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Accueil > Les articles du site > À propos des vaccins contre le Covid-19 : La santé publique entre Big (...)

Le nécessaire contrôle démocratique de l’industrie pharmaceutique

Mis en ligne le 26 janvier 2021 Article Politique

Cette crise est avant tout symptomatique d’une faillite de la santé publique en général, notamment de la prévention et de la réduction des risques. C’est l’échec de la stratégie « tester, isoler, tracer », en raison du manque de moyens, notamment ceux alloués à la Sécurité sociale pour suivre les patients et les cas contacts, des mesures policières, de la défiance du gouvernement envers la population, enfin de l’absence de prise en compte des réalités sociales.

Le manque dramatique de moyens à l’hôpital est également en cause, et les conséquences sont catastrophiques. Pour n’évoquer que les problèmes qui se rattachent à la pandémie, le manque de lits en réanimation, et surtout de personnel hospitalier, se font ressentir, tandis que la moindre absence de personnel est catastrophique.

La menace de la pandémie, pourtant pointée du doigt dès janvier dans les revues médicales, n’a pas été prise au sérieux et aucune mesure n’a été prise par anticipation. Il ne fallait surtout pas arrêter la production – la machine à profits – et il ne fallait surtout rien dépenser pour la santé publique, car c’est autant qui ne revient pas directement aux capitalistes.

Les vaccins contre le Covid-19, même efficaces, ne suffiront pas à stopper rapidement la pandémie. Évidemment, il faut aussi développer des traitements pour soigner les malades. Mais, à long terme, même en développant plus rapidement des vaccins, restent de nouvelles maladies infectieuses à venir. En ce domaine aussi, la prévention est bien plus efficace que la réaction a posteriori. Ainsi, c’est toute l’organisation de la société capitaliste qu’il faut changer : ici en mettant fin à l’élevage industriel, qui crée de véritables réservoirs de maladies, et en mettant fin à la déforestation massive, qui met en contact les sociétés humaines avec des espèces sauvages porteuses de maladies qui peuvent se transmettre à l’espèce humaine.

Revenir à la « normale » ?

Ces vaccins semblent être pour Macron, pour la classe dirigeante, un moyen de revenir « à la normale », de ne rien changer fondamentalement. Or, il faut être un capitaliste pour rêver à leur monde productif qui pour nous est un monde de travail, de consommation, de chômage, de pauvreté, de destruction de l’environnement. Ce que veut la majorité de la population, c’est avant tout retrouver une vie sociale normale et même, si possible, nettement améliorée. D’autant que se retrouver dans un bar permet non seulement de partager un moment convivial et sympathique, mais aussi de discuter politique, de refaire le monde et de s’organiser.

La logique capitaliste, la recherche du profit, pèse fortement sur la recherche scientifique et la production médicale, dont elle freine et oriente la production et la recherche pour ses propres intérêts. Et ce, à tel point que beaucoup se sont interrogés sur le degré de confiance à accorder aux études menées par l’industrie pharmaceutique pour les nouveaux traitements en général, et pour les nouveaux vaccins en particulier.

La réponse : pas « moins de science », mais « plus de science et mieux »

En premier lieu, s’il n’y a pas de garantie absolue, la réponse n’est pas « moins de science », c’est-à-dire rejeter la méthode scientifique, mais, au contraire, « plus de science, et mieux ». Pour le dire autrement, la défense des principes scientifiques, en particulier la transparence et la reproductibilité des études est, à cet égard, fondamentale. Ce qui signifie qu’il faut davantage de moyens dans la recherche : une recherche qui soit indépendante et puisse mener des projets à long terme et, partant, qui ne soit plus utilisée pour le profit mais pour l’intérêt de tous et de chacun. Une démocratisation aussi, avec des résultats transparents et accessibles, avec la promotion d’une véritable culture scientifique pour tous. Dans le cas précis de ces vaccins, les études cliniques ont été largement publiées et commentées dans la presse scientifique, ce qui offre tout de même une certaine garantie.

Comment pourrait s’exercer un tel contrôle démocratique ?

De fait, il s’agit du contrôle de tous ceux qui sont impliqués dans la recherche, l’information, la transparence et la publication des résultats scientifiques, la production. Autrement dit, cela supposerait le concours des ouvriers sur les chaînes de production, des techniciens de laboratoire, des biologistes, des ingénieurs, des chercheurs, sans oublier les associations de malades, qui, par le passé, ont pu jouer un grand rôle pour pousser l’État à agir contre le Sida, comme ce fut le cas pour Act-up.

De même, actuellement, le secret des affaires interdit aux salariés de rendre publiques les informations à leur disposition. Les chercheurs, les laborantins, les ouvriers de fabrication, les transporteurs, les infirmières et les médecins doivent pouvoir dénoncer les dysfonctionnements dont ils sont témoins, sans pression et sans risquer d’être licenciés. Il faut donc aussi interdire les licenciements. Mesure qui sera également bénéfique pour les salariés des autres secteurs.

Enfin, il faut évidemment des moyens massifs pour la santé publique : des lits supplémentaires, mais aussi, et surtout, des soignants, des soignantes, du personnel hospitalier, bien payé, ce qui est évidemment vrai pour les autres secteurs. Ce ne serait d’ailleurs que justice : la pandémie a montré, s’il le fallait, à quel point ce sont ces « petites mains », les fameuses « premières et deuxièmes lignes », qui sont les plus mal payées, mais sont en réalité essentielles au bon fonctionnement de la société.

Autant de choses qui ne seraient pour nous que la préfiguration d’une société où la production, dans tous les secteurs, ne serait pas conditionnée aux intérêts de la classe capitaliste, mais aux besoins de la société. Société qui aurait véritablement les moyens de faire face aux pandémies à venir…. et pas seulement !

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