointains du football, c’est l’occasion de partager un moment, le plus souvent festif. Bien sûr, la propagande nationaliste n’est pas absente du tournoi, surtout lorsque les équipes finalistes parviennent aux derniers tours de la compétition, et la récupération par le milieu politique est intense.

Une belle hypocrisie et une belle coupe de la corruption

La Coupe du monde de football – grâce à son caractère universel et populaire – reste tout de même un moment de partage entre tous les peuples du monde. Mais cette édition risque bien de figurer au palmarès des plus contestées de l’histoire du foot. On se rappelle quand même que, en 2014, des grèves et des manifestations salutaires dans plusieurs villes du Brésil avaient fait grand bruit. Il y a eu aussi l’édition 78, dans l’Argentine de la dictature militaire de Videla, qui avait déjà posé le problème de confier l’organisation de tels événements à des régimes autoritaires. Il suffit d’ajouter les Jeux olympiques et, dès lors, la liste est longue de ces compétitions où on s’en est tenu, comme le demande Macron, à ne pas « politiser le sport ».

Car évidemment, dans ce monde capitaliste, le football, qui brasse des intérêts économiques et financiers considérables, est très politique. Cette édition va coûter 212 milliards d’euros, 95 de plus que l’édition de 1998 qui s’était déroulée en France. La première loi du jeu à laquelle le Qatar s’est plié avec beaucoup de talent, c’est le concours de magouilles pour obtenir l’organisation du mondial. Où l’on parle d’un fameux dîner entre amis fin 2010 au cours duquel l’émir, Sarkozy, Platini et quelques remplaçants auraient joué une passe à dix incluant le soutien de la France, un contrat d’armement, la vente des droits télé du championnat et le rachat du PSG ! Une belle salade pour honorer la gastronomie française et le sens des affaires émirati. Avec le patronage de Gianni Infantino, président de la Fifa et… résident qatari en guise d’assaisonnement : pour un peu, on se croirait dans Le Parrain !

Car il en fallait du soutien pour parvenir à un tel résultat ! Organiser une Coupe du monde dans un pays minuscule avec un climat désertique, un bel exploit ! Dans un contexte écologique largement dégradé, la solution surréaliste de climatiser les stades n’aura pas suffi, la Coupe du monde a donc lieu en hiver. Avec une coupure en pleine saison, les organismes des joueurs ont été particulièrement sollicités cet automne, pour faire rentrer tous les matchs des puissants clubs dans un temps plus restreint. Résultat : deux des meilleurs joueurs du monde (et beaucoup d’autres), Sadio Mané pour le Sénegal, et « le ballon d’or du peuple », Karim Benzema, manqueront à l’appel, blessés.

La loi du pognon au royaume du ballon

Cette histoire pue le fric. Pour la France, quasiment toutes les grandes entreprises ont des intérêts au Qatar, de Total bien sûr, à Dassault en passant par Bouygues… alors l’écologie et des droits de l’homme, voyez-vous, on oublie !

Le Qatar est au banc des accusés, et ses avocats, comme Zinédine Zidane – « pas toi, pas après tout ce que tu as fait » – sont bien empêtrés pour que cesse « la » polémique. Difficile pourtant de faire passer la mort de milliers de nos frères de classe sur les chantiers des stades pour une simple « polémique ». 64 matchs, 6 500 morts : il s’agit bien d’un crime, représentatif de la manière dont le Qatar (pas plus, mais pas moins que les autres États) traite les travailleurs, en premier lieu les migrants et expatriés, venus construire ces stades pour faire survivre leur famille contre des payes ne dépassant pas les 300 euros.

Alors, avec le fric roi au cœur du système capitaliste, la Coupe du monde n’est pas près d’être seulement une grande liesse internationale autour d’un sport pratiqué sur tous les continents par les pauvres et les travailleurs. Il faudra un jour ou l’autre la débarrasser du système capitaliste. Mais cette fois encore c’est carton rouge à tous ceux qui tirent les ficelles !

Mots-clés : |

Imprimer Imprimer cet article