Macron maltraite les migrants… Mais il a des concurrents
30 novembre 2021 Convergences Politique

(Dessin du Convergences révolutionnaires no 121, Mody, 2018)
Surenchère à droite
Depuis plusieurs semaines, les primaires des Républicains ressemblent de plus en plus à un florilège de propositions d’extrême droite. Sujet central : les migrants et le laxisme supposé de l’État à leur égard.
Il y a la version dure, façon Éric Ciotti : « Stopper l’accueil des migrants », en supprimant le regroupement familial et le droit du sol ; ouvrir un « Guantanamo à la française », du nom de ce sinistre camp d’enfermement américain, toujours ouvert vingt ans après les attentats du 11 septembre 2001. Dès 2015, Ciotti n’hésitait pas réclamer des « opérations militaires » contre les migrants en mer, avec la possibilité de détruire leurs embarcations.
En face, Valérie Pécresse lui file le train. Selon elle, « l’immigration a un lien avec le terrorisme et la délinquance ». Pour « stopper l’immigration actuelle », elle propose de changer la Constitution, de fixer un plafond maximum d’immigration, voté chaque année, avec limite des demandes d’asiles puis expulsions « sans délai » des déboutés. Elle a aussi pensé à « fixer un plafond de non-francophones par classe », en ne scolarisant pas les derniers arrivés !
Xavier Bertrand se voulait un rempart contre l’extrême droite dans sa région. D’ailleurs, il pense qu’il n’y aura pas de « grand remplacement » … à condition qu’il soit élu, car il mettra fin au « laxisme » de Macron. Il se vante d’avoir fermé la jungle de Calais et veut généraliser les opérations de police contre les camps de migrants, tout en supprimant l’accès des migrants à l’aide médicale d’État.
Michel Barnier prône, lui, un « moratoire sur l’immigration » (trois à cinq ans sans aucune entrée sur le territoire), la fin de l’aide médicale d’État et l’organisation d’un « référendum sur l’immigration ». On en redoute la question.
Philippe Juvin aussi approuve un tel « référendum », les quotas annuels, les demandes d’asile hors du territoire… Mais il cultive son originalité de médecin : le recours aux examens osseux pour savoir si un migrant est mineur ou pas. Et, comme il exige en plus la « rétention administrative fermée de tout mineur isolé », il n’y a aura aucun appel possible.
Mais que dit la gauche ?
Face à une telle escalade dans l’obscénité, il y a ceux qui accompagnent le mouvement. Manuel Valls, ancien Premier ministre de Hollande, publie une tribune dans Le Figaro sous le titre Immigration, tout repenser à partir de zéro. Il s’insurge contre ceux qui voudraient faire respecter les droits des migrants, alors que « des attentats sont aussi commis par des personnes issues de l’immigration qui ont développé une haine de la France ».
Arnaud Montebourg, lui aussi ex-ministre socialiste, propose de bloquer les transferts d’argent des migrants vers leur famille, tant que les pays d’origine « refusent de reprendre » les clandestins expulsés par l’État français. Une mesure si inique que presque toute la gauche a réagi. Zemmour aussi a réagi, mais pour le féliciter cette fois.
Silence d’Hidalgo, qui rappelle pourtant à la télévision son histoire familiale et l’exil depuis l’Espagne dans des conditions terribles.
Dans ce monde des politiciens dits « de gauche » combien de voix s’élèvent pour l’accueil des migrants ? Jadot et les Verts font exception, en demandant que soient accueillis « ces réfugiés qui sont en train de mourir ». Même si le candidat écologiste a tenu à se démarquer, sur les antennes de France 2, de son collègue d’EELV, Julien Bayou, qui parlait de régulariser tous les sans-papiers, en précisant qu’il n’était, lui, que pour le « cas par cas ».
Beaucoup d’autres ergotent, à l’image de Mélenchon. Interrogé sur France 3, il critique tant l’attitude du gouvernement biélorusse que le gouvernement polonais, puis il demande que personne ne soit abandonné à « mourir de froid », que l’on « s’occupe d’eux, là où ils se trouvent », donc en Biélorussie. Lui qui reprochait à Montebourg « une erreur cruelle d’interdire les transferts de salaires vers la famille au pays d’origine au nom des mauvaises actions des gouvernements », lui qui rappelle que « deux à trois mille personnes » ne font pas une crise migratoire, ne va pas jusqu’à accepter de faire entrer les migrants en question sur le territoire français, ou celui de l’Union européenne. « Au nom des mauvaises actions » des gouvernements biélorusses et polonais ?
La mort des 27 migrants à Calais pousse Olivier Faure, pour le Parti socialiste, à un sursaut d’humanité (en paroles) : « Un mort par pays de l’Union européenne, c’est dire la faiblesse de notre capacité d’accueil. » Mais il ajoute qu’il faudrait permettre « à ces gens de postuler à l’asile dans des conditions humaines et acceptables ». Postuler, ce n’est pas accepter.
27 novembre 2021 - P. H.
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Mots-clés : Migrants