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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 127, juin-juillet-août 2019 > Urgences hospitalières

Les urgences manquent de personnels ? Envoyez les flics !

Une nouveauté de ce début de mouvement des urgences, c’est la réquisition par la préfecture du personnel soignant en repos. L’ARS (l’Agence régionale de santé) prétexte le nombre de soignants en arrêt maladie, les accusant implicitement de contourner les assignations. Les conditions de ces réquisitions sont rocambolesques, et passent très mal auprès des personnels mobilisés. Ils ne manquent d’ailleurs pas de répondre que la politique de réduction d’effectifs à tous les étages est à l’origine des arrêts maladie… et du mouvement de grève ! Deux exemples dans des villes moyennes, symboles de l’élargissement et de l’enracinement de cette mobilisation.

À Chalon-sur-Saône, les grévistes n’ont pas froid aux yeux

Vendredi 24 mai à 19 heures, les équipes en poste sur le week-end ont appelé la cadre de nuit pour déclarer un arrêt de travail. L’ensemble des personnels en repos a refusé de venir pour remplacer ces arrêts. Après une première réunion de crise avec la direction qui n’aboutit à rien de satisfaisant aux yeux des grévistes, décision est prise de continuer l’action. La direction a tenté de faire venir les IADE (infirmiers anesthésistes) qui ont refusé de descendre du bloc pour tenir les urgences. L’ARS s’est alors tournée vers la Préfecture qui a lancé des réquisitions pour aller chercher les grévistes, jusqu’à un baptême ou à un anniversaire en famille. Le public s’est rangé du côté des grévistes, communiqués de presse à l’appui, pour montrer son soutien. Finalement, la direction est retournée négocier et a cédé sur la plupart des revendications locales !

À Lons-le-Saunier, une semaine catastrophique

En grève depuis le 20 mai, le service d’urgences doit faire face à la fermeture d’une des deux lignes de SMUR (Service mobile d’urgence et de réanimation), chargées d’amener les patients jusqu’à l’hôpital. Cette seconde équipe, c’est autour de 800 interventions par an, dont 40 en 2018 ont permis aux patients d’échapper à la mort. Même si l’activité du service des urgences a doublé depuis l’étude des chiffres motivant la suppression de la seconde équipe, la direction et l’ARS refusent de réétudier le dossier. Dans ce contexte déjà explosif, les personnels dénoncent ce qu’ils appellent «  l’hospitalisation brancard », c’est-à-dire l’impossibilité, du fait de l’absence de lits, de traiter les patients ailleurs que dans les couloirs, à même les brancards dans lesquels ils sont arrivés… un spectacle devenu courant dans bien des services d’urgences à travers le pays.

Et voilà que le 29 mai, dans un communiqué commun, l’ARS et la préfecture décrivent une « organisation spécifique pour garantir l’accès aux soins ». Il n’est évidemment pas question de répondre aux revendications des grévistes, mais plutôt de criminaliser leur action car il s’agit de « faire face à l’indisponibilité du personnel dans un contexte de mouvement social […] des médecins inscrits au planning et assignés […] s’étant déclarés en maladie ». Armés, entre autres, de ce beau communiqué, des flics ont débarqué dans la nuit pour forcer des médecins et des infirmières à tenir leur poste à 7 heures du matin !

Le vendredi 31, c’est une quarantaine de patients qui s’entassaient dans les couloirs du service. Cette prétendue « organisation spécifique » ne passera que par les effectifs supplémentaires revendiqués, alors que 3 200 heures supplémentaires (ni payées, ni récupérées) ont déjà été effectuées par le personnel. La réponse faite au communiqué scandaleux de l’ARS/préfecture indique le degré d’indignation des soignants mobilisés : « La direction de l’hôpital et l’ARS sont les initiateurs du mouvement social. Depuis des mois, l’équipe se bat pour le bien-être du patient. Et vous, vous venez terrifier les soignants en réquisitionnant le personnel en plein milieu de la nuit. » 

Philippe Caveglia

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