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Politique agricole commune européenne (PAC) 2021-2027

La transition agroécologique ? On oublie !

16 mars 2020 Article Politique

Une équipe de journalistes du New-York Times a passé le budget européen de la PAC à la loupe [1]… Conclusion publiée en décembre 2019 : la politique agricole commune (PAC) européenne est « un système de subventions délibérément opaque, faussé par la corruption et le conflit d’intérêts, et qui sape complètement les objectifs environnementaux de l’Union ».

La PAC, c’est d’abord l’un des systèmes de subventions les plus importants au monde. En 2018, elle a distribué quelque 60 milliards d’euros aux exploitants des États membres. En 2009, le montant total distribué au titre de la PAC s’élevait à 10,4 milliards d’euros, la publication de la liste des principaux bénéficiaires montrait que parmi eux ne figurait aucun agriculteur, mais des industriels comme le volailler Doux, la famille royale d’Angleterre, le groupe de luxe LVMH avec le cognac Henessy ou le prince de Monaco. Aujourd’hui, beaucoup de grosses exploitations se trouvent dans l’ancienne Europe de l’Est, en République tchèque, en Hongrie ou en Roumanie, où les kolkhozes se sont transformés en exploitations géantes et très compétitives : « les subventions agricoles européennes sont utilisées pour soutenir les oligarchies locales et produisent la version moderne d’un système féodal corrompu. »

En janvier 2019, la Cour des comptes a tiré un bilan lucide du caractère « inéquitable » des aides versées en France entre 2008 et 2015.

Comme l’explique la Confédération paysanne : « La répartition des aides PAC favorise l’industrialisation de l’agriculture. Le diagnostic national montre que les fermes continuent de s’agrandir, de s’intensifier et se spécialiser, alors que les plus petites, qui sont les plus bénéfiques pour l’environnement et produisent le plus de valeur ajoutée à l’hectare sont les moins aidées ».

La PAC est organisée en deux piliers. Le premier, le plus important, repose sur les aides directes versées en fonction du nombre d’hectares exploités par l’agriculteur. Il favorise donc les fermes les plus grandes. Le second – qui soutient notamment les mesures de préservation de l’environnement à la campagne – est versé une fois que l’enveloppe du premier a été connue.

Le Conseil européen propose pour la PAC 2021-2027 un budget en baisse de 14 %, avec une baisse de 25 % du deuxième pilier dédié à la transition écologique ; et il plafonne l’aide de base à 100 000 € (de quoi subventionner les grandes exploitations) au lieu des 45 000 € demandés par la Confédération paysanne. Rien pour sortir de l’industrialisation de la production agricole !

Récemment, plus de 3600 chercheurs ont déclaré [2] que si la PAC était bien le moteur politique d’un modèle agricole, principal responsable des dégâts environnementaux et climatiques en Europe, les annonces de la nouvelle mouture n’annoncent rien de bon. À quand une « PAC anticapitaliste » qui régule le marché et la production, qui assure un prix juste et stable aux paysans, qui permette d’installer et de maintenir des paysans qui auraient les moyens de produire une alimentation saine et respectueuse des territoires ? Il y a urgence !

E. M.


[1The Money Farmers : How Oligarchs and Populists Milk the E.U. for Millions, The New York Times, 3 novembre 2019

[2Action needed for the EU Common Agricultural Policy to address sustainability challenges, People and Nature, 8 mars 2020 - https://doi.org/10.1002/pan3.10080

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